Attention Québec: la Chine menace le Plan Nord

Publié le 24/01/2012 à 15:52, mis à jour le 27/01/2012 à 14:27

Attention Québec: la Chine menace le Plan Nord

Publié le 24/01/2012 à 15:52, mis à jour le 27/01/2012 à 14:27

[Photo : ArcelorMittal]

BLOGUE. Le gouvernement du Québec devrait être prudent avant d'engager trop fortement sa stratégie industrielle dans le Plan Nord. Idem pour les investisseurs avec leur portefeuille. La Chine fait actuellement miroiter de grandes choses, mais la fin pourrait être bien plus près qu'il ne semble.

On était jusqu'à maintenant assez partagé sur le Plan Nord. Pas aussi négatif que ses détracteurs (on peut créer une belle richesse sociale en développant ses ressources naturelles), mais pas aussi optimiste que ses promoteurs (il faut faire attention de s'investir trop lourdement dans un secteur pour ne pas y laisser sa peau si le vent tourne).

Les doutes

D'importants doutes ont d'abord germé dans notre esprit sur le potentiel du volet énergétique, le plus important du plan, avec 47 des 80 G$ d'investissements prévus sur 25 ans. Si l'objectif est d'être en situation d'autarcie énergétique lorsque Churchill Falls prendra fin dans 30 ans, peut-être. S'il est plutôt de faire de l'argent avec les futurs barrages, la preuve reste à faire qu'on ne projette pas de construire quelques éléphants blancs.

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Restait le volet minéral, où l'on voyait un certain potentiel. Une étude de la Deutsche Bank vient de refroidir notre enthousiasme.

Quelle a été l'importance de la Chine dans la demande mondiale de ressources minérales en 2010 ?

Même si elle ne compte que pour 11 % du PIB mondial et 20 % de la population de la planète, la Chine a consommé l'an dernier environ 50 % du ciment et de l'acier produits dans le monde, de même que de 30 à 40 % du cuivre, du nickel, du zinc, du plomb et de l'aluminium.

À la lumière de ces simples repères, il est clair que la situation est insoutenable à long terme. La question est de savoir pour combien de temps encore le boom peut continuer.

Pour tenter de le déterminer, la Deutsche Bank s'attarde à ce qu'elle qualifie de «consommation cumulative». Les données empiriques démontrent que, sur une longue période, les différents pays tendent historiquement à être comparables quant au sommet de consommation qu'ils atteignent.

Exemple : sur une période de 15 ans, la consommation d'acier par personne aux États-Unis a atteint un sommet de 9 500 kg en 1978 (633 kg par personne en moyenne annuelle). Au Japon, ce sommet d'environ 10 000 kg a été atteint en 1998.

Restons sur l'acier. La consommation de la Chine en 2010 a été de 470 kg par personne. En postulant une croissance de 6 % pour les prochaines années, les analystes en arrivent à la conclusion que la consommation d'acier annualisée du pays atteindra le sommet de 10 000 kg en... 2017.

La croissance de l'économie chinoise devrait alors devenir davantage dépendante de son niveau de consommation que de la construction d'infrastructures et d'immeubles. Le plus gros des investissements en infrastructures étant effectué, la demande en acier et en ciment devrait commencer à diminuer.

Là où ça se complique

C'est ici que ça se complique pour le Plan Nord. Le minerai de fer, utilisé dans l'acier, constitue la part du lion des investissements prévus au cours des prochaines années. On n'a qu'à penser aux 10 à 13 G$ envisagés pour le lac Otelnuk (Adriana-Wisco), aux 4,5 G$ prévus pour Kémag (Québec) et Labmag (Labrador) (New Millenium/Tata), aux 2,1 G$ du Mont-Wright (ArcelorMittal).

Si la demande mondiale recule, qu'arrivera-t-il au prix du minerai de fer ?

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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