Casey's ou Couche-Tard ?


Édition du 06 Juin 2015

Casey's ou Couche-Tard ?


Édition du 06 Juin 2015

Tiens, tiens... Les Américains n'avaient finalement pas tort. Près de cinq ans après la grande bataille, force est de constater que les dirigeants de Casey's avaient raison de résister à l'offre non sollicitée de la québécoise Couche-Tard.

L'histoire nous est revenue à l'esprit il y a quelques jours, en voyant passer les ventes d'avril de la société américaine de dépanneurs.

C'est tout un affrontement qui avait eu lieu en 2010. Le conseil d'administration de Casey's refusait de vendre à Alimentation Couche-Tard, estimant son offre insuffisante, et manoeuvrait de manière à ce que ses actionnaires n'aient pas à se prononcer. Couche-Tard avait tenté d'imposer ses administrateurs au CA, mais avait échoué.

À combien se situait l'offre de Couche-Tard à l'époque ? 38,50 $ US.

À combien est le titre de Casey's, cinq ans plus tard ? 90 $ US.

C'est plus qu'un doublé. D'où le constat initial.

Casey's peut-elle poursuivre sur sa lancée ? Ne vaudrait-il pas mieux jouer Couche-Tard ? Ou encore, s'éloigner à toutes jambes des deux titres ? Voyons-y de plus près.

Le plan de match de Casey's

La stratégie de la société de l'Iowa s'appuie sur trois axes clairement énoncés.

1. L'ouverture 24 heures sur 24. En ce moment, 825 des 1 870 établissements sont ouverts 24 heures. Les résultats sont porteurs. Dans la première année qui suit l'ouverture, les ventes de mets préparés augmentent de 20 à 30 %, la marchandise générale et d'épicerie de 15 à 20 %, et le nombre de consommateurs de 10 %. Au final, une exploitation 24 heures fait en moyenne gonfler le bénéfice d'un établissement de 15 %. L'objectif est de porter le nombre de dépanneurs ouverts 24 heures sur 24 aux deux tiers des emplacements à raison d'une centaine d'implantations par année.

2. La rénovation. Plus de 250 dépanneurs ont été rénovés au cours des dernières années. C'est dire qu'on leur a ajouté de l'espace réfrigéré pour offrir davantage de produits (thés, boissons énergétiques, etc.). Il s'ajoute aussi du café et des sandwicheries. Dans la première année qui suite la rénovation d'un établissement, les mets préparés et les ventes de boissons en fontaine augmentent en moyenne de 30 %, les ventes d'épicerie de 10 % et l'achalandage de 10 %. Le bénéfice des dépanneurs augmente généralement dans les deux chiffres la deuxième ou la troisième année. Les rénovations exigent cependant d'importants investissements, ce qui explique pourquoi Casey's rénove seulement 25 établissements par année.

3. La livraison de pizza. La presque totalité des Casey's offre de la pizza maison, et celle-ci compte pour 60 à 70 % des activités de mets préparés. À ce jour, l'entreprise dénombre 355 dépanneurs qui font de la livraison. Elle met actuellement au point un service de commandes par Internet. Une fois que ce service sera mis en place, l'objectif sera d'introduire le service de livraison à 100 établissements par année. La rentabilité liée à l'ajout d'un tel service n'est malheureusement pas dévoilée.

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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