François Pouliot: la mystérieuse vente de BPR

Publié le 06/10/2010 à 20:16, mis à jour le 08/10/2010 à 14:58

François Pouliot: la mystérieuse vente de BPR

Publié le 06/10/2010 à 20:16, mis à jour le 08/10/2010 à 14:58

Alors qu'on l'appelait pour lui demander combien d'emplois pourraient être perdus, le voilà plutôt qui annonce que les 2000 emplois directs et indirects (1600 directs) actuellement rattachés à BPR, devraient grimper à 3000 sur l'horizon 2013. Et être presque tous québécois.

Depuis longtemps BPR cherchait un partenaire complémentaire aux États-Unis pour percer plus à fond le marché dans ses compétences spécialisées (environnement, eau et énergie). Malheureusement, difficile pour elle d'avoir un bureau dans chaque ville ou région où elle voulait soumissionner. Elle pourra désormais s'appuyer sur les 285 bureaux mondiaux de Tetra Tech pour fournir ses services.

Beauté de la transaction, à part dans le nucléaire, il n'y a presque pas de redondances, affirme le président. Tetra Tech fait de l'éolien, BPR des barrages hydro-électriques; Tetra Tech fait du minier, BPR fait du métallurgique (l'étape suivante); Tetra Tech fait dans les systèmes de filtration d'eau, BPR fait dans l'assainissement des eaux, et ainsi de suite.

En se servant du réseau de bureaux et des développeurs de marché de Tetra, la compagnie – qui continuera d'évoluer partout sous le nom de BPR – espère pouvoir décrocher nombre de contrats supplémentaires. Et créer bien de l'emploi localement. "On travaille en équipe et en cellule, notre but, c'est 3000 emplois québécois", insiste Pierre Lavallée.

Bonne nouvelle?

Le président reconnaît que les Québécois n'auront plus aucun pouvoir décisionnel sur les orientations de la compagnie. Mais il affirme que Tetra a pour philosophie et antécédents de laisser toute liberté d'action à ses unités.

Nous sommes chaque fois un peu sceptiques lorsque des entreprises québécoises laissent aller leur contrôle à des entreprises étrangères. Dans l'avenir, il y a toujours un risque que l'expertise, les procédés novateurs et le savoir développé ici soit simplement transférés aux États-Unis.

On ne miserait donc pas la maison sur les retombées espérées du plan de match pour le Québec à moyen et long terme.

Force est cependant de reconnaître que sur papier l'idée apparaît pleine de potentiel. Le pari est que la perte de contrôle permettra d'obtenir plus de croissance. Évidemment les associés assurent aussi leur retraite au passage, mais ils auraient pu le faire bien avant cela: 10 offres ont été déposées depuis trois ans.

Il sera intéressant de voir le résultat. En attendant: oui, BPR est bel et bien vendue!

 

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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