Desjardins perd son âme: Vade retro Satana!

Publié le 04/05/2015 à 20:14

Desjardins perd son âme: Vade retro Satana!

Publié le 04/05/2015 à 20:14

L'ancien président de Desjardins, Claude Béland, estime que le mouvement coopératif a perdu son âme. Vraiment?

En voyant les titres à la une des journaux Québecor cette fin de semaine, on a eu un petit sursaut: ouf, c'est gros!

Monsieur Béland estime que Desjardins a perdu de vue sa raison d'être en préférant s'occuper d'objectifs financiers plutôt que de ses membres.

Il s'interroge s'il n'a pas passé le trois quart de sa vie à travailler pour rien alors que le mouvement «va carrément dans le sens contraire de ce que des milliers de gens ont bâti depuis 115 ans».

Pour lui, Desjardins n'agit plus que comme une banque.

C'est toute une sortie, qui éclabousse l'administration de l'actuelle présidente Monique Leroux.

Monsieur Béland a-t-il raison?

On a personnellement toujours été indulgent envers Desjardins, et souvent trouvé que certains ténors exagéraient la critique.

Il est important que le mouvement conserve une bonne rentabilité et soit en mesure de concurrencer avec les banques. Une rentabilité trop faible de Desjardins signifierait à terme une perte de parts de marché et une nouvelle baisse de rentabilité. Un cercle vicieux qui ne serait guère favorable aux communautés qui perdraient du soutien financier.

Les derniers développements en régions sont cependant venus ébranler cette indulgence.

Un peu partout dans les différentes régions du Québec sortent ces jours-ci de nouvelles annonces de fermetures de comptoirs de services et de guichets automatiques dans des villages.

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C'est le cas dans notre région natale de Bellechasse, où les municipalités de Buckland, Saint-Nazaire et Saint-Philémon devraient voir, au plus tard l'an prochain, leur comptoir de services être fermé. Celles qui avaient un guichet l'ont déjà perdu.

Jusqu'à il y a quelques semaines, l'affaire passait pour une initiative locale. La saison des assemblées annuelles arrivant, il est devenu éloquent qu'il s'agissait bien davantage d'un phénomène provincial et que l'incitation provenait de plus haut.

Motifs? Essentiellement de deux ordres: les transactions au comptoir de services représentent moins de 5% des transactions; celles au guichet chutent.

C'est vrai, mais c'est aussi une justification qui manque d'étoffe. Ce n'est pas parce que quelqu'un passe moins souvent au guichet qu'il lui est moins nécessaire qu'auparavant.

Pendant ce temps, pour une petite municipalité, la présence de Desjardins est un élément essentiel à toute initiative de stabilisation démographique. La municipalité de Buckland, par exemple, a un programme d'incitation à l'établissement domiciliaire.

Comment convaincre des citoyens de revenir dans leur municipalité d'origine, ou encore de nouveaux arrivants de s'y installer, lorsque même la coopérative préfère se retirer et déclarer forfait.

La Caisse des Monts et des Vallées de Bellechasse en est consciente et a proposé une compensation de 125 000$ aux trois municipalités sur cinq ans. Pour Buckland, c'est 10 000$ par année sur cinq ans. Avec cet argent, les municipalités pourraient peut-être utiliser quelques programmes gouvernementaux et se doter de services ou d'équipements utiles. Ce n'est pas fou.

La solution en reste cependant une de compensation et constitue un pas social arrière. Particulièrement dans des communautés qui sont vieillissantes, n'ont pas la technologie dans le sang, et n'ont pas non plus les services de transport en commun des milieux urbanisés pour se rendre à la caisse de la municipalité voisine.

Les vraies raisons

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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