Santé psychologique : n’en faites pas du brocoli !

Publié le 20/11/2018 à 14:44

Santé psychologique : n’en faites pas du brocoli !

Publié le 20/11/2018 à 14:44

Les problèmes de santé psychologique au travail sont en augmentation et les coûts associés à l’absentéisme et au présentéisme, de plus en plus lourds. Pourtant, beaucoup d’entreprises sont encore hésitantes à intervenir en prévention. On en discute avec Caroline Biron, professeur agrégée au département de management de l’Université de Laval. Mme Biron sera parmi les invités de la conférence Santé psychologique, présentée par les Événements Les Affaires, le 22 janvier prochain, à Montréal.

Pourquoi la situation est-elle ainsi ?

Caroline Biron : Il faut d’abord comprendre qu’il ne suffit pas de soigner la détresse psychologique d’un individu. Il faut également soigner l’entreprise et son mode d’organisation.

Que voulez-vous dire ?

C.B. : Depuis des années, on enseigne aux employés à relaxer, à méditer, à adopter de bonnes habitudes de vie. Par contre, on se rend compte que les entreprises sont plus frileuses, elles, à revoir leur méthode de travail, l’ensemble de leur organisation ainsi que la formation de leur gestionnaire. Les entreprises se doivent aujourd’hui d’avoir des politiques, des pratiques et des procédures pour instaurer un climat de sécurité psychosocial. Comme elles le font d’ailleurs en matière de santé et sécurité au travail. En Australie, des études ont démontré que l’instauration de ces climats réduit de 16% le développement de symptômes dépressifs, ils réduisent également de 14% les tensions au travail.

Pourquoi trop d’entreprises tardent-elles encore à instaurer ces climats psychosociaux ?

C.B : On constate que les risques psychosociaux, c’est comme le brocoli dans l’assiette aux yeux des gestionnaires. C’est bon pour la santé, mais ce n’est pas tout le monde qui veut en manger. Plusieurs études ont pourtant démontré l’impact du rôle des gestionnaires sur la santé psychologique des employés. Mais ce sont des humains et ils ont des limites.

Santé psy

Est-ce que le contexte n’est pourtant pas favorable pour instaurer de meilleurs leviers d’intervention ?

C.B : Il reste à voir si les entreprises veulent en faire une priorité. Ça fait 20 ans déjà que je travaille sur ce sujet. Certes, il y a eu des avancées, on a plus de moyens aujourd’hui. Mais il faut continuer de marteler le message pour sensibiliser les entreprises. Et à propos de ce message, il peut varier d’une place à l’autre. Certains vont utiliser qualité de vie, d’autres vont parler de santé mentale, de stratégies de bien-être ou de santé psychologique. En fait, ce sont des différentes formules utilisées selon les modes, mais aussi les stratégies de mobilisation déployées dans les entreprises.

Comment parvenir à établir un meilleur climat psychosocial ?

C.B : Il n’y a pas de recette magique. N’empêche, certains principes y contribuent, notamment les communications, la participation et l’engagement de la direction. Favoriser la flexibilité des horaires et des espaces de travail, revoir le processus de participation des employés dans la prise de décision et souligner les bons coups peuvent faire partie de la solution. Et n’oubliez pas, plus les gestionnaires prennent soin de leurs employés, plus ces derniers aiment leur travail !

À propos de ce blogue

En coulisses est le blogue des Événements Les Affaires. Nous vous proposons un accès privilégié aux meilleures pratiques de la communauté d’affaires québécoises qui sont partagées lors de nos conférences. Chaque semaine, nous discutons avec certains des gestionnaires qui ont accepté d’être conférenciers à nos événements, afin de vous présenter des idées concrètes pour vous aider dans votre réflexion et répondre à vos préoccupations d'affaires.