L'Union européenne survivra à un Brexit

Publié le 18/06/2016 à 08:51, mis à jour le 24/06/2016 à 08:43

L'Union européenne survivra à un Brexit

Publié le 18/06/2016 à 08:51, mis à jour le 24/06/2016 à 08:43

ANALYSE DU RISQUE - Les Britanniques ont décidé ce 23 juin que le Royaume-Uni doit quitter l'Union européenne. Oubliez toutefois les scénarios catastrophiques. Malgré le choc économique à venir, l'UE résistera à ce divorce, car la construction européenne est avant tout un projet politique pour maintenir la paix en Europe.

Bien entendu, le départ du Royaume-Uni de l'UE aura un important sur l'économie britannique. Par exemple, ce 24 juin, les bourses européennes plongeaient. Cela dit, il ne faut pas non plus exagérer l'impact de ce processus - l'Europe a vécu bien pire depuis 100 ans!

Un Brexit ne sonnera pas le glas de l'UE.

Les fondations de l'Union sont beaucoup plus solides qu'on ne le croit. Et pour le comprendre, il faut remonter aux origines de l'Union.

Oubliez le libre-échange, le marché commun et l'euro.

L'Union européenne a été créée pour que les Européens cessent de se faire la guerre. Le libre-échange, le marché commun et l'euro ne sont que des moyens pour imposer la paix en favorisant les échanges économiques.

Après la Seconde Guerre mondiale, l'Europe était en ruine. Le Vieux continent était divisé par la Guerre froide. Il fallait donc imposer une paix durable.

Une tâche à laquelle se sont attelés les pères fondateurs de l'UE.

Et quoi de mieux que le commerce entre les peuples pour imposer la paix en Europe.

Le premier jalon de cette construction européenne a été la création de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA), en 1951. Elle a supprimé les droits de douane entre la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas, la France, l'Italie et la République fédérale d'Allemagne.

En 1957, le traité de Rome crée la Communauté économique européenne (CEE), qui est aussi appelée «marché commun».

En 1992, le traité de Maastricht crée finalement l'Union européenne, et renforce l'intégration des pays européens. Et, en 2002, l'euro voit le jour.

Aujourd'hui, l'UE compte 28 pays, dont 19 utilisent l'euro. C'est la deuxième économie mondiale après les États-Unis. Et sa voix compte dans le concert des nations, même si les Européens peinent souvent à parler d'une seule voix sur certains enjeux.

L'UE vit une crise, mais ce n'est pas la première

Les Européens connaissent leur histoire. C'est pourquoi la majorité d'entre eux appuient toujours l'intégration européenne.

Cela dit, l'Union vit sans conteste une crise avec le référendum du 23 juin au Royaume-Uni. Et ce n'est pas la seule crise.

La Russie menace d'intervenir dans les pays d'Europe orientale de l'UE qui abritent d'importantes minorités russophones, au premier chef dans les trois pays baltes.

La Grèce est toujours au bord du gouffre en raison de son endettement élevé.

La montée en puissance des partis populistes xénophobes, anti-mondialisation et «eurospectiques» en Europe exerce une pression sur les gouvernements.

Plus inquiétant encore, l'Europe centrale postcommuniste semble vouloir tourner le dos au modèle démocratique libéral occidental. Par exemple, des pays comme la Hongrie et la Pologne inquiètent en raison de leurs dérives autoritaires.

Depuis 1945, les Européens ont fait face à maintes crises. Par exemple, la chute du communisme, la réunification allemande et l'intégration des pays d'Europe de l'Est ont représenté tout un défi.

Le départ du Royaume-Uni en représentera tout un, car son économie compte pour 18% du PIB de l'UE.

Malgré tout, le pays continuera d'avoir des échanges économiques en Europe. Le Royaume-Uni tentera certainement de négocier une entente de libre-échange avec Bruxelles.

L'Islande a déjà ce type de partenariat avec l'UE, grâce à l'accord sur l'Espace économique européen (EEE). Il garantit la libre circulation des marchandises, des services, des capitaux et des personnes entre l'Islande et les 28 pays de l'Union.

Bref, dans la foulée du Brexit, le calme reviendra après la tempête.

La construction européenne garantit la paix en Europe depuis 1945.

La plupart des Européens le savent. C'est pourquoi la probabilité est pratiquement nulle qu'une sortie du Royaume-Uni sonne le glas de l'Union européenne. D'autres pays pourraient-ils partir?

C'est un risque. Mais d'autres veulent y entrer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À propos de ce blogue

Dans son analyse Zoom sur le monde, François Normand traite des enjeux géopolitiques qui sont trop souvent sous-estimés par les investisseurs et les exportateurs. Journaliste au journal Les Affaires depuis 2000 (il était au Devoir auparavant), François est spécialisé en commerce international, en entrepreneuriat, en énergie & ressources naturelles, de même qu'en analyse géopolitique. François est historien de formation, en plus de détenir un certificat en journalisme de l’Université Laval. Il a réussi le Cours sur le commerce des valeurs mobilières au Canada (CCVM) de l’Institut canadien des valeurs mobilières et il a fait des études de 2e cycle en gestion des risques financiers à l’Université de Sherbrooke durant 15 mois. Il détient aussi un MBA de l'Université de Sherbrooke. François a réalisé plusieurs stages de formation à l’étranger: à l’École supérieure de journalisme de Lille, en France (1996); auprès des institutions de l'Union européenne, à Bruxelles (2002); auprès des institutions de Hong Kong (2008); participation à l'International Visitor Leadership Program du State Department, aux États-Unis (2009). En 2007, il a remporté le 2e prix d'excellence Caisse de dépôt et placement du Québec - Merrill Lynch en journalisme économique et financier pour sa série « Exporter aux États-Unis ». En 2020, il a été finaliste au prix Judith-Jasmin (catégorie opinion) pour son analyse « Voulons-nous vraiment vivre dans ce monde? ».

François Normand