Préparez-vous à une «guerre fraîche» avec la Russie

Publié le 26/06/2015 à 19:51

Préparez-vous à une «guerre fraîche» avec la Russie

Publié le 26/06/2015 à 19:51

Depuis la chute du mur de Berlin, la réunification allemande et la dissolution de l'URSS, Moscou a grincé des dents chaque fois que les Occidentaux se sont étendus vers l'est, avec l'Union européenne et l'OTAN.

Pourquoi ? Parce que cette stratégie est perçue par Moscou et une part importante des Russes comme une intrusion dans l'ancienne sphère d'influence de la Russie.

C'est par contre le renversement du président ukrainien Viktor Ianoukovitch et de son régime pro-russe, en février 2014, qui a déclenché la crise actuelle en Ukraine et qui a mené à l'imposition de sanctions économiques contre la Russie.

Aux yeux de Moscou, il est clair que l’Occident - surtout les Américains - a comploté pour installer un régime «ami» pro-occidental à Kiev.

Pour Vladimir Poutine, les Européens et les Américains sont clairement allés trop loin en interférant ainsi dans la zone d'influence de Moscou.

C'est pourquoi il a décidé d'intervenir en Ukraine pour défendre les intérêts de la Russie, soulignent plusieurs spécialistes de la Russie.

On l'oublie souvent, mais ce n'était pas une première.

En 2008, le maître du Kremlin avait aussi envoyé des troupes en Géorgie (une ancienne république de l'URSS), qui voulait elle aussi à l'époque se rapprocher des Américains et des Européens - comme l'Ukraine à l'heure actuelle.

C'est pourquoi certains analystes affirment que l'Occident est responsable de la dégradation des relations avec la Russie et du déclenchement de la crise en Ukraine.

C'est le cas de John J. Mearsheimer, professeur de sciences politiques à l'Université de Chicago.

« Les États-Unis et leurs alliés européens partagent la plupart de la responsabilité de cette crise », a-t-il écrit dans Foreign Affairs en août 2014 (Why the Ukraine Crisis Is the West's Fault).

Selon lui, il était évident que la Russie n'allait pas laisser l'Ukraine sortir de son aire d'influence sans réagir. À ses yeux, c'est comme si la Chine essayait d'attirer le Canada dans son aire d'influence ou une alliance.

Les États-Unis ne resteraient pas les bras croisés.

Il va sans dire que des commentateurs ont vertement critiqué la prise de position de John h. Mearsheimer.

Son analyse permet toutefois de mieux comprendre ce qui motive actuellement la Russie à intervenir en Ukraine - sans justifier pour autant ses agissements.

Ainsi, à moins d'une surprise de taille, le président russe ne cédera pas un pouce de territoire en Ukraine.

Car, pour la Russie, il est impensable que ce pays devienne un jour un pays allié proche de l'Occident, et qu'elle adhère à l'OTAN, comme les trois pays baltes, la Pologne, la Bulgarie et la Roumanie.

C'est pourquoi nous entrons dans une longue période de tension entre l'Occident et la Russie, et ce, malgré l'imposition de sanctions qui font très mal à l'économie russe.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À propos de ce blogue

Dans son analyse Zoom sur le monde, François Normand traite des enjeux géopolitiques qui sont trop souvent sous-estimés par les investisseurs et les exportateurs. Journaliste au journal Les Affaires depuis 2000 (il était au Devoir auparavant), François est spécialisé en commerce international, en entrepreneuriat, en énergie & ressources naturelles, de même qu'en analyse géopolitique. François est historien de formation, en plus de détenir un certificat en journalisme de l’Université Laval. Il a réussi le Cours sur le commerce des valeurs mobilières au Canada (CCVM) de l’Institut canadien des valeurs mobilières et il a fait des études de 2e cycle en gestion des risques financiers à l’Université de Sherbrooke durant 15 mois. Il détient aussi un MBA de l'Université de Sherbrooke. François a réalisé plusieurs stages de formation à l’étranger: à l’École supérieure de journalisme de Lille, en France (1996); auprès des institutions de l'Union européenne, à Bruxelles (2002); auprès des institutions de Hong Kong (2008); participation à l'International Visitor Leadership Program du State Department, aux États-Unis (2009). En 2007, il a remporté le 2e prix d'excellence Caisse de dépôt et placement du Québec - Merrill Lynch en journalisme économique et financier pour sa série « Exporter aux États-Unis ». En 2020, il a été finaliste au prix Judith-Jasmin (catégorie opinion) pour son analyse « Voulons-nous vraiment vivre dans ce monde? ».

François Normand