Le secret d'Exfo pour réussir ses acquisitions

Publié le 02/05/2017 à 09:59

Le secret d'Exfo pour réussir ses acquisitions

Publié le 02/05/2017 à 09:59

Depuis qu’il a fondé Exfo il y a 32 ans, Germain Lamonde a piloté 15 acquisitions. Son constat : le facteur humain est déterminant dans le succès d’une transaction. C’est pourquoi il n’achète jamais une entreprise sans avoir passé du temps avec chacun des membres de l’équipe de direction de celle-ci.

Entre octobre 2016 et mars 2017, Exfo a réalisé deux acquisitions : la société américaine Absolute Analysis au coût de 8,2 millions de dollars US et la britannique Ontology Systems pour 7,6 millions. Et il y en aura assurément d’autres, car Germain Lamonde vient de céder son fauteuil de PDG pour devenir président exécutif du conseil d’administration et se consacrer notamment à la stratégie d’acquisition.

Il viendra parler de son expérience lors de la première édition de la Conférence Fusions-acquisitions, présentée à Montréal le 7 juin prochain par Les Événements Les Affaires.

L’entreprise de Québec a beau se spécialiser dans les solutions de tests pour l’industrie des télécommunications, son fondateur mise davantage sur les ressources humaines que sur la technologie. «Dans notre domaine, tout change constamment. Acquérir une technologie sans l’équipe capable de la faire évoluer, ça n’a pas de sens. 90 % de la valeur des entreprises que nous ciblons se trouvent dans leur effectif.»

Comme c’est souvent le cas, Germain Lamonde a appris de ses erreurs. Il a fallu que des acquisitions lui réservent de mauvaises surprises pour qu’il améliore ses façons de faire. « Une fois, nos cultures d’entreprise étaient trop différentes. Nous avons dû remplacer toute l’équipe de direction, ce qui nous a fait perdre un temps précieux. »   

Il a alors établi sa règle d’or qui consiste à rencontrer en privé, avant de conclure la transaction, chacun des dirigeants de l’entreprise ciblée.  

Feux rouges

«Lors de ces rencontres, je veux comprendre les motivations et les aspirations des gens, explique-t-il. J’en apprends aussi beaucoup sur les façons de travailler et sur la culture d’entreprise.» Dans un cadre plus informel, lors d’un lunch par exemple, les gens ont tendance à s’ouvrir davantage que lors d’une rencontre en groupe, note-t-il.

Sont-ils capables de se remettre en question ? Veulent-ils toujours faire mieux ? Sont-ils orientés vers le travail d’équipe ? C’est le genre de choses que l’homme d’affaires de 58 ans veut savoir.

«Si la culture d’entreprise est plutôt individualiste, ça ne marchera pas avec nous. Je veux aussi m’assurer que les gens sont prêts à se retrousser les manches pour être les meilleurs, car c’est ce qu’il faut pour être un joueur mondial comme nous.» Exfo compte 1600 employés dans 25 pays.

Pour Germain Lamonde, au moment d’une vérification diligente, il faut se pencher autant sur les équipes que sur les produits et les chiffres. «Si j’avais un conseil à donner, ce serait celui-là, car c’est souvent un élément négligé.»

Ne pas tomber en amour

Quand on travaille des mois sur une acquisition potentielle, il y a un risque de « tomber en amour » avec la cible, constate-t-il. « Les gens ont tendance à se mettre dans un état d’esprit qui les pousse à vouloir faire la transaction même lorsque des signaux laissent soupçonner un problème. Je répète à mon équipe de garder la tête froide. Ce n’est pas parce qu’on envisage d’acheter une entreprise qu’on doit le faire. »

Surtout, ajoute-t-il, que se retirer du processus ne coûte pas grand-chose par rapport à ce qu’il en coûte lorsqu’une acquisition s’avère un échec.

«Pour tout ce que nous faisons, nous avons une philosophie “fail fast” : ce n’est pas grave de se tromper, mais il faut s’en apercevoir rapidement.»