Investir dans la sécurité alimentaire tout en demeurant profitable

Publié le 10/02/2017 à 15:38

Investir dans la sécurité alimentaire tout en demeurant profitable

Publié le 10/02/2017 à 15:38

Se conformer aux normes, mener toutes les analyses, former en continu ses employés ne représentent pas que des coûts.

15% du budget total de l’entreprise. C’est ce qu’investit, au minimum, chaque année, Les Produits alimentaires Berthelet, à Laval, pour se protéger des dangers de la présence d’allergènes dans la transformation de ses 1400 produits. Des produits qui vont des sauces en sachet aux bouillons concentrés en passant par les poudres à dessert.

Formation continue des employés, validation constante des processus, analyses systématiques lors de chaque changement de produit sur les lignes de production… «Un procédé rigoureux qui vaut le coup», a déclaré sans hésitation la vice-présidente ressources humaines chez Berthelet, Dany Miville, devant les 200 participants de la toute première conférence sur la Sécurité alimentaire, présentée par Les Événements Les Affaires, le 7 février dernier. Un investissement, a expliqué Mme Miville, qui se traduit par un taux de satisfaction de livraison des produits frôlant les 100% année après année.

La réglementation, une opportunité pour l'expérience client

«C’est sûr qu’il y a un coût à vouloir se conformer aux normes de sécurité alimentaire», a souligné Jean-Roch Thiffault, directeur général chez Norref, un fournisseur en poissons et fruits de mer des plus importantes chaînes de détail. Lorsque l’entreprise montréalaise a souhaité répondre aux normes fédérales pour élargir son marché de distribution il y a une vingtaine d’années, plusieurs restaurateurs d’ici l’ont avertie que ses prix deviendraient trop chers pour eux.

«On a donc réuni les membres de notre équipe pour développer des processus de qualité, de traçabilité et de transport de nos produits en fonction des besoins de nos clients. L’objectif était de créer une plus-value pour laquelle le client serait prêt à payer le surplus. Et ç’a fonctionné. Il y a 20 ans, Norref vendait en moyenne 75 000 livres de poissons et fruits de mer par semaine. Aujourd’hui, on vend un demi-million de livres par semaine», a raconté M. Thiffault à l’auditoire.

Des petits pots de verres de yogourt qui rapportent

Il va de soi que les soucis en matière de sécurité alimentaire ne doivent pas nuire à l’innovation, a témoigné, pour sa part, Nicolas David, directeur recherche et développement qualité chez Laiterie Chalifoux.

En 2015, l’entreprise de Sorel-Tracy a intégré dans sa gamme de produits des petits pots de yogourt en verre. Déjà que la manipulation de verre en usine requiert des procédés rigoureux, l’entreprise a dû mettre en place tout un système pour éliminer tout risque de contamination avec des allergènes.

« Plus de 5M$ ont été investis pour lancer cette gamme de produits tout en tenant compte des mesures de prévention. Après plus d’un an de commercialisation, cette gamme de yogourts représente 20% des ventes de l’entreprise» a signalé M. David.

Sécurité alimentaire

Adopter de bonnes pratiques pour maintenir les coûts

Remarquez, la sécurité alimentaire ne repose pas uniquement dans l’acquisition de meilleurs équipements. Elle se trouve également dans l’adoption de meilleures pratiques sans augmenter pour autant les coûts, a rapporté Michel Bonenfant, directeur sécurité alimentaire chez Métro Richelieu. «Chez-nous, on doit composer avec un minimum de deux à trois rappels de produits par semaine.

Pour rejoindre plus facilement les quelque 600 magasins de nos différentes bannières, on a instauré un système simple qui consiste d’abord à communiquer l’information par courriel et par message téléphonique enregistré. Notre système permet d’identifier rapidement les magasins qui n’ont pas répondu. Une équipe appelle ces derniers un à un pour s’assurer que 100% des produits rappelés sont retirés des tablettes.»

Un défi pour les années futures

Enfin, le secteur de l’alimentation demeure un défi de taille pour l’humanité, a tenu à rappeler Julie Jean, présidente de l’Association québécoise pour l’innocuité alimentaire, présente à la conférence. Déjà qu’il est difficile de trouver des solutions pour nourrir les 7,4 milliards de gens qui vivent sur la planète, il faudra en trouver davantage pour subvenir aux besoins alimentaires de la population de 2050 qui atteindra les 10 milliards de personne, a-t-elle souligné. Par conséquent, a poursuivi Mme Jean, la production alimentaire va devoir augmenter d’au moins 70%. Ce qui va entraîner des productions alimentaires intensives…et augmenter, du coup, les risques de contamination.

Mme Jean a signalé qu’au Canada, 30% de la population est, chaque année, affectée par des maladies d’origines alimentaires. Salmonelle, E Coli, norovirus, ces contaminations représentent des pertes économiques de 3G$ annuellement. À ce propos, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) a profité de la conférence pour présenter son projet de Loi sur la salubrité des aliments du Canada. L’organisme est actuellement en consultation auprès des entreprises, a indiqué Richard Arsenault, directeur exécutif à l’ACIA. L’agence, a -t-il précisé, souhaite que cette loi entre en vigueur avant la fin de l’année 2018.

Pour plus de détails, assistez à notre conférence Sécurité alimentaire le 6 février 2018.