Affaire Péladeau: vers un surintendant des médias?

Publié le 14/10/2014 à 16:39

Affaire Péladeau: vers un surintendant des médias?

Publié le 14/10/2014 à 16:39

Pierre Karl Péladeau doit-il vendre ou non ses actions dans Québecor?

Le débat est sur toutes les tribunes depuis quelques jours. Quelques solutions ont été avancées. Voyons-les rapidement. Notre suggestion est en fin de la chronique.

La mise en fiducie

C'est le réflexe, mais il n'y a aucune avenue de solution de ce côté.

Assez curieusement, la situation actuelle est probablement la moins préoccupante que l'on ait connue.

La probabilité d'une intervention de Pierre Karl Péladeau dans les contenus de ses médias semble pratiquement nulle. Et il en sera ainsi tant et aussi longtemps qu'il demeurera député. En jurant sur l'honneur qu'il n'interviendrait pas, monsieur Péladeau s'est condamné à la démission dès le premier faux pas. S'il reniait sa parole, il abuserait de la confiance du public. Et qui abuse de la confiance du public ne peut demeurer député à l'Assemblée nationale et encore moins demeurer chef de parti.

La difficulté de l'affaire ne concerne toutefois pas le "pendant la vie politique", mais "l'après vie politique". Un jour cette vie politique devrait prendre fin. Et, si tel est le cas, qu'arrivera-t-il à ceux qui auront failli à suivre la pensée et les attentes de monsieur Péladeau? Peut-être rien. Peut-être beaucoup.

La menace est là, et il n'y a pas un journaliste au sein de "l'empire" qui n'en soit conscient.

D'autant que ce n'est pas une cachette que monsieur Péladeau a dans le passé utilisé ses actifs pour la promotion de ses projets et intentions. Il y a quelques exemples publics de la chose. Le service en charge de l'accès à l'information de Radio-Canada en sait notamment quelque chose…

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La fiducie n'est pas une option parce qu'elle ne permet pas d'évacuer la crainte que le propriétaire de presse, à sa sortie de la vie publique, ne puisse décider de "payer une ride" à ceux qui, au moment où ça comptait vraiment, ont failli à la tâche.

La solution de regroupement des actifs dans TVA

C'est la solution Yvan Allaire-Michel Nadeau. Elle suggère de prendre les actifs médias qui sont dans Québecor (journaux) et de les transporter dans TVA. Les actions multivotantes seraient converties en actions ordinaires et Québecor deviendrait un actionnaire minoritaire.

Qu'il soit dit au passage que c'est le plus bel effort de réflexion que l'on ait vu dans ce dossier. Le travail de messieurs Allaire et Nadeau doit être salué.

Les chances de succès de la solution semblent néanmoins faibles. Il est difficilement concevable que les conseils d'administration de Québecor et TVA procèdent à des transactions uniquement pour accommoder l'actionnaire de contrôle. En droit, le conseil se doit d'agir dans l'intérêt de l'ensemble des actionnaires. Il n'est toujours pas clair dans notre esprit qu'au plan financier, TVA ait intérêt à acheter les journaux de Québecor. En fait, beaucoup d'actionnaires de TVA espèrent plutôt un jour se faire racheter par Québecor. Inversement, il n'est pas évident non plus que Québecor puisse convaincre ses actionnaires qu'elle a intérêt à se départir de ses journaux à un prix d'ami (seule situation où TVA pourrait vraisemblablement justifier à ses actionnaires l'achat des journaux).

D'autant qu'au final, Québecor conserverait sans doute encore un poids relativement important dans TVA. Et que la potentielle influence de monsieur Péladeau serait toujours redoutée.

La vente, la meilleure solution?

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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