Baseball à Montréal: aucune balle, deux prises

Publié le 13/12/2013 à 09:33

Baseball à Montréal: aucune balle, deux prises

Publié le 13/12/2013 à 09:33

Et un achat par des propriétaires d'ici alors?

Humm…

On en parlait plus haut. L'investissement demandé est de 690 M$ et laisse espérer un rendement de 8%. C'est très faible.

Pour des projets avec ce genre de risque, les investisseurs demanderont d'ordinaire un rendement de 15-20%. EY (Ernst & Young) explique cependant que les propriétaires de franchise de baseball sont généralement prêts à vivre avec un faible rendement. Soit parce qu'ils sont déjà très riches, soit parce qu'ils sont diffuseurs et souhaitent sécuriser des contenus. Dans ce deuxième cas, l'argent doit se faire dans les activités de diffusion.

En théorie, il serait donc possible que des investisseurs d'ici achètent la franchise. On dit en théorie, les points d'interrogation étant nombreux.

D'abord parce que s'il y a un bail restant comme à Tampa, l'achat grimpe plutôt à 900 M$-1G et que tout le monde s'entendra pour dire que le rendement nécessaire n'y sera plus. Ensuite, parce que, même en l'absence de pénalités de bail, il ne semble pas se trouver beaucoup d'acteurs au Canada qui puissent avoir envie d'un jouet de 690 M$. Du côté des diffuseurs, pendant ce temps (le deuxième type d'acheteurs), Québecor est déjà engagée dans de gros investissements pour obtenir une franchise de la LNH. Déjà l'étude de faisabilité équivaut à dire qu'il n'y a que peu de rendement à espérer pour l'équipe de baseball comme telle. S'il n'est pas clair que Québecor puisse éventuellement faire de l'argent comme diffuseur avec une équipe de hockey, ça l'est encore moins avec le baseball. Le scénario est le même pour Bell. Répétons-le, il faut un rendement important des activités de diffusion pour courir le risque de l'achat de l'équipe, qui n'en offre pas assez.

C'est pourquoi la probabilité d'une acquisition par des joueurs locaux nous apparaît aussi très faibles.

Un autre écueil

Comme si ce n'était pas assez, un autre écueil se trouve sur la route du projet: la participation nécessaire du gouvernement, à qui l'on demande 335 M$ en investissements. Il faut cet argent pour produire les rendements.

Ce n'est pas gagné. L'étude fait valoir que l'argent gouvernemental serait remboursé sur 8 ans, grâce à la TVQ perçue sur les opérations et à différentes autres taxes (hôtelières, suppléments sur le prix des billets, etc.) et à l'impôt sur le salaire des joueurs.

C'est une équation qui reste à valider. La TVQ, si elle n'était pas payée pour un match de baseball, le serait par exemple vraisemblablement pour un autre événement ou une autre dépense.

Il y a un risque important dans notre esprit que le gouvernement alourdisse plutôt ses charges financières, une chose qu'il n'a pas vraiment les moyens de se permettre ces jours-ci.

En conclusion?

Comme on le disait en introduction, c'est un bon travail qui a été réalisé par les promoteurs du projet.

Mais les probabilités ne sont pas si favorables à Montréal, en raison notamment du système de péréquation déjà en place.

Youppie semble devoir rester au Centre Bell.

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À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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