Commission Godbout: le Québec y gagne-t-il?

Publié le 19/03/2015 à 17:48

Commission Godbout: le Québec y gagne-t-il?

Publié le 19/03/2015 à 17:48

C'est tout un chambardement fiscal et tarifaire que vient de proposer la Commission Godbout. Le Québec y gagne-t-il?

Si l'on en croit les calculs de la Commission, la province y gagne.

Elle prévoit que le PIB augmenterait de 2 G$ et qu'elle permettrait de créer plus de 20 000 emplois à terme. Cela ne veut cependant pas dire que tous y gagnent, individuellement.

Essentiellement, Luc Godbout soutient qu'en baissant l'impôt sur le revenu et en taxant plus la consommation (hausse de 1 point de la TVQ, des taxes sur le tabac, la bière et le carburant, de même que les tarifs d'Hydro), les Québécois seront davantage incités à travailler. L'impôt sur le revenu a, dit-il, un effet négatif sur l'incitation au travail et fait que l'économie québécoise crée moins de valeur que ce qu'elle pourrait créer.

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Il est probable que les hypothèses retenues par le groupe de travail seront dans les prochaines semaines et mois scrutées par d'autres universitaires. On verra si leurs conclusions seront les mêmes. Il y a une présomption que ce le sera. Une rapide recension de la littérature économique sur le sujet laisse entrevoir un assez fort consensus.

On a personnellement été un peu surpris par le contenu du rapport.

En plus des mesures énoncées plus haut, on doit abolir certains crédits d'impôt afin que l'exercice soit à coût neutre pour le gouvernement. C'est tout un chambardement qui est suggéré.

Pour au final entraîner un effet économique qui est intéressant, mais pas spectaculaire. Un apport de 2 G$ sur le PIB représente une croissance autour de 0,6%.

Les 20 000 emplois sont à mettre en perspective avec l'ambitieux objectif de 250 000 nouveaux emplois que s'est donné le gouvernement sur la durée de son mandat. C'est un coup de pouce dont il a sûrement envie.

Si la taxation de la consommation donne de meilleurs résultats économiques que la taxation du revenu, pourquoi ne pas y avoir été avec un peu plus de force? N'aurait-on pas pu baisser davantage l'impôt sur le revenu et augmenter un peu plus la TVQ?

En conférence de presse monsieur Godbout a estimé que le groupe était allé aussi loin qu'il le pouvait étant donné la structure actuelle de taxation du Québec.

Entre les lignes, on voit deux empêchements.

1-Si on augmente ici la TVQ trop fortement, il risque d'y avoir des problèmes de compétitivité avec l'Ontario pour un temps.

2-Malgré ce qu'on en dit, il n'est pas sûr qu'une hausse beaucoup plus forte de la TVQ aurait été, au Québec du moins, une mesure si progressiste. L'IRIS avait commencé à se pencher là-dessus à l'été et avait certaines réserves.

La réforme passera-t-elle?

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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