L'action de Twitter serait-elle sur le point de casser?

Publié le 30/04/2014 à 16:37

L'action de Twitter serait-elle sur le point de casser?

Publié le 30/04/2014 à 16:37

"@moncourtier: vendre Twitter", écrivait-on, au début du mois de novembre, alors que la société faisait une fracassante entrée en bourse, son titre passant de 26$ US à près de 45$ US.

Près de six mois plus tard, l'action gazouillait toujours cette semaine autour du même niveau, et avait même fait une pointe à plus de 70$ US, histoire d'humilier encore une fois le prophète.

Jusqu'à ce mercredi.

Au lendemain des résultats du premier trimestre, le titre de la société a plongé de 10%, et se négocie maintenant à 38,75$ US.

Le prix a baissé, temps de profiter du recul pour prendre une position?

C'est toujours difficile à dire, mais on s'en garderait bien.

La difficulté avec Twitter est justement que son modèle d'affaires est prometteur. Tout le monde voit son énorme potentiel. Et tous sont prêts à acheter des bénéfices loin dans l'avenir.

Le titre se négocie autour de 80 fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements (BAIIA) prévu pour cette année, et à plus de 40 fois celui de 2015. À titre de comparaison, dans la plupart des industries, on trouvera que vous payez pas mal cher lorsque vous achetez quelque chose à 10-12 fois le BAIIA à venir.

Qui dit forts multiples, dit aussi risque élevé de correction à la première incertitude qui se présente.

Les résultats de Twitter au premier trimestre ont été très bons. Au plan financier, ils ont battu les attentes, grâce notamment à un prix publicitaire par écran d'affichage qui a bondi de 75% par rapport au quatrième trimestre 2013 (à 1,44$ US du 1000). Ce bond est une assez intéressante indication que les annonceurs répondent bien à l'offre publicitaire et y trouve un bon rendement sur l'investissement.

L'entreprise a cependant manqué les attentes au chapitre du nombre d'utilisateurs moyen par mois. Les analystes en attendaient 257 millions, il y en a eu 255 millions. Comment un ratage de cible de moins de 1% peut-il déclencher une telle liquidation? Ce n'est même pas l'amorce d'une incertitude, direz-vous.

Deux choses, à notre avis.

Depuis 2013, le nombre d'usagers moyen a en moyenne augmenté de 14 millions par trimestre. Sauf au quatrième, où le gain n'avait été que de 9 millions, faiblesse qui avait fait décrocher le titre du niveau des 65$ où il avait envie de s'installer.

Au premier trimestre, on est revenu à un ajout de 14 millions d'usagers. La loi des nombres et des tendances commence cependant à laisser croire que ce 14 millions d'ajouts par trimestre, ou 56 millions par année, sera difficile à battre au fur et à mesure que le temps avancera. Après tout, Twitter commence à être bien connu partout sur la planète. Or, un coup d'œil sur les anticipations de Cantor Fitzgerald - une firme pas particulièrement optimiste, qui est à "conserver" sur le titre, avec une cible à 40$ US – fait voir ce qui suit comme anticipations d'ajouts: 2015: 57 millions, 2016: 61 millions, 2017:65 millions, 2018: 68 millions, 2019: 70 millions.

Va pour 2015, mais pour les autres, ça semble nettement optimiste. Malheureusement, le bénéfice qu'achète le marché ne se situe pas l'an prochain, mais dans les suivantes. Le doute semble à juste titre avoir augmenté chez certains investisseurs quant à la probabilité de matérialisation des hypothèses sur lesquelles ils tablaient.

L'autre élément responsable de la liquidation se situe sans doute dans la libération prochaine d'actions qui étaient jusqu'ici sous interdiction de vente. La libération est prévue pour le 5 mai, et leur nombre représente 80% de toutes les actions en circulation.

Dans le contexte dubitatif actuel, et avec l'important profit potentiel encaissable (l'action est passée de 26$ à plus de 38$ US, soit un rendement de plus de 45%), il est plutôt audacieux de placer, ces jours-ci, un ordre d'achat…

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À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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