Faut-il investir dans Tesla et les autos du futur ?

Offert par Les Affaires


Édition du 16 Avril 2016

Faut-il investir dans Tesla et les autos du futur ?

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Édition du 16 Avril 2016

On connaissait déjà la frénésie Apple, avec ses fans prêts à passer la nuit dehors et à faire la file pour obtenir les plus récentes versions de l'iPhone ou de l'iPad. Voilà qu'il y a de la concurrence : Tesla (TSLA, 255,47 $ US).

La société d'Elon Musk dévoilait il y a quelques jours sa dernière auto électrique, le Model 3. Le nouveau véhicule arrive après les modèles S et X, qui se détaillent respectivement 70 000 $ et 80 000 $ US. Le prix d'entrée du Model 3 est de 35 000 $ US.

La plupart des analystes s'attendaient à ce que, dans les premières semaines suivant son dévoilement, le Model 3 reçoive environ 100 000 commandes. En moins d'une semaine, les clients ont plutôt passé 325 000 commandes. Et le compteur grimpe toujours.

Pendant ce temps, une autre révolution continue de couver dans le secteur de l'automobile, alors qu'on voit de plus en plus de commentaires et d'analyses sur les futures automobiles sans conducteur.

Temps d'investir dans ces autos de demain ? On s'est penché un peu plus en profondeur sur Tesla et, avec l'aide de la maison Phillip Capital, on s'est aussi attardé sur quelques acteurs qui pourraient bénéficier de la technologie du pilotage automatique. Nos impressions.

Tesla (TSLA, 255,47 $ US)

Les prototypes du Model 3 sont construits. Normalement, l'autonomie de 345 km et l'accélération de 0 à 100 km/h en 4,5 secondes sont éprouvées et ne devraient pas poser problème.

Les premiers Model 3 devraient arriver sur le marché dans 18 mois. En théorie, à ce moment, Tesla devrait dégager des flux de trésorerie positifs depuis un moment (2016, selon la direction, grâce aux modèles S et X).

L'objectif de l'entreprise était, avant l'engouement suscité par le Model 3, de produire 500 000 véhicules par an en 2020. Elle en a construit 51 000 en 2015, nombre qui devrait passer de 80 000 à 90 000 en 2016 (modèles S et X). Peut-être que ce plan changera en raison des derniers développements, et Tesla annoncera son intention de lever des capitaux et d'ajouter d'autres usines.

Mais postulons qu'elle joue de prudence et reste sur le plan initial avec une production de 500 000 véhicules par année à l'horizon 2020.

Première interrogation : c'est une chose de récolter 300 000 acheteurs en quelques jours à la suite d'un bon coup publicitaire, c'en est une autre d'en enregistrer 500 000 chaque année. La profondeur du fan club de Tesla est inconnue.

Deuxième interrogation, et plus importante cette fois : les coûts de construction du nouveau véhicule. Il y a un coût dans le chiffrier pour la production de masse, mais sera-t-il le coût réel ? La marche est haute entre produire 50 000 véhicules par année et 500 000.

Supposons que Tesla atteigne son objectif d'un bénéfice par action de 22 $ US en 2020. À 20 fois le bénéfice, c'est un titre qui vaudrait alors 440 $ US, soit un gain de près de 80 % sur quatre ans. Postulons en revanche que le bénéfice soit deux fois moindre, le titre se négocierait alors à 200 $ US, une perte de près de 25 % par rapport au cours actuel.

La route est longue et parsemée de défis d'exécution. Chacun peut y aller de ses propres hypothèses et jauger le risque par rapport au rendement. Assurément, il ne s'agit pas d'une valeur sûre.

Les titres de pilotage automatique

Un autre univers où le brouillard semble encore plus dense. Les constructeurs automobiles parlent d'une technologie qui ne sera pas fonctionnelle avant 25 ou 30 ans. D'autres experts du domaine parlent plutôt de cinq ans.

Il y a eu de grands progrès en matière d'intelligence artificielle au cours des dernières années (stationnement automatique, freinage automatique en cas d'obstacles détectés, etc.), mais un feu vert réglementaire pour les véhicules sans conducteur n'est pas pour demain. C'est une question de précision des cartes routières, des GPS (qui fonctionnent en mètres, mais qui doivent pouvoir fonctionner en centimètres), de puissance d'ordinateur pour effectuer des calculs dans des temps hyperrestreints, etc.

Les principales sociétés à surveiller, selon Phillip Capital, sont Google, Cisco, Delphi, Mobileye, Nvidia et Nokia.

Google, une des sociétés du conglomérat Alphabet (GOOGL, 758,57 $ US), est une pionnière, et quelque chose nous dit qu'elle réussira. Elle pourrait devenir un constructeur automobile ou vendre simplement des licences à des constructeurs existants. Probablement la seconde option. Pour l'instant, à 19 fois le bénéfice prévu en 2017, le titre semble cependant bien évalué. Il est tôt pour miser sur le projet.

Cisco (CSCO, 27,58 $ US) produit des senseurs et des équipements de télécommunication. Le multiple est relativement plus faible (12). Il pourrait y avoir ici un certain levier. On a cependant toujours eu de la difficulté à comprendre les activités de la société et à juger de leur pérennité. Difficile de se prononcer.

Delphi (DLPH, 71,01 $ US) a testé différentes technologies de véhicule autonome sur une Audi. Elle pourrait revendre celles-ci à des constructeurs automobiles. Le multiple est relativement faible (11,8). Pas facile non plus cependant de bien comprendre et de juger de la pérennité des activités de l'entreprise.

Mobileye (MBLY, 36,73 $ US) produit des caméras, et sa technologie permet de déceler les obstructions et les collisions imminentes. Tesla est notamment sa cliente. Assez prometteur. Difficulté, le titre est à plus de 50 fois le bénéfice. On le surveillera de près.

Reste Nvidia (NVDA, 35,75 $ US), qui produit des superordinateurs. Le potentiel semble y être, mais comme c'est le cas avec Cisco et Delphi, les activités de la société ne sont pas faciles à comprendre et à prédire. Contrairement aux deux autres, son multiple de 25 semble élevé aux yeux de plusieurs analystes.

Sur le radar

TESLA (TSLA, 255,47 $ US)

Les recommandations des analystes qui suivent le titre de Tesla

› 5 Conserver

› 4 Acheter

› 2 Vendre

› 5 Surperformance

› 4 Sous-performance

Cours cible : 248 $ US

Source : Bloomberg

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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