Faut-il suivre la Caisse ?

Publié le 26/06/2012 à 09:15, mis à jour le 26/06/2012 à 09:15

Faut-il suivre la Caisse ?

Publié le 26/06/2012 à 09:15, mis à jour le 26/06/2012 à 09:15

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Québec inc. est en ébullition. Couche-Tard qui achète en Norvège, CGI et Genivar qui achètent en Europe, la Banque Laurentienne qui acquiert Fiducie AGF. La Caisse est dans trois des transactions : devrait-on la suivre ?

Il s'est dit et écrit beaucoup de choses sur les derniers investissements de l'institution. Certains y voient une nouvelle stratégie d'accompagnement des entreprises québécoises. Ce n'est pas le cas. La Caisse répète depuis un bon moment déjà qu'elle souhaite accompagner des entreprises d'ici dans leur croissance. On opterait bien davantage pour la coïncidence.

Cela dit, si c'est bon pour la Caisse, est-ce aussi bon pour nous ? La question se pose. Tentons d'y voir de plus près.

CGI (GIB.A, 22,71 $) achète Logica

On a déjà traité de la transaction il y a quelques semaines. Elle est intéressante sous plusieurs aspects.

Avec Logica, CGI peut maintenant espérer offrir son expertise au marché européen et proposer celle de Logica à son marché nord-américain. Les gros clients de l'une et de l'autre pourront en outre désormais être accompagnés sur chacun des continents. Concrètement : CGI a Rio Tinto (Alcan) et Bombardier comme clientes au Canada. Il lui est cependant difficile de les accompagner ailleurs, et ce sont des contrats potentiels perdus. Elle devrait maintenant avoir les capacités de le faire.

Côté expertise, CGI se distingue en finance et dans la santé, alors que Logica a des solutions pour les services aux collectivités.

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Plus intéressant encore, la transaction doit être accréditive de 25 % à 30 % au bénéfice par action, avant même les synergies de revenus. Or, le titre n'a avancé que de 8-10 % depuis l'annonce.

Le risque ? Pour que la transaction soit accréditive, le marché européen ne doit pas tomber. À long terme, c'est une transaction fort intéressante, mais une forte récession en Europe pourrait avoir de fâcheuses conséquences passagères.

Verdict : on aime, mais il faut être tolérant au risque.

Genivar (GNV, 22,96 $) acquiert WSP Group

La plus curieuse des situations que l'on ait rencontré dans notre carrière. Combien d'analystes ont commenté au lendemain de l'annonce de l'acquisition de la londonienne WSP Group ? Zéro ! Toutes les firmes de courtage qui suivent le titre sont dans le financement. Il serait surprenant de voir des recommandations de vente émises sur le titre prochainement...

Cela dit, la transaction est ici aussi intéressante et ressemble en partie à celle de CGI.

Genivar pourra offrir en Europe ses compétences en minier, en environnement et en énergie et tirer bénéfices ici de celles de WSP en construction de gratte-ciel, de ponts et d'infrastructures ferroviaires.

La société québécoise a maintenant en outre un profil mondial, ce qui lui permettra d'approcher de plus gros clients et d'accompagner les siens à l'international.

À la différence de CGI, la transaction n'est cependant accréditive au bénéfice par action que de 6 %, avant les synergies de revenus.

Ce n'est pas pour rien que le titre est passé de 25 $ à son cours actuel sur la nouvelle. Les synergies de revenus restent à prouver. Dans l'intervalle, le potentiel de bénéfice est sensiblement le même qu'avant la transaction, mais sa dette augmente, ce qui accentue le risque.

Cet investissement de la Caisse semble effectué sur un horizon de plus long terme et il n'est pas impossible qu'il conduise à une déception dans ses premières années si la situation économique se dégrade de façon importante en Europe.

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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