Préparez-vous à une «guerre fraîche» avec la Russie

Publié le 26/06/2015 à 19:51

Préparez-vous à une «guerre fraîche» avec la Russie

Publié le 26/06/2015 à 19:51

Source photo: Shutterstock

ANALYSE DU RISQUE - L'ordre géopolitique qui a prévalu en Europe depuis la chute du mur de Berlin est révolu. Pour la première fois de son histoire, l'OTAN installera de l'armement dans six pays d'Europe centrale et orientale en réponse à l'intervention russe en Ukraine. Préparez-vous à une « guerre fraîche » avec la Russie qui durera des années.

Nous utilisons l'expression « guerre fraîche », car les tensions actuelles entre la Russie et l'Occident ne sont pas une réplique de la guerre froide (1945-1990), qui a opposé les États-Unis, l'ex-URSS et leurs alliés respectifs, comme l'affirment certains analystes.

La guerre froide reposait sur quatre piliers:

-L'existence de deux superpuissances dominant la planète

-La reconnaissance mutuelle du statu quo en Europe

-Une compétition idéologique entre deux modèles (le capitalisme et le communisme)

-Une rivalité à l'échelle mondiale

« Ce temps est révolu, affirme Le Monde. Le différentiel de puissance économique et militaire entre Washington et Moscou est bien supérieur à ce qu’il était à l’époque, et la distribution du pouvoir à l’échelle planétaire est beaucoup plus floue: nous sommes, au choix, dans un monde multipolaire ou apolaire. »

De plus, tous les grands États européens sont insérés dans un réseau de coopérations, et ce, du Conseil de l’Europe au Conseil OTAN-Russie, fait remarquer le quotidien français.

Enfin, la démocratie et l’économie de marché s’imposent à l’échelle du continent.

Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, l'a même souligné: « Nous ne sommes pas dans une situation de guerre froide, mais pas non plus dans un partenariat stratégique avec la Russie. »

Bref, nous sommes quelque part entre les deux.

Un quelque part qui nous a toutefois fait entrer dans une nouvelle ère de tension dans les relations entre l'Occident et la Russie.

La décision de l'OTAN d'installer de l'armement (principalement des chars et des équipements d'artillerie mobile) dans six États membres de l'alliance atlantique (Pologne, Roumanie, Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie) en fait la démonstration d'une manière éloquente.

Les trois premiers sont des anciens pays satellites de l'ex-URSS, qui étaient membre de Pacte de Varsovie - le pendant de l'OTAN. Quant aux trois pays baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie), ce sont trois anciennes républiques de l'Union soviétique.

Les pays baltes sont devenus indépendants après la disparition de l'Union soviétique, en 1990.

Ils avaient toutefois profité d'une première période d'indépendance, de la fin de la Première Guerre mondiale (les Baltes faisaient partie depuis des siècles de l'Empire russe) à leur annexion par l'URSS en 1940.

Il va sans dire que depuis l'intervention de la Russie en Ukraine, les pays baltes (qui comptent d'importantes minorités russophones) et d'autres pays d'Europe centrale et orientale ont manifesté leurs vives inquiétudes.

Car l'interférence de la Russie ne se limite pas à l'Ukraine. Depuis un an, on ne compte plus les incursions d'avions militaires russes dans l'espace aérien de pays européens, incluant ceux de l'OTAN.

Mais comment en sommes-nous venus à ce niveau de tension? Pour comprendre, il faut retourner environ 25 ans arrière, au tournant des années 1990.

À propos de ce blogue

Dans son analyse Zoom sur le monde, François Normand traite des enjeux géopolitiques qui sont trop souvent sous-estimés par les investisseurs et les exportateurs. Journaliste au journal Les Affaires depuis 2000 (il était au Devoir auparavant), François est spécialisé en commerce international, en entrepreneuriat, en énergie & ressources naturelles, de même qu'en analyse géopolitique. François est historien de formation, en plus de détenir un certificat en journalisme de l’Université Laval. Il a réussi le Cours sur le commerce des valeurs mobilières au Canada (CCVM) de l’Institut canadien des valeurs mobilières et il a fait des études de 2e cycle en gestion des risques financiers à l’Université de Sherbrooke durant 15 mois. Il détient aussi un MBA de l'Université de Sherbrooke. François a réalisé plusieurs stages de formation à l’étranger: à l’École supérieure de journalisme de Lille, en France (1996); auprès des institutions de l'Union européenne, à Bruxelles (2002); auprès des institutions de Hong Kong (2008); participation à l'International Visitor Leadership Program du State Department, aux États-Unis (2009). En 2007, il a remporté le 2e prix d'excellence Caisse de dépôt et placement du Québec - Merrill Lynch en journalisme économique et financier pour sa série « Exporter aux États-Unis ». En 2020, il a été finaliste au prix Judith-Jasmin (catégorie opinion) pour son analyse « Voulons-nous vraiment vivre dans ce monde? ».

François Normand