François Pouliot: prix de l'essence, a-t-on encore besoin des indépendants?

Publié le 08/02/2011 à 09:12, mis à jour le 08/02/2011 à 09:11

François Pouliot: prix de l'essence, a-t-on encore besoin des indépendants?

Publié le 08/02/2011 à 09:12, mis à jour le 08/02/2011 à 09:11

La concurrence ne joue pas comme elle devrait à Montréal et Québec dans le marché de l'essence. Photo : Bloomberg

La scène se passe samedi matin, boulevard La Vérendrye, à Montréal, alors que l'on croise une station Sonic et une station Shell. Prix affiché chez Sonic: 1,184$ le litre; prix affiché chez Shell: 1,204$.

"Tiens, tiens, en voilà un qui vient de comprendre qu'il était aussi bien de jouer son rôle…".

Sonic est une bannière indépendante au Québec. Elle bénéficie de la protection de la loi, qui fixe un prix plancher sous lequel l'essence ne peut descendre. La mesure vise à éviter la disparition des indépendants, ce qui permettrait ensuite à l'oligopole pétrolier de pousser les prix à un plus haut niveau.

Problème toutefois, la concurrence ne joue pas comme elle devrait à Montréal et Québec, est venu dire vendredi dernier le CAA Québec. Son étude révèle que les marges bénéficiaires ont été significativement plus élevées dans les deux plus importants marchés de la province que dans beaucoup d'autres régions. Une anomalie, dit l'organisme, puisque la concurrence est supposée être plus forte dans les deux grands centres que dans les régions.

Une anomalie, qui déclenche cette question: pourquoi continuerait-on de protéger les indépendants de Québec et Montréal avec une clause de prix plancher, alors qu'ils ne font que suivre les hausses de prix?

C'est ce que pourrait bien aussi s'être dite la ministre Nathalie Normandeau, avec sa décision, vendredi dernier, de demander à la Régie de l'énergie de regarder à nouveau la situation du prix de l'essence au Québec.

Tous n'ont pas compris

Et c'est pour cette raison qu'on disait de Sonic, en début de chronique, qu'elle avait bien compris qu'il valait mieux jouer son rôle et faire baisser les prix…

Malheureusement pour les indépendants, toute la confrérie ne semble pas avoir réalisé que la température de la cuisine a soudainement grimpé ces derniers jours, et que les protections consenties ne sont peut-être pas si acquises.

Quelques minutes plus tard en effet, à Saint-Basile-le-Grand, voici quel était le prix du litre chez deux Couche-Tard: 1,22$. Et voici celui d'un Esso pas très loin: 1,214$. Eh oui, en plus d'être très éloignée du 1,184 $ de sa consoeur Sonic, l'indépendante, qui doit normalement faire baisser les prix, vendait à plus cher que la méchante pétrolière intégrée.

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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