Les Facebook juniors

Offert par Les Affaires


Édition du 08 Octobre 2016

Les Facebook juniors

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Édition du 08 Octobre 2016

[Photo : Bloomberg]

Facebook(Nasdaq, FB) est-il le meilleur réseau social dans lequel investir ? La question nous est venue à l'esprit, il y a quelques jours, en examinant une récente analyse de Loop Capital Markets sur le géant Internet.

En fin d'analyse, un tableau permettait de voir les cours, les multiples et les prévisions de bénéfices de différentes sociétés exploitant des réseaux sociaux, la plupart inconnues au bataillon.

L'intérêt ? Un constat inattendu. Si les prévisions se réalisent, que les consensus de cette année et de l'an prochain sont atteints, certaines de ces sociétés pourraient avoir un potentiel boursier supérieur à celui de Facebook.

Le pourquoi un peu plus bas, mais d'abord quelques mots sur Facebook.

Le potentiel de Facebook

La société se négocie actuellement à 33 fois le bénéfice par action prévu pour 2016 et à 25,5 fois celui anticipé pour 2017.

À première vue, cela peut sembler d'énormes multiples, mais ce n'est pas si mal si l'on considère que le bénéfice devrait progresser de 73 % cette année et de 30 % l'an prochain. Ajoutez deux années de croissance des bénéfices à 20 % en 2018 et en 2019 (ce qui est raisonnable dans le cas de Facebook), laissez le cours du titre inchangé, et vous vous retrouverez dans une situation où il ne s'échangera plus qu'à 17 fois. Un multiple à peine plus élevé que la moyenne historique de 15 du marché. Surtout, un intéressant signal d'achat si l'on croit que l'économie se maintiendra au cours de cette période, car il est probable que pour plusieurs années encore la croissance des bénéfices de Facebook sera supérieure à celle du marché en général.

Il faut être dans l'industrie des médias pour voir les dommages que cause l'entreprise. Elle n'a pas à investir dans les contenus et peut concentrer tout son argent dans la technologie. Cela lui permet de mieux connaître ses usagers et d'offrir un meilleur rendement de l'investissement publicitaire. Les pauvres médias, qui doivent à la fois investir dans le contenu et la technologie, et dont la portée est bien souvent locale, n'ont pas suffisamment de capacité financière.

Les Facebook juniors

Comme on l'indiquait précédemment, il y a peut-être mieux. MeetMe (MEET, 6,21 $ US) se négocie par exemple à 13 fois le bénéfice par action prévu par Loop Capital en 2016 et à 10 fois celui anticipé de 2017. Et ce, pour des progressions de bénéfices de 86 % et 45 %. Les chiffres montrent nettement que si la cible de 2017 est atteinte, le titre aura progressé significativement à ce moment. Il serait en effet surprenant que la valeur d'une société dont les bénéfices grimpent aussi exponentiellement reste à 10 fois ces bénéfices (nettement sous le multiple moyen du marché).

Le constat nous a amené à regarder de plus près ce qu'on pourrait appeler les Facebook juniors. Il ne s'agit surtout pas de recommandations. Ces sociétés existent, et leurs bénéfices sont réputés avoir un bon potentiel de croissance dans les prochaines années. Il n'est pas dit que cette croissance sera au rendez-vous, leur bilan est généralement plus fragile, et les titres pourraient reculer si les résultats sont décevants.

MeetMe (MEET, 6,21 $ US)

En parlant du loup... Il s'agit en fait d'un réseau social de rencontres qui s'adresse aux 18-30 ans. L'entreprise continue d'augmenter sa base d'utilisateurs, qui a crû de 15 % au deuxième trimestre (à 1,22 million quotidiennement) et de 32 % mensuellement (à 4,8 M).

La hausse provient d'améliorations des fonctionnalités, ce qui a notamment amené plus de gens dans les chats. La publicité, principale source de revenus, est aussi désormais mieux ciblée, ce qui permet d'élever les prix.

La cible moyenne un an est à 8,90 $ US.

Match Group (MTCH, 17,67 $ US)

Une société de réseaux sociaux de rencontres, cette fois davantage de type amoureuses. La société exploite trois des cinq sites les plus populaires du monde, dont Tinder, l'application mobile la plus téléchargée.

En fait, toute la croissance potentielle gravite essentiellement autour de Tinder. L'application mise sur la publicité, mais surtout sur des revenus d'abonnements et la tarification de différents services. L'une des nouvelles trouvailles : les Super Like qui peuvent être achetés à 1 $ chacun et signifier à plus de cinq prétendants par jour que son profil est intéressant.

Le site aurait peu de chances de remporter un concours de moralité. Il semble en partie construit pour encourager les rencontres d'un soir... Malgré tout, la prévision de croissance du bénéfice est de 28 % en 2017, et le multiple, à 17 fois.

La cible moyenne est à 17 $ US.

Weibo (WB, 51,54 $ US)

On n'est pas sûr de saisir à 100 % le modèle d'exploitation de ce site, simplement parce qu'il vise la communauté chinoise et est en mandarin (pas facile de suivre avec un traducteur Internet). Il table cependant sur des leaders d'opinion (issus du vedettariat ou du grand public) qui bâtissent des auditoires et peuvent faire de l'argent. Entre autres, en intégrant de la publicité à l'intérieur de leurs entrées (traditionnelles ou vidéo).

Le nombre d'usagers mensuels a bondi de 33 % en juin par rapport à l'an dernier et atteint maintenant 282 millions de personnes, ce qui n'est pas très loin de Twitter.

Le titre est à 46 fois le consensus de 2017, mais le marché attend, pour le même exercice, une croissance du bénéfice de 65 % et une avancée de 50,5 % en 2018. Cela placerait néanmoins toujours le titre à 30 fois les bénéfices en 2018.

Le risque est plus grand ici, le titre ayant pratiquement doublé dans les deux derniers mois. Ce n'est pas pour rien que la cible moyenne est à 45 $ US.

Momo (MOMO, 23,06 $ US)

Une dernière société. Un réseau social sur application mobile qui mise surtout sur la création de groupes locaux ou ayant des intérêts communs. Le réseau, qui compte 75 millions d'usagers, principalement chinois, offre aussi de la musique. Beaucoup d'espoirs sont fondés sur la récente arrivée d'une plateforme de diffusion de vidéos en direct.

Le prix de la publicité est apparemment significativement plus bas que chez le concurrent Weibo, ce qui laisse de la latitude pour augmenter les tarifs.

Le titre est à 27 fois le bénéfice de 2017, mais le consensus des analystes voit sa rentabilité progresser de plus de 80 % cette année-là et faire un pas supplémentaire de 45 % lors de l'exercice suivant. Cela ne placerait le multiple qu'à 18 fois le bénéfice.

La cible moyenne est à 28,50 $ US.

Les recommandations des analystes qui suivent le titre de MeetMe (MEET, 6,21 $ US)

→ 2 Surperformance

→ 3 Acheter

Cours cible : 8,90 $ US

Les recommandations des analystes qui suivent le titre de MatchGroup (MTCH, 17,67 $ US)

3 Conserver

6 Acheter

5 Surperformance

1 Sous-performance

Cours cible : 17 $ US

Source : Thomson Reuters

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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