Le retour du jeans à pattes larges

Offert par Les Affaires


Édition du 11 Janvier 2014

Le retour du jeans à pattes larges

Offert par Les Affaires


Édition du 11 Janvier 2014

Le jeans à pattes larges est-il sur le point de redevenir tendance chez les femmes ?

Vous pouvez sourire, mais c'est une intéressante question avec laquelle certains analystes jonglent actuellement sur le marché.

Il faut remonter à 2006 pour retrouver un changement de dimension dans la mode des pantalons. À cette époque, la jambe élancée avait été adoptée par l'industrie de la mode et le consommateur. S'en était suivi un puissant remaniement de garde-robe chez la gent féminine.

Non, il ne s'agit pas de miser sur le cours du denim en pariant que plus de matériel sera nécessaire. Ni de se lancer dans une recherche de manufacturiers de pantalons.

Dixit l'analyste Camilo Lyon, de Canaccord Genuity, mieux vaut plutôt porter attention aux fabricants de... chaussures ! En 2006, l'émergence du pantalon à jambe étroite avait amené des millions de femmes à repenser leurs chaussures, ce qui avait secoué la demande pour des talons plus hauts et étroits.

Les détaillants de chaussures DSW (Nasdaq, DSW, 42,59 $ US) et Steve Madden (Nasdaq, SHOO, 35,65 $ US) avaient la même année vu leur titre bondir de 47 % et 85 %, respectivement. Avec des pantalons à jambes un peu plus larges (on ne parle pas du style éléphant), les talons des chaussures devraient baisser et prendre un peu plus de volume.

L'analyste ne dit pas que le jeans élancé est sur le point de disparaître des étalages, mais il estime que la nouvelle tendance pourrait quand même mousser les ventes de souliers.

Qu'en penser ? On a mené un petit sondage interne auprès d'un échantillon du personnel féminin de Les Affaires.

Des 24 personnes interrogées, 15 disent qu'elles suivraient la mode si le pantalon devenait un peu plus large, et 13 affirment qu'elles achèteraient en conséquence de nouvelles chaussures.

Le signal est bon. Plus de 60 % suivent la mode, et plus de 50 % sont prêtes à la suivre dans ses ramifications.

Reste la question fondamentale : le pantalon obtiendra-t-il une réponse assez forte pour être à la mode ?

Il semble que quelques détaillants de chaussures ont déjà planifié dans leurs stocks des souliers adaptés aux nouveaux pantalons (c'est le cas de Steve Madden). Si le nouveau pantalon ne prend pas, il y a un risque que le détaillant doive faire face à des radiations et que sa rentabilité soit touchée.

Notre consoeur Diane Bérard, qui s'y connaît en matière de mode et d'industrie de la mode, estime qu'il est écrit dans le ciel qu'on finira par revenir à un pantalon un peu plus large. Tout cela n'est qu'une question de cycle, explique-t-elle.

Quelque chose nous dit que Diane a raison. Et que si le phénomène ne se produit pas cette année, il reviendra tôt ou tard. Qui détiendra des actions à ce moment dans un détaillant de chaussures, bénéficiera d'une certaine poussée.

Une autre tendance : les OGM

La tendance «jeans» n'est pas la seule que surveille Canaccord Genuity.

Une autre pourrait prendre de l'ampleur en cours d'année : l'anti-OGM.

En 2013, le débat sur les organismes génétiquement modifiés s'est accéléré après que les États de la Californie et de Washington eurent examiné la possibilité de forcer l'étiquetage obligatoire.

Les propositions ont été battues par une faible majorité (52 % en Californie et 51 % à Washington), dit l'analyste Scott Van Winkle, mais l'attention médiatique s'est élevée. Cette tendance s'intensifiera en 2014, prédit l'analyste, parce que 18 autres États américains ont des propositions similaires dans la machine législative. C'est le cas du Maine, du Massachusetts, du New Jersey, de New York et du Vermont. Une attention média qui augmente devrait être bonne pour les producteurs d'aliments qui ne sont pas génétiquement modifiés, mais surtout susciter un intérêt accru des consommateurs pour les détaillants qui focalisent sur les produits naturels.

Une bonne nouvelle pour le plus important détaillant de produits d'épicerie naturels du monde, Whole Foods Markets (Nasdaq, WFM, 54,30 $ US). Tout comme pour de plus petits acteurs, qui se multiplient et qui sont nettement mieux capitalisés. Dans les deux dernières années, Fairway Group (Nasdaq, FWM, 17,74 $ US), Natural Grocers by Vitamin Cottage (Nasdaq, NGVC, 42,04 $ US) et The Fresh Market (Nasdaq, TFM, 39,23 $ US) ont fait leur entrée en Bourse.

Temps de mettre le pactole dans les épiceries de produits naturels ?

C'est difficile à dire. Avec les nouvelles arrivées en Bourse, l'offre risque d'augmenter plus vite que la demande.

Le titre de Whole Foods se négocie actuellement en outre à plus de 33 fois le bénéfice prévu dans neuf mois (fin d'exercice 2014 en septembre) et 28 fois celui de l'exercice suivant. C'est un ratio élevé.

Les ratios des titres de Fairway et Vitamin sont encore plus élevés. Seul celui de The Fresh Market semble intéressant. Il est à 23 fois le bénéfice prévu des 12 prochains mois, mais les derniers résultats ont laissé les analystes plus incertains.

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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