Il y a de l’argent pour financer les PME... à elles de le trouver

Publié le 05/02/2018 à 12:47

Il y a de l’argent pour financer les PME... à elles de le trouver

Publié le 05/02/2018 à 12:47

Le moment n’a jamais été aussi favorable pour investir. Les investisseurs en capital sont agressifs et les banques sont très ouvertes. Autrement dit, vous avez des projets, c’est le temps de demander du financement. « Vous n’avez pas de projet, trouvez-vous-en un » a fortement conseillé François Gilbert, président d’Anges Québec en ouverture de la conférence Financement PME, présentée par les Événements Les Affaires, le 31 janvier dernier, à Montréal.

Les astres n’ont jamais été aussi bien alignés au Québec, a-t-il insisté. Et il n’y a pas que les sociétés étrangères qui peuvent fournir du capital de risque aux entreprises québécoises. Les PME peuvent désormais trouver ce dont elles ont besoin de ce côté-ci de la frontière, a ajouté M. Gilbert. Il a cité, entre autres, des joueurs telle la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), BDC et Fondaction. Ce dernier, a-t-il précisé, a justement développé une niche auprès des entreprises prônant le développement durable.

Utilisez les mots magiques

« Remarquez, a tenu à avertir François Gilbert, il faut parvenir à convaincre les investisseurs d’embarquer dans vos projets. Chez nous à Anges Québec, plus de 600 PME nous ont fait parvenir leur projet d’investissement l’an dernier. Seulement 34 d’entre eux ont retenu notre attention. » Quels ont été leurs mots magiques ? « International, croissance, reprises d’entreprises…ce sont actuellement les mots à la mode pour attirer notre attention », a déclaré M. Gilbert.

Rémunération globale

Le coup de circuit de Lightspeed

Les mots « international » et « croissance » décrivent justement assez bien la situation de l’entreprise montréalaise Lightspeed qui séduit depuis 2012 les investisseurs de capital de risque d’ici et d’ailleurs. L’automne dernier, cette plateforme virtuelle de points de vente pour détaillants et restaurants a bénéficié d’un investissement en capital de risque record de 166M$ US, soit le plus important montant du genre accordé à une entreprise canadienne en 2017. Et c’est la Caisse de Dépôt de Placement du Québec (CDPQ), en collaboration avec Investissement Québec, iNovia Capital et la Silicon Valley Bank, qui a effectué ce coup.

Dax Dasilva, fondateur de Lightspeed, figurait d’ailleurs parmi les invités de la conférence pour venir partager ses expériences de financement depuis la création de son entreprise en 2005. « Pendant sept ans, a-t-il tenu à rappeler, l’entreprise a évolué sans investissement extérieur. Lightspeed devait d’abord se définir selon ses propres termes, sa culture et ses codes avant d’ouvrir ses coffres à d’autres. »

Du capital de risque qui a propulsé l’entreprise

C’est au cours d’une exposition commerciale à New York que Lightspeed s’est fait approcher par le groupe Accel Partners. Conquis par le produit, ces investisseurs de Palo Alto, en Californie, qui avaient déjà investi dans Facebook, Groupon et Angry Bird, lui ont proposé 30 M$ US pour propulser Lightspeed à un autre niveau. L’entreprise montréalaise qui comptait alors 55 employés en recense aujourd’hui plus de 600. Notamment à Montréal, mais aussi à Ottawa, à Amsterdam (Pays-Bas), à Gant (Belgique), à Brisbane (Australie), ainsi qu’à New York et en banlieue de Seattle. Active dans plus de 100 pays, Lightspeed traite un volume annuel de transactions de plus de 15 G$ US et compte près de 50 000 clients, dont Espace Ricardo, Urban Bonfire pour ne nommer que ceux-là.

Né à Vancouver, l’entrepreneur a adopté Montréal en 2001. Et il a réaffirmé devant l’auditoire qu’il n’avait pas du tout l’intention de changer d’adresse. Malgré l’intérêt de capital de risque étranger, le siège social est à Montréal, et il le restera, a souligné M. Dasilva. « Nous sommes désormais une entreprise internationale, et Montréal est une ville idéale pour le mélange de diversité et de créativité », a-t-il indiqué.

Et que pense-t-il d’une éventuelle introduction en bourse ? « On y songe. Mais nous avons besoin encore de plusieurs métriques, beaucoup de métriques d’ailleurs, pour prendre cette décision », a-t-il répondu.

Soyez transparents avec vos investisseurs

Dax Dasilva a soulevé que l’honnêteté des entrepreneurs demeure une qualité essentielle face aux investisseurs. Une transparence dont a également fait mention Matthieu Laroche, cofondateur et président de Cartouches certifiées, conférencier invité. Pour l’anecdote, cet entrepreneur est reconnu comme ayant été le premier candidat à avoir séduit tous les dragons de la première émission de la saison 1…et de leur avoir dit non.

« Cette transparence face à nos investisseurs enlève beaucoup de poids sur nos épaules, a soulevé Mathieu Laroche. On ne leur cache donc pas les épreuves que traverse actuellement l’entreprise en termes de liquidité. D’ailleurs, au fil des ans, j’ai compris un principe. Lorsqu’une entreprise doit 200 000$ à sa banque, c’est l’entrepreneur qui stresse. Mais quand l’entreprise doit 2 M$, là, c’est le banquier qui stresse. D’où l’importance, à mon avis, de faire preuve de franchise. » Propos qui ont fait éclater de rire toute la salle.