L'échec du décollage économique de l'Afrique serait catastrophique

Publié le 20/06/2015 à 07:28

L'échec du décollage économique de l'Afrique serait catastrophique

Publié le 20/06/2015 à 07:28

L'Afrique doit créer 29 millions d'emplois par année d'ici 2030. (Photo: Bloomberg)

ANALYSE DU RISQUE - D'ici 2050, la population de l'Afrique va presque doubler pour atteindre deux milliards d'habitants. C'est pourquoi le continent doit absolument réussir son décollage économique, car un échec déstabiliserait la région, l'Europe et le Moyen-Orient.

L'Afrique compte actuellement 1,1 milliard d'habitants. Dans les 35 prochaines années, il se rajoutera donc 900 millions de personnes, soit presque trois fois l'équivalent de la population des États-Unis. Tant et si bien qu'un habitant sur quatre habitera en Afrique en 2050, selon l'Unicef - c'est environ 15% à l'heure actuelle.

Le risque, c'est que l'Afrique n'arrive pas à développer suffisamment son économie pour éduquer et employer ces centaines de millions de nouveaux jeunes qui peupleront le continent. Selon plusieurs analystes, ce boom démographique est une véritable bombe à retardement.

Historiquement, les régions du monde où des jeunes ont été massivement au chômage ont souvent été instables et sujettes aux guerres, sans parler de la montée du terrorisme et de l'effondrement de certains États.

Dans une récente analyse sur l'Afrique, Le Monde rappelle que ce sont en partie des jeunes au chômage et en colère contre la montée des inégalités et les autorités qui ont été à l'origine du « printemps arabe » en Afrique du Nord, en 2010-2011.

Et pour les pays africains, le défi sera de taille, voire herculéen, pour créer les emplois afin d'intégrer tous ces jeunes.

En mai, la Banque africaine de développement (BAD) a publié un rapport dans lequel elle souligne que les économies africaines vont devoir créer 29 millions d'emplois par année d'ici 2030 pour intégrer sur le marché du travail tous ces nouveaux jeunes actifs.

Vous avez bien lu: 29 millions!

Pour mettre les choses en perspectives, les États-Unis ont créé 3,1 millions d'emplois en 2014, soit le niveau le plus élevé depuis 1999, selon le Bureau of Labor Statistics.

L'Afrique peut-elle vraiment créer neuf fois plus d'emplois par année qu'aux États-Unis d'ici 2030? Plusieurs observateurs en doutent.

Le type d'emplois que l'Afrique devra créer est aussi un autre enjeu de taille pour les économies africaines. Voici pourquoi.

À propos de ce blogue

Dans son analyse Zoom sur le monde, François Normand traite des enjeux géopolitiques qui sont trop souvent sous-estimés par les investisseurs et les exportateurs. Journaliste au journal Les Affaires depuis 2000 (il était au Devoir auparavant), François est spécialisé en commerce international, en entrepreneuriat, en énergie & ressources naturelles, de même qu'en analyse géopolitique. François est historien de formation, en plus de détenir un certificat en journalisme de l’Université Laval. Il a réussi le Cours sur le commerce des valeurs mobilières au Canada (CCVM) de l’Institut canadien des valeurs mobilières et il a fait des études de 2e cycle en gestion des risques financiers à l’Université de Sherbrooke durant 15 mois. Il détient aussi un MBA de l'Université de Sherbrooke. François a réalisé plusieurs stages de formation à l’étranger: à l’École supérieure de journalisme de Lille, en France (1996); auprès des institutions de l'Union européenne, à Bruxelles (2002); auprès des institutions de Hong Kong (2008); participation à l'International Visitor Leadership Program du State Department, aux États-Unis (2009). En 2007, il a remporté le 2e prix d'excellence Caisse de dépôt et placement du Québec - Merrill Lynch en journalisme économique et financier pour sa série « Exporter aux États-Unis ». En 2020, il a été finaliste au prix Judith-Jasmin (catégorie opinion) pour son analyse « Voulons-nous vraiment vivre dans ce monde? ».

François Normand