«Avec le temps, notre système sera de plus en plus intelligent et autonome»

Publié le 02/02/2018 à 15:29

«Avec le temps, notre système sera de plus en plus intelligent et autonome»

Publié le 02/02/2018 à 15:29

(Fruit d'Or)

Une usine détruite par le feu, c’est une tragédie. Mais pour le transformateur de canneberges Fruit d’or, ç’a été aussi l’occasion de prendre le virage vers l’usine 4.0. Et il ne reviendrait pas en arrière.

« Notre ancienne usine avait été raboutée plusieurs fois pour augmenter sa capacité et ç’aurait été très compliqué de la faire évoluer vers le 4.0, dit Stéphanie Chagnon, vice-présidente exploitation de Fruit d’or. Quand l’incendie est survenu en 2015, nous avons saisi la chance de rebâtir avec des équipements dernier cri. »

Réseaux d’automates, logiciel d’acquisition de données, intelligence artificielle, données connectées, logiciel de traçabilité… Depuis deux ans, l’entreprise a investi quelque 70 millions de dollars dans sa nouvelle usine de Plessisville. Il sera possible de la visiter en marge de la conférence Usine 4.0, présentée le 14 mars prochain à Québec par les Événements les Affaires. Une visite guidée est en effet organisée la veille de la conférence, soit le 13 mars.

L’immense séchoir à canneberges de 300 pieds de long sera sans nul doute le clou de la visite. Comme les autres équipements, il est doté de plusieurs sondes qui enregistrent une foule de données : température, débit, vitesse, pression, etc. « En interprétant ces données, le système adapte le procédé aux diverses variations, explique Mme Chagnon. Par exemple, si le taux d’humidité est trop élevé, il ouvre les valves vers l’extérieur. Il peut aussi contrôler lui-même les brûleurs. »

Et grâce à l’intelligence artificielle, il pourra bientôt anticiper ce qui s’en vient et ajuster les paramètres en conséquence. Prenons l’hypothèse où la production débute avec une quantité moindre de fruits que d’habitude. Il faut alors diminuer la température de séchage ; sinon, les canneberges seront croûtées. Sachant combien de temps il leur faut pour arriver au séchoir, le système ajustera la température juste au bon moment pour qu’elles soient séchées à la perfection.

« Plus le logiciel acquerra de données, plus il sera intelligent et autonome », souligne Mme Chagnon.

Tout comme le procédé, les services sont aussi reliés à des automates, permettant ainsi d’optimiser la ventilation, la réfrigération et le chauffage de même que l’utilisation d’eau, de vapeur et d’air. « L’usine autorégule sa consommation et s’améliore constamment, souligne la vice-présidente. En comparaison avec l’ancienne usine, nous utilisons par exemple 40 % moins d’eau par livre de fruits produite. »

Usine 4.0

Des employés connectés

Qui dit automatisation et intelligence artificielle dit aussi programmation. Pour effectuer le virage 4.0, l’entreprise de 240 employés a dû embaucher des programmeurs. Et, on s’en doute, la nature du travail des employés de la production a changé.

« Les opérateurs travaillent beaucoup moins physiquement qu’avant, car la transformation des fruits s’effectue en systèmes fermés », dit l’hôtesse de la visite guidée. Par exemple, dans l’ancienne usine, les poches de sucre étaient manipulées par des chariots élévateurs. La nouvelle usine utilise du sucre liquide entreposé en silo qui n’exige aucune manutention. Autre exemple : auparavant, la validation du poids des produits se faisait manuellement tandis qu’une machine effectue cette tâche aujourd’hui.

« Maintenant, les employés sont connectés, dit Mme Chagnon. Ils suivent les paramètres des équipements et du procédé à partir de leur tablette et ils font des tests sur les fruits. Leur travail en est plus un de réflexion et d’analyse. »  

Les employés travaillent aussi avec l’outil de communication collaborative Poka, une technologie québécoise destinée aux manufacturiers. « Chaque machine est munie d’un code QR que l’employé peut scanner afin de connaître l’historique des problèmes ou accéder à des vidéos sur les procédures d’entretien, poursuit Mme Chagnon. Poka a aussi une fonction permettant de transmettre l’information d’un quart de travail à l’autre, ce qui est très utile pour une usine qui fonctionne jour et nuit. »

Prochaine étape ? Intégrer la connectivité à l’ensemble de la chaîne de valeurs. « Nous voulons notamment permettre aux clients de passer leurs commandes sur notre plateforme et de suivre l’évolution de celle-ci jusqu’à la livraison », conclut la vice-présidente exploitation de Fruit d’or. 

À propos de ce blogue

En coulisses est le blogue des Événements Les Affaires. Nous vous proposons un accès privilégié aux meilleures pratiques de la communauté d’affaires québécoises qui sont partagées lors de nos conférences. Chaque semaine, nous discutons avec certains des gestionnaires qui ont accepté d’être conférenciers à nos événements, afin de vous présenter des idées concrètes pour vous aider dans votre réflexion et répondre à vos préoccupations d'affaires.