Gestionnaires SST, agissez comme des vendeurs

Publié le 30/09/2017 à 10:38

Gestionnaires SST, agissez comme des vendeurs

Publié le 30/09/2017 à 10:38

Dans un contexte de changement ou de décroissance, la santé-sécurité au travail descend parfois un peu sur la liste des priorités. Comment maintenir le cap et préserver les acquis ?

« Comme gestionnaires en santé-sécurité, on est des passionnés, on veut sauver le monde, mais il faut aussi avoir une pensée d’affaires et demeurer en mode vente », a dit Christine Venditto, directrice santé, sécurité et environnement chez le fabricant de robinetterie industrielle Velan, lors de la conférence Santé et sécurité du travail présentée par les Événements Les Affaires le 27 septembre dernier.

« Et si vous vous faites dire “calme-toi un peu, on a une grosse année, on n’a pas le temps pour ça”, continuez quand même à agir comme des vendeurs, a-t-elle poursuivi. Faites des mini-succès. Continuez à faire parler de vous. »    

Vos performances en santé-sécurité sont bonnes ? Ne tombez pas dans le piège de relâcher la gestion et d’être moins visible, a mis en garde Nathalie Boily, conseillère santé, sécurité et environnement chez Bombardier Aéronautique. « Les acquis dans ce domaine sont toujours fragiles et il faut peu de temps pour les perdre. »

Des idées pour mieux performer

Parmi les bonnes pratiques présentées lors du panel animé par Marie Laberge, consultante en système de gestion SST, il y a l’utilisation d’indicateurs prédictifs. « Nous ne mesurons pas seulement notre performance, mais aussi des indicateurs prédictifs comme le taux de participation des employés et l’existence de comités SST locaux, a dit Claude Lechasseur, conseiller santé et sécurité du travail CSeries/Global 7000 chez Bombardier. C’est mesuré au même titre que le sont les livraisons, les coûts, la production. Il ne suffit pas d’avoir un plan en santé-sécurité, il faut aussi mesurer son application. »

Chez Bombardier, la majorité de la gestion de la SST est entre les mains des gestionnaires des opérations. La condition pour que ça fonctionne ? Des outils de gestion simples et efficaces. « Étant donné notre contexte d’affaires actuel, il faut faire plus avec moins, a mentionné Nathalie Boily. Nous avons donc évalué tous nos outils pour en garder quatre que nous allons optimiser cette année pour que les gens continuent à faire leur devoir en santé-sécurité. Plus les outils sont simples, plus ils sont utilisés. »

Parfois, il faut attendre le bon moment pour donner vie à une idée. Il y a quelques années, Christine Venditto avait suggéré que chaque travailleur fasse une inspection quotidienne des risques potentiels de son poste à l’aide d’une fiche de vérification. L’idée n’avait pas reçu l’aval de la direction qui craignait des pertes de temps. Et puis, un changement à la direction a amené d’autres façons de faire et l’inspection quotidienne est devenue une réalité. 

Maintenance et fiabilité industrielles

« J’ai demandé aux membres de mon équipe de ne plus s’assoir à leur bureau entre 7 h et 9 h. Ils doivent être sur le plancher pour coacher les employés et les superviseurs à faire leur audit. »  

Chez Velan, les vice-présidents doivent aussi aller une fois par mois dans l’usine pour inspecter les lieux de travail en compagnie d’un employé de production. Cette pratique, importée d’une usine italienne du groupe, démontre l’engagement de la haute direction envers la santé-sécurité, a fait valoir Mme Venditto.

« Laissez le drame à Claude Legault »

L’humour est une arme efficace pour former les employés à la santé-sécurité, a affirmé Claude-Michel Bleau, producteur exécutif de Panache Studios lors d’une présentation sur la formation en ligne. « Pour parler des risques en santé-sécurité, laissez le drame à Claude Legault. C’est bien pour les campagnes de sensibilisation, mais pour former les gens aux bonnes pratiques, l’humour est préférable. Elle favorise la sécrétion d’endorphines et de dopamines chez les apprenants qui seront plus disposés à retenir l’information. »

Pour un meilleur retour sur l’investissement, il importe de présenter l’information sous la bonne forme, selon Stéphane Paré, directeur de Novo Studio. « On pense parfois que si on filme un employé qui accomplit une tâche ou que si on bâtit une formation en ligne avec des PDF, ça va faire la job. Eh bien, non. Il y a des règles à respecter pour capter l’attention. »

Son collègue Claude-Michel Bleau l’a prouvé en tenant l’auditoire en haleine avec une supposée mésaventure arrivée à son fils. « Les gens aiment se faire raconter des histoires. Ne vous limitez pas à des textes à l’écran. Utilisez l’humour, le rythme, le storytelling pour avoir l’attention des apprenants. »  

Par ailleurs, n’essayez pas de tout dire dans votre formation en ligne. « Il faut décortiquer l’information pour en retirer l’essentiel, a indiqué Stéphane Paré. Le travailleur pourra ensuite continuer son apprentissage sur le terrain avec ses pairs. »

Il a donné l’exemple d’une formation sur la conduite des chariots élévateurs qui est passée de 3 heures en salle à 30 minutes en ligne. « Nos clients ont maintenant plus de temps pour accompagner les nouveaux employés lorsqu’ils commencent à manœuvrer l’équipement et qu’ils font face à diverses situations. Décharger des bardeaux, du gypse ou de la laine minérale, ça ne se fait pas de la même façon ! »

Pour en apprendre davantage, participez à la conférence Maintenance et fiabilité industrielles qui aura lieu le 24 janvier 2018.