Augmentez votre productivité, impliquez la maintenance dans vos projets

Publié le 01/02/2018 à 13:50

Augmentez votre productivité, impliquez la maintenance dans vos projets

Publié le 01/02/2018 à 13:50

Tout nouveau projet d’agrandissement et de modernisation dans une usine suit généralement un processus établi depuis des années. Les ingénieurs et les gestionnaires de l’entreprise fixent un plan, un budget et un choix d’équipement. Ensuite, ces décideurs présentent le projet final au personnel de l’usine qui doit s’y ajuster. L’an dernier, chez Agropur, à Saint-Hyacinthe, on a fait autrement.

« La direction a impliqué dès le départ des employés de maintenance dans le processus décisionnel de la modernisation de l’équipement d’emballage. Une initiative qui a tellement bien fonctionné qu’elle va se répéter pour tout prochain projet », a fait savoir Pascal Pagé, chef maintenance et ingénierie chez Agropur. M. Pagé était un des invités de la conférence Maintenance et fiabilité industrielles, présentée par les Événements Les Affaires, le 24 janvier dernier, à Montréal.

Demandez-leur leur avis

Pour la toute première fois, l’équipe de M. Pagé a appliqué le modèle VOC (ce qu’on appelle la voix du client), avant de procéder à son projet de modernisation. « Conscient que notre dizaine d’employés de maintenance ont une connaissance accrue de l’usine et de l’équipement qu’ils entretiennent, nous avons demandé leur avis dès le départ. Que devrait-on acheter comme équipement ? Quels fournisseurs devrait-on privilégier ? Comment devrions-nous disposer les nouveaux convoyeurs dans l’usine pour en faciliter la maintenance et les réparations en cas de bris ? Autant de questions qui nous ont permis de réaliser un projet qui, aujourd’hui, réduit considérablement les temps de réparation et d’intervention », a raconté Pascal Pagé.

En fait, a-t-il dit, ils ont abordé tous les problèmes avant même qu’ils ne surviennent. « Des discussions qui se sont déroulées dans la bonne entente et non en situation de tension comme cela se produisait avant. »

Meilleur approvisionnement …et beaucoup moins de résistance aux changements

Cette initiative, a souligné M. Pagé, s’est également traduite par une standardisation des composantes du matériel. L’équipe de maintenance a suggéré d’opter pour des équipements dont elle connaissait déjà les composantes. Ce qui facilite par la suite l’approvisionnement de pièces en cas de bris et remplacement. En plus, cette nouvelle façon de faire permet de négocier de bien meilleurs prix auprès de nos fournisseurs, a signalé M. Pagé. « Et cette méthode n’a pas coûté plus cher que ce que l’on faisait avant. Ni en argent ni en temps. »

Évidemment, les acteurs traditionnels qui participent généralement aux changements peuvent être heurtés par cette nouvelle façon de faire, a soulevé M. Pagé.  Mais les résultats sont là pour démontrer que l’entreprise a eu raison de prendre ce virage maintenance. « Cette initiative a suscité beaucoup plus de questions, de transparence et une plus grande mobilisation au sein de l’entreprise. Ce qui a eu pour effet de réduire grandement la résistance aux changements. »

Usine 4.0

La maintenance : une alliée précieuse dans le Grand Nord

Le secteur minier constitue un autre bel exemple où l’implication précoce de la maintenance dans la planification des décisions est fondamentale au succès d’une entreprise. Pierre Laberge, ingénieur et surintendant de la maintenance mobile d’Agnico Eagle, au Nunavut, est venu en témoigner lors de la conférence.

Pour la mise en contexte, la mine d’or Meadowbank d’Agnico Eagle est située à Kivalliq, à quelque 300 km à l’ouest de la Baie d’Hudson. Le coût de transport en mer (40 cents le kg) coûte 20 fois moins cher que celui par la voie des airs. Le transport maritime est toutefois accessible de la mi-juillet à la mi-septembre. Et la cargaison qui part de Bécancour prend au moins deux semaines à rejoindre le site de la mine situé à 110 km au nord de Baker Lake. « Il suffit de rater les commandes du printemps en prévision des cargos de juillet pour que l’on soit obligé de manœuvrer en mode urgence toute l’année », a signalé M. Laberge.

Planifiez, planifiez, et encore planifiez

Avant même d’aborder la fiabilité, les opérations, c’est la planification de la gestion des stocks, qui comprend plus de 350 équipements, qui demeure essentielle. L’équipe de maintenance est fonctionnelle sept jours sur sept, 24 heures sur 24. Elle réunit plus de 145 techniciens et cadres qui travaillent en rotation. Des rencontres matinales d’une trentaine de minutes ont lieu tous les jours afin de présenter un bilan des dernières 24 heures.

Ce sont au total plus de 20 000 bons de travail par année avec lesquels doit composer l’équipe de M. Laberge. Des rapports au sein desquels, les employés de la maintenance doivent indiquer les pièces commandées, les défaillances, les descriptions et surtout le temps estimé des réparations. « Une estimation qui doit inclure le temps de déplacement, la mise en place des outils et la réparation elle-même. Tout doit être prévu au chiffre et à la lettre près », a souligné M. Laberge.

Au final, le ratio maintenance planifiée atteint une note de 65% en hiver, et de 70% en été.  Ce qui est très appréciable, a souligné M. Laberge en zone très éloignée. Il cible néanmoins une note de 75% au cours de la prochaine année.