Après le Canadien, Claude Julien peut-il relancer TVA?

Offert par les affaires.com


Édition du 25 Mars 2017

Après le Canadien, Claude Julien peut-il relancer TVA?

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Édition du 25 Mars 2017

Photo de Claude Julien. Source: TVA Sports.

L'affaire a fait beaucoup de bruit sur les tribunes sportives, pas du tout sur les tribunes économiques. Et pourtant, s'il est un développement important pour TVA (TVA.B, 3,83 $) dans les dernières semaines, c'est bien le remplacement de Michel Therrien par Claude Julien.

La saison du CH s'en allait dans un mur, avec un Ron de plus en plus en tabaslak: le doute s'installait même chez les plus optimistes quant à une participation dans les séries.

Chez TVA, la nervosité devait aussi commencer à être grande. Une participation du Canadien à une ronde de séries au moins est essentielle pour la filiale TVA Sports, et tout autant pour la société mère. L'entreprise doit diffuser nombre de matchs. S'il n'y a personne à l'antenne, les tarifs publicitaires plongent et la rentabilité s'en ressent grandement.

L'an dernier, pour la deuxième année du contrat de diffusion de la LNH, le CH n'a pas fait les séries. Et, bien que d'autres justifications puissent être apportées, le bénéfice de Groupe TVA a reculé de 67 % au troisième trimestre (par rapport à la même période l'année précédente). Les résultats de ce trimestre avaient entraîné une forte apathie dans le marché et depuis, le titre avait glissé de 30 %.

L'espoir revient

Parfois, le puck ne roule pas pour nous, mais, comme disait Yogi, ce n'est jamais fini tant que ce n'est pas terminé. Deux événements heureux sont récemment survenus pour les actionnaires de TVA. D'abord, on l'a dit, l'arrivée de Claude Julien. Puis, quelques jours plus tard, des chiffres assez surprenants pour le dernier trimestre (celui de l'automne 2016).

Pour la première fois depuis longtemps, les résultats de Groupe TVA ont été supérieurs aux attentes. Paradoxalement, ça semble en bonne partie cette fois grâce à... Michel Therrien ! Le début de saison du CH a été tel qu'il a permis aux revenus d'abonnements de TVA Sports de bondir de 29,2 % et à ses revenus publicitaires de progresser de 14,7 %, ce qui a réduit ses pertes.

À moins d'une surprise, cette remontée devrait se poursuivre puisque le CH semble cette fois en route vers les séries et que les déprimés d'hier le voient cette fois aller bien au-delà de la première ronde.

Moment d'investir dans TVA?

La question est débattue chez les analystes financiers. Et il n'y a pas unanimité. Mais l'affirmation de la direction selon laquelle sa chaîne sportive atteindra l'équilibre financier d'ici deux à trois ans donne envie de creuser davantage.

L'approche de Vince Valentini, de Valeurs mobilières TD, est probablement la plus intéressante. Il est le seul à avoir tenté d'isoler pro forma les résultats de TVA Sports (qui ne sont pas publiquement dévoilés). Il estime qu'en 2016, la chaîne spécialisée a généré une perte de 39,5 M $. En 2017, il voit celle-ci passer à 10,5 M$. Et en 2018, bingo, elle devrait enfin sortir du rouge (léger profit de 110 000 $).

Comment la chose s'opérera-t-elle ? Par une progression des revenus, qui passeront de 96 M$ en 2016 à 119 M$ en 2017, et à 136 M$ en 2018. Bref, + 40 M$ (ou 40 %) sur deux ans.

Comment ces revenus croîtront-ils ? Malheureusement, l'analyste n'est pas explicite. On comprend cependant qu'il s'attend à une croissance du nombre d'abonnés et des revenus publicitaires, particulièrement lorsque le CH fera les séries et que la fièvre s'emparera de la province.

Des chiffres rapportés l'an dernier par La Presse (qui cite le CRTC) faisaient état de redevances mensuelles de 2,38 $ par abonné pour TVA et de 3 $ pour la chaîne concurrente RDS en 2015. TVA indiquait récemment que le nombre d'abonnés à TVA Sports est aujourd'hui de près de 2 millions. RDS est réputée compter autour de 3 millions d'abonnés.

Le simple fait pour TVA Sports de grimper au même nombre d'abonnés que sa rivale et de tarifer le même prix entraîne une augmentation de 50 M$ de son bénéfice. On peut discuter les chiffres et les prix 2015 versus 2016, mais c'est suffisant pour combler l'actuel manque à gagner de 40 M$ et atteindre l'équilibre financier.

Évidemment, même avec une grande frénésie de séries, ce scénario ne se produira pas. Simplement parce que RDS bénéficie d'un historique d'abonnements à une époque où la chaîne faisait partie de tous les forfaits. S'ajoute le fait qu'il y a aujourd'hui une certaine pression attachée au phénomène de cord cutting (désabonnement du câble pour se contenter d'Internet).

Cependant, on remarquera aussi qu'aucune augmentation des volumes et des tarifs publicitaires ne fait partie du calcul précité. C'est un fort potentiel d'augmentation à ne pas négliger.

Constat: ça pourrait être plus long que deux ans, mais l'atteinte de la rentabilité de TVA Sports semble un scénario fort réaliste.

Combien vaudra le titre à ce moment ?

Une fois purgée du déficit de TVA Sports, le bénéfice de Groupe TVA devrait remonter significativement (la perte représente 45% du bénéfice total actuel). M. Valentini applique un multiple de 4 au BAIIA qu'il anticipe en 2018 pour l'ensemble des activités de télévision et de production de TVA, et un multiple de 2 à celui des activités des magazines. Il obtient une valeur de 4,75 $ par action, dont il fait sa cible.

L'analyste pousse plus loin encore. Il note que, dans un passé récent, l'acquisition de Shaw Media par Corus et celle de Family Channel par DHX Media sont survenues à des multiples non loin de 7 fois le BAIIA. En appliquant ce multiple au BAIIA 2018 des activités télé et un multiple de 4 aux magazines, il obtient une cible de 8,75 $.

C'est ce que pourrait valoir l'action si jamais Québecor décidait de racheter un jour la participation qui lui manque dans TVA.

Possible? Hum... Il faudrait que Québecor voit un potentiel de croissance au-delà de l'horizon 2018. Claude Julien ne suffirait plus. Il faudrait... les Nordiques.

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2 CONSERVER

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Cours cible : 4,55 $

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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