François Pouliot: vente parcellaire de BAA, quel impact pour la Caisse?

Publié le 27/10/2010 à 09:18, mis à jour le 27/10/2010 à 09:03

François Pouliot: vente parcellaire de BAA, quel impact pour la Caisse?

Publié le 27/10/2010 à 09:18, mis à jour le 27/10/2010 à 09:03

Analyse. Ferrovial met en vente un intérêt de 10% dans British Airport Authority, l'un des plus importants investissements de l'histoire de la Caisse de dépôt et placement. Qu'est-ce à dire pour la Caisse?

Cet investissement de plus de 2,4 G$ CAN de l'institution québécoise dans les aéroports de Grande-Bretagne (dont Heathrow) a fait couler beaucoup d'encre depuis sa réalisation, au printemps 2006.

Partenaire à 21,2% avec le constructeur espagnol Ferrovial (56%), le gouvernement de Singapour (17,5%) et le fonds mondial Alinda (5,3%), la Caisse a dû à quelques reprises prendre des dévaluations sur son investissement.

Les derniers mois

On ignore quelle valeur elle lui accorde maintenant. Elle doit cependant respirer un peu plus librement.

À la fin de 2009, la Caisse avait dû remettre 45 M$ dans l'aventure afin de faciliter le refinancement d'une tranche de dette de 1,6 G$ CAN qui venait à échéance. Les nouveaux bailleurs de fonds trouvaient BAA trop endettée et demandait à chacun des actionnaires de remettre de l'argent.

La situation n'avait pas été sans soulever certaines inquiétudes, alors qu'une autre tranche de dette, cette fois de 2,6 G$ CAN, restait à l'agenda pour avril 2011. Des maisons d'investissement calculaient que la Caisse pourrait à ce moment devoir remettre entre 140 et 240 M$ pour préserver son intérêt.

Ce n'aurait pas été péché que de soutenir une autre fois son investissement alors que sa valeur est au plancher, mais plusieurs dans le public auraient sans doute mal accueilli la nouvelle (traduction: un vrai siphon financier…).

Heureusement, les choses ont mieux évolué que ce qui était anticipé.

Des astres bien alignés

Fin juillet, le gouvernement britannique est venu clarifier sa position sur un projet de réglementation qui pesait sur la valeur des aéroports. Exit la possibilité d'une administration spéciale en cas d'insolvabilité (qui aurait pu statuer dans l'intérêt des clients plutôt que des créanciers…). Exit aussi la possible imposition de restrictions quant à des actifs donnés en garantie.

En parallèle, le Retail Price Index (indice des prix à la consommation d'Angleterre) est parti à la hausse: +5% au mois d'août. Cet indice sert notamment à fixer les tarifs que peuvent exiger les aéroports Heathrow et Stansted sur certains services aériens.

Surtout, le marché obligataire s'est de beaucoup amélioré et s'est soudainement montré plus ouvert au risque. Il suffit de voir le nombre de sociétés qui se sont refinancées un peu partout dans le monde ces dernières semaines.

Si bien que le financement pour la tranche de dette échéant en avril 2011 est depuis peu attaché. Il n'y a maintenant plus d'enjeu de refinancement avant 2013.

C'est en bonne partie pour cela que Ferrovial choisit le moment pour tenter d'obtenir un bon prix et abaisser sa dette.

Quel impact pour la Caisse?

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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