Finances publiques: la spirale de l'enfer

Publié le 24/04/2014 à 20:08

Finances publiques: la spirale de l'enfer

Publié le 24/04/2014 à 20:08

On écrivait mercredi soir, quelques minutes après l'assermentation de la nouvelle économique libérale, que des tensions sociales se dessinaient au Québec. Et bien voilà, moins de 24 heures plus tard, on y est.

Essentiellement, le gouvernement gèle l'embauche dans la fonction publique, limite le temps supplémentaire, abaisse sa publicité et demande aux sociétés d'État de faire de même.

Au total, Québec dit avoir besoin de trouver 3,7 G$ pour parvenir à la cible budgétaire 2014-15 (un déficit de 1,75 G$). Les mesures annoncées jeudi ne permettent de récupérer que 1,8 G$.

Bref, on n'a même pas la moitié du chemin de fait.

Où le gouvernement trouvera-t-il le reste des sommes nécessaires?

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Il ne s'agit pas ici d'une situation où l'on peut grappiller à gauche et à droite. Le grappillage est déjà dans les 1,8 G$ identifiés. Il y a sans doute moyen de trouver d'importantes économies en révisant la pertinence de programmes comme se propose de le faire le gouvernement, mais cet exercice prendra nettement plus d'un an. Il faut faire attention de ne pas répéter les erreurs du passé, qui nous ont parfois amené à faire des coupes aux mauvais endroits, ce qui a fait grimper d'autres coûts plus tard (notamment dans les hôpitaux).

Il faut donc un grand coup, et rapidement. Comme Québec ne veut pas toucher aux services à la population, où peut-on trouver l'argent?

Il y a apparemment un 500 M$ qui pourrait être récupéré en étalant sur deux ans la hausse de rémunération consentie aux médecins. Ça ne va pas faire le bonheur des disciples d'Esculape, et probablement pas non plus celui du ministre de la santé, mais il est difficile de voir comment cet étalement peut ne pas se faire.

Parfait. Il reste 1,4 G$ à aller chercher.

Les conventions collectives prévoient une augmentation de 2% des salaires des employés de l'État au 1er avril 2014. L'enveloppe salariale était de 37,3 G$ en 2013-14. Grosso modo, c'est 750 M$ qui peuvent être récupérés si on décrète par loi une annulation de cette hausse.

Il y a quelques jours, s'appuyant sur des sources gouvernementales, La Presse, indiquait qu'un gel des échelons d'emplois permettrait aussi d'épargner de 600 à 700 M$.

Voilà pour les gros morceaux qui peuvent permettre d'espérer atteindre la cible budgétaire en 2014-15.

Faut-il mettre la recette en marche?

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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