Gros, oui, mais pas anonymes. Les nouveaux projets immobiliers se veulent des milieux de vie rassembleurs où on trouve des espaces communs inspirants… et même des amis.
« Notre expertise, c’est de créer des lieux qui créent des liens », a souligné Laurence Vincent, vice-présidente, ventes et marketing, de Prével, lors de la conférence Marché de l’habitation, présentée par la SCHL et les Événements Les Affaires, le 14 novembre à Montréal.
Prével a lancé récemment la quatrième phase du 21e arrondissement, un projet résidentiel et commercial qui vise à recréer une vie de quartier à l’européenne. Situé à la jonction de Griffintown et du Vieux-Montréal, le complexe de 900 unités d’habitation s’articule autour d’un square public bordé de commerces gourmands.
En 1996, après avoir réalisé un immeuble doté d’une terrasse sur le toit, l’entreprise avait constaté que les occupants y allaient davantage pour socialiser que pour utiliser les barbecues. Depuis, elle intègre à ses projets des espaces qui favorisent les rencontres. « Au Lowney, dans Griffintown, on a vu des amitiés se forger, des couples prendre forme et même des bébés se pointer », a dit Laurence Vincent. Outre le square, un grand salon avec foyers et un jardin d’hiver abondamment fenestré font partie de l’offre du 21e arrondissement.
Faut se parler
Même objectif de socialisation pour le futur Espace Montmorency du promoteur Montoni à Laval, un projet de 1,4 million de pieds carrés combinant bureaux, hôtel, commerces, appartements et résidence pour retraités actifs.
« Je me souviens de mon premier appartement, a dit Mike Jager, directeur du développement des affaires. J’avais beaucoup de voisins, mais j’étais isolé. Avec Espace Montmorency, nous introduisons le concept SocieT, une nouvelle façon de vivre dans un esprit de communauté et d’ouverture. »
Le complexe, dont la construction commencera cet hiver, comprendra des appartements de 250 à 900 pieds carrés. Chaque étage résidentiel sera doté d’une cuisine collective. Il y aura plusieurs terrasses, une cour intérieure et des animateurs qui donneront des cours de cuisine et de yoga. « Nous voulons que les gens connaissent leurs voisins, qu’ils ressentent un sentiment d’appartenance », a indiqué Mike Jager.
« La bataille entre les développeurs se fait beaucoup sur les aires communes », a affirmé Mathieu Jobin, associé et directeur général de Devimco Immobilier qui a entrepris récemment la construction de la première phase du Solar Uniquartier, à Brossard, un investissement d'1,3 milliards de dollars situé au croisement des autoroutes 10 et 30. « Notre budget pour les espaces partagés est de 2,8 millions de dollars. Les gens veulent être gâtés. »
Les promoteurs doivent toutefois savoir doser les espaces communs. « Nos études de marché révèlent que les occupants des condos et des appartements préfèrent avoir leurs propres espaces, a signalé Laurence Vincent. Deux centres sportifs, deux lobbys, deux noyaux d’ascenseurs… Il y a évidemment un prix à ça. »
Métro ou auto ?
Situé au cœur du nouveau centre-ville de Laval, Espace Montmorency se veut un projet TOD (Transit-Oriented Development). « C’est le seul site à Laval qui aura un accès direct au métro par souterrain, a affirmé Mike Jager. Vous pourrez être au centre-ville de Montréal en 25 minutes sans même avoir à mettre un manteau en hiver. » À proximité de la Place Bell, le projet comprendra néanmoins 1800 espaces de stationnement intérieur.
« Nous voulons favoriser la mobilité active, mais la réalité c’est que les gens prennent encore leur auto », a pour sa part constaté Mathieu Jobin dont le projet est lui aussi TOD.
Le complexe de 4 millions de pieds carrés de bâtiments sera relié par passerelle à la gare du futur Réseau électrique métropolitain (REM). Il sera aussi desservi par le réseau d’autobus de la Rive-Sud. « Avec le REM, les occupants pourront passer de leur salon à la Place Bonaventure en 12 minutes », a fait valoir Mathieu Jobin.
Capacité d’adaptation
« Pour d’immenses projets comme le nôtre qui comprendra à terme 1400 unités d’habitation, la synergie entre le promoteur et les autorités municipales est absolument nécessaire », a insisté Mathieu Jobin.
Par exemple, Solar sera composé de plusieurs copropriétés horizontales qui régiront les relations entre les différentes composantes : condos, appartements, commerces, bureaux, résidence pour personnes âgées, etc. À cela, s’ajouteront les copropriétés de condos. « Toutes ces copropriétés vont interagir entre elles grâce à des servitudes, a poursuivi le conférencier. Ça prend un corpus réglementaire qui permet ce genre de détention. Il faut donc une excellente collaboration avec la ville. »
Le promoteur Montoni a quant à lui modifié son projet initial. « Au départ, nous voulions faire seulement des bureaux, a dit Mike Jager. Mais après des discussions avec la ville et des citoyens, nous avons ajouté un hôtel et des unités résidentielles. »
Pour Laurence Vincent, les commerces de proximité dans une grande ville sont essentiels, car « ils créent de la vie et permettent de se sentir chez soi ». Dans un projet comme le 21e arrondissement, ils doivent être « une extension de la maison ». Concrétiser cette vision lui a toutefois donné du fil à retordre. « Le sous-chef qui voulait un resto, l’artisan qui voulait un bar, je les rencontrais tous personnellement parce que je voulais choisir l’humain derrière le comptoir. Mais après 50 rencontres et aucun bail de signé, j’ai dû me faire aider. » Toujours en construction, le projet compte aujourd’hui le tiers des commerces prévus.
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