Résidence pour aînés: où iront les baby-boomers?

Publié le 27/09/2017 à 13:18

Résidence pour aînés: où iront les baby-boomers?

Publié le 27/09/2017 à 13:18

Au Québec, plus de 18% des personnes âgées de 75 ans et plus vivent en résidence pour aînés. Une situation unique au pays. Est-ce pour autant un marché en croissance continue ? Où iront les baby-boomers qui sont maintenant âgés de 52 ans à 71 ans?

«Il y a encore beaucoup d’incertitudes sur quelle sera la trajectoire des baby-boomers sur le marché résidentiel. Parallèlement, des enjeux vont survenir avec le vieillissement de la population qui se traduira par davantage de gens en perte d’autonomie. Il faudra sans doute multiplier les produits actuels.»

C’est en résumé le mot d’ouverture qu’a tenu Kevin Hughes, économiste régional à la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) lors de la 2e conférence Résidence pour aînés, présentée par les Événements Les Affaires, le 21 septembre dernier, à Montréal.

Une «silver économie» qui bouge

«On surveille de près les mouvements de la "silver économie". Les baby-boomers sont une génération dont une personne sur deux a contribué à un fonds de pension», a souligné Sébastien Lavoie, économiste en chef chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne, lors d’un panel portant sur les opportunités et les défis pour le marché.

Où iront-ils? L’économiste observe actuellement une migration des personnes de 65 ans et plus de la région du Grand Montréal vers la Montérégie, les Laurentides et Lanaudière. Des régions qui, selon lui, devraient présenter de belles opportunités de développement immobilier pour les promoteurs.

Surveillez les TOD

De l’avis du panelliste Jean Laurin, président et chef de la direction de l’agence immobilière NKF Devencore, les infrastructures en matière de mobilité vont influencer le marché des résidences pour aînés. «Il faudra surveiller de près le développement des TOD, à Laval et Brossard.» Les TOD qui signifient Transit-Oriented-Development, sont des collectivités urbaines qui s’articulent autour du transport collectif.

«La construction du Réseau électrique métropolitain (REM), (projet de la Caisse de dépôt et de placements du Québec qui reliera, entre autres, le centre-ville de Montréal et le nouveau développement Solar Uniquartier, à Brossard), est justement l’une des infrastructures en transport urbain qui laisse entrevoir de belles opportunités pour le marché résidentiel des aînés sur la Rive-Sud. Ce projet ne se limitera pas qu’à une seule phase. Il y aura une deuxième et une troisième, j’en suis convaincu», a poursuivi Jean Laurin.

expérience citoyen

À ce propos, Andréanne Lavallée, directrice générale du CBRE, un groupe conseils en immobilier, a tenu à rappeler que le développement des résidences pour aînés au Québec continue d’être un marché qui représente un faible taux de risque aux yeux des investisseurs. Un niveau de risque, a-t-elle dit, qui se compare à celui des investissements pour le développement des bureaux de catégorie A dans les centres-villes.

La quête aux standards

Pendant que les experts en économie et en immobilier s’interrogent sur ce que feront les boomers pour leurs vieux jours, la mise en place de nouvelles certifications afin de mieux encadrer le marché des résidences pour aînés se poursuit au pays. Laurie Johnston, présidente et directrice générale de l’Ontario Retirement Communities Association, mène actuellement une mission en collaboration avec les provinces de Québec, de l’Alberta et de la Colombie-Britannique pour parvenir à créer des standards nationaux. «Je reconnais que nous avons des réalités différentes. En Ontario, la plupart de nos résidences offrent des soins. Au Québec, la majorité des résidences s’adressent à des personnes autonomes. N’empêche, il faut travailler ensemble pour créer des standards. Cette collaboration nous permet d’obtenir une bien meilleure crédibilité auprès de nos gouvernements. Des gouvernements qui devront éventuellement devenir de solides partenaires avec nous compte tenu du vieillissement de la population», a soulevé Laurie Johnston.

Une nouvelle certification québécoise en vue

Remarquez, le Québec est sur le point d’adopter une toute nouvelle certification des résidences pour aînés. «Attendez avant de construire, a averti Lucie Labbé, vice-présidente chez Chartwell Québec, qui était participante à l’événement. Il serait plus sage d’attendre la nouvelle certification que le gouvernement libéral doit présenter d’ici la fin de l’année. Cette nouvelle certification, qui devrait comprendre quatre catégories pour les résidences avec et sans soins, impliquera l’embauche de personnel qualifié. Ce qui aura un impact majeur sur les coûts d’opération des résidences.»

Cette nouvelle certification, a poursuivi Lucie Labbé, s’ajoutera aux règles du code du bâtiment qui obligent toutes les résidences à se doter de coupe-feu d’ici mars 2018 et de systèmes de gicleurs d’ici 2020.  Et les promoteurs et gestionnaires devront également composer avec la loi 115 adoptée en mai 2017. Cette loi vise à lutter contre la maltraitance envers les aînés et toute autre personne majeure en situation de vulnérabilité.

«Autant d’éléments, a insisté Lucie Labbé, qui risquent de modifier le portrait du marché des résidences pour aînés au cours des prochaines années.»

Pour en apprendre davantage, participez à la conférence Expérience citoyen qui aura lieu le 13 mars 2018.