François Pouliot: Les États-Unis jouent leur dernière carte

Publié le 19/10/2010 à 09:41, mis à jour le 19/10/2010 à 11:35

François Pouliot: Les États-Unis jouent leur dernière carte

Publié le 19/10/2010 à 09:41, mis à jour le 19/10/2010 à 11:35

Le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Ben Bernanke. Photo : Bloomberg

Analyse. Poursuivra ou pas son avancée, l'économie américaine? Après avoir ramené les taux d'intérêts à leur plus bas niveau de l'histoire, engagé loin dans le rouge plusieurs budgets à venir, et porter leur dette à un préoccupant niveau, les États-Unis s'apprêtent à jouer leur dernière carte.

Ben Bernanke a été clair vendredi en indiquant que la FED "pourrait" y aller d'un nouveau processus d'assouplissement monétaire. Il a dit "pourrait", elle devrait y aller dès le début novembre d'un premier geste d'assouplissement quantitatif.

Qu'est-ce à dire et pourquoi?

Qu'est-ce que cela, l'assouplissement quantitatif?

C'est lorsqu'une banque centrale décide de faire tourner ses presses électroniques, crée de l'argent et achète des centaines de milliards de dettes du gouvernement.

Pourquoi y aller ainsi?

Parce que l'économie américaine donne des signes inquiétants de ralentissement. On vous en parlait il y a à peine un mois (re: chronique Apocalypse en vue?). Après avoir connu une forte progression au premier trimestre, la croissance du PIB américain a fortement diminué au second, passant de 3,7% à 1,7%. Des analystes croient maintenant qu'elle pourrait avoir décéléré à 1,2% au troisième trimestre.

Le taux de chômage se maintient à 9,6%, et on ne voit pas réellement de catalyseurs en vue. En fait, la déflation, ce monstre honni qui se nourrit de baisses de salaires et fait reculer les valeurs, menace de se pointer. En 29, lorsqu'elle avait frappé, le PIB avait reculé du tiers et la bourse de 90%. Le Japon n'a pas lui non plus récupéré de son passage dans les années 90, avec un indice Nikkei toujours inférieur de 70% à son sommet.

Nous sommes très loin de pareils cataclysmes, mais la FED semble juger préférable de ne pas laisser les choses se dégrader.

Le pari

Le pari est que dans les semaines et mois à venir, comme la demande augmentera pour les obligations, leur taux d'intérêt baissera. Ce faisant, les entreprises et les particuliers pourront se financer encore à meilleur prix qu'ils ne le faisaient jusqu'à maintenant.

Le pari est aussi que le dollar américain baissera (les taux étant moins intéressants), ce qui favorisera les exportations américaines.

Il est enfin que les investisseurs seront si découragés d'un tel environnement de taux, qu'ils alloueront plus de capital aux actions, ce qui fera gonfler les indices. Les entreprises et les particuliers se sentant plus riches se mettront alors à dépenser.

De quelle ampleur sera l'intervention?

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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