Le dangereux jeu de cache-cache de Bombardier

Publié le 23/07/2014 à 20:20

Le dangereux jeu de cache-cache de Bombardier

Publié le 23/07/2014 à 20:20

Pierre Beaudoin, PDG de Bombardier. Photo: Bloomberg

Bombardier y va d'une nouvelle coupe. Cette fois, au moins 1800 postes seront éliminés chez Bombardier Aéronautique. Voulait-on vraiment vous le dire? Rarement aura-t-on eu autant de difficultés à voir clair dans une annonce.

16h, l'annonce de la réorganisation tombe sur les fils de presse.

À ce moment, la nouvelle est essentiellement ce qui suit:

1-Bombardier se réorganise et Guy Hachey, le grand patron de l'aéronautique, part à la retraite.

2-Une nouvelle division est créée afin de tenter de vendre plus de pièces d'avions modernes à d'autres sociétés aériennes.

On comprend du communiqué que les divisions des jets régionaux et des avions d'affaires continueront d'être dirigées par les mêmes personnes, mais que ces dernières répondront désormais directement de Pierre Beaudoin plutôt que de monsieur Hachey. On comprend aussi qu'il y aura un peu d'attrition, mais sans plus.

Coup de fil à l'entreprise donc pour tenter d'en savoir plus long sur le départ de monsieur Hachey et ce que fera exactement cette nouvelle division.

SUIVRE SUR TWITTER: F_POULIOT

L'explication est que monsieur Hachey quitte parce que la structure qu'il occupe est abolie. Il y a aussi quelques informations sur la nouvelle division, mais ce n'est pas limpide. L'entreprise va aux infos pour nous fournir un peu plus de détails.

Bombardier rappelle avec les détails, la conversation s'engage alors de façon anodine sur l'importance de "l'étage de monsieur Hachey" et les économies qui pourront être tirées de son abolition.

Aucune réponse quant aux économies, mais on parle soudain "d'une réduction de 15% des fonctions indirectes dans l'aéronautique" (ressources humaines, communications, finances, etc).

Fin de la conversation.

Le chroniqueur infère que cette réduction fait partie des coupes déjà annoncées en janvier. Mais le doute s'installe. Nouveau coup de fil chez Bombardier.

-Est-ce que ces coupes auxquelles vous venez de faire allusion sont à l'intérieur des coupes de 1700 postes (dont 1100 à Montréal) ou s'ajoutent-elles?

-Elles s'ajoutent.

-Ah oui?!!? Mais pourquoi ne pas l'avoir écrit dans le communiqué? C'est combien d'économies?

-On ne l'a pas écrit dans le communiqué, mais je vous le dis verbalement. Quant aux économies, nous ne les avons pas.

Quelques minutes plus tard, La Presse Canadienne lance une dépêche qui parle de la suppression de 1800 emplois, soit 4,8% de l'effectif total à travers le monde.

Nouvel appel chez Bombardier, qui confirme le chiffre.

Que tirer de l'histoire?

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

Blogues similaires

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?