Bingo! Québec doit-il puiser dans les nouveaux surplus?

Publié le 26/11/2015 à 19:18

Bingo! Québec doit-il puiser dans les nouveaux surplus?

Publié le 26/11/2015 à 19:18

Bingo! Le gouvernement du Québec est en route vers un premier surplus budgétaire et devrait en générer de considérables par la suite. Devrait-il les réinvestir dans les services, augmenter davantage ses salariés, baisser les impôts, ou plutôt augmenter comme prévu le remboursement de la dette?

La question flottait jeudi au Parlement alors que le ministre Carlos Leitao présentait la mise à jour économique de la province.

Les finances publiques sont sur les rails. Les revenus sont légèrement inférieurs aux prévisions, mais le service de la dette est aussi moins important, ce qui veut dire qu'au 31 mars, l'exercice 2015-16 devrait se boucler avec un surplus de 1,5 G$.

Faut-il utiliser les surplus?

Ce surplus devrait grimper à 2,1 G$ l'année suivante, à 2,6 G$ la subséquente, toucher ensuite 3 G$ et enfin atteindre 3,4 G$ en 2019-20.

Ces surplus pourraient théoriquement servir à baisser les impôts, consentir aux salariés de l'État des augmentations de salaire plus élevées, ou encore consolider les services actuellement offerts aux citoyens.

Le gouvernement n'a cependant aucune intention d'amender la loi sur le Fonds des générations, qui demande à ce que les surplus soient affectés au remboursement de la dette.

Pourquoi?

"Parce que ne pas affecter les surplus au remboursement de la dette entraînerait une décote automatique de la dette par les agences de crédit", a soutenu Carlos Leitao.

Humm… Voyons-y.

La dette brute du Québec représentera cette année 55,1% du PIB québécois. L'objectif est de la ramener à 50,6% du PIB d'ici cinq ans et, surtout, à 45% d'ici 10 ans.

C'est parfait. L'objectif d'abaisser le ratio de dette est juste.

À titre comparatif, la dette de l'Ontario est à 46% (avant sa mise à jour de jeudi), celle du fédéral à 45,6%, et celle de la Nouvelle-Écosse à 40,9%. La dette des autres provinces est à des niveaux encore plus faibles.

Il vaut mieux ramener la dette du Québec à un niveau comparable à celle des autres entités publiques. Nous serons ensuite plus à même de faire face à un éventuel choc économique. Il y a d'ailleurs une assez forte probabilité que d'ici 10 ans, une récession se présentera.

Le hic

Certains font cependant valoir que le virement des surplus au Fonds des générations ne pèse que faiblement sur l'amélioration du fameux ratio dette/PIB et que ceux-ci devraient être affectés ailleurs. La prétention est que l'amélioration du ratio proviendra principalement du simple fait que le PIB progressera.

Histoire de tenter d'y voir plus clair, on a simulé une croissance du PIB nominal (avec inflation) de 2% par année pour les cinq prochains exercices. L'hypothèse est prudente.

Le ratio dette brute/PIB se situerait alors autour de 51% en 2019-20. On ignore quelle croissance économique pustule le gouvernement dans ses calculs, mais il serait étonnant qu'elle soit inférieure à 2% (nominale). En affectant les surplus au remboursement, il voit le ratio se situer à 50,6%.

Constat: l'apport des surplus ne semble effectivement pas peser si lourd dans le résultat. On peut s'interroger sur la pertinence de les affecter à la dette, du moins dans leur totalité.

Quelque chose nous dit qu'un nouveau débat est sur le point de s'ouvrir.

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À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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