Weston mise sur la rapidité pour percer le cybercommerce

Publié le 03/12/2018 à 16:55

Weston mise sur la rapidité pour percer le cybercommerce

Publié le 03/12/2018 à 16:55

«Le volume des commandes en ligne augmente de 30% lorsqu'on réduit de 4 à 2 heures la plage de temps pour ramasser l'épicerie en magasin», a révélé le grand patron de Weston, lors d'une allocution à Montréal.

À sa première sortie devant le milieu des affaires de Montréal, le nouveau PDG de George Weston, Richard Dufresne, en a laissé plus d’un sur leur appétit.

Le président et chef de la direction financière a constaté que la croissance «fulgurante» du commerce en ligne perturbait tous les détaillants, mais il n’a pas précisé le plan d’action ni l’ampleur des investissements qui y sont consacrés ou les projets d’expansion caressés par le propriétaire de Loblaw (L, 61,46$).

Le dirigeant originaire de Rouyn-Noranda s’est contenté d’affirmer que le réseau étendu de 1000 épiceries confère au groupe un avantage concurrentiel de taille contre l’assaut d’Amazon (AMZN, 1772,36$US) dans l’alimentation.

Les épiceries du groupe sont toutes situées à moins de 10 minutes de tous les Canadiens.

«Ceux qui offriront le meilleur assortiment de produits et un service rapide et irréprochable vont gagner», a-t-il dit aux 250 convives réunis à l’invitation du Cercle canadien de Montréal.

Amazon est encore peu présente dans l’alimentation, car c’est très compliqué de livrer des aliments frais au client quand ça lui convient.

Ce n’est pas pour rien qu’Amazon veut ouvrir 3000 points de vente et que la Chinoise Alibaba l’imite, a laissé entendre le transfuge de Metro (MRU, 45,78$).

Commandez-ramasser, plus populaire

Weston laissera les consommateurs décider, mais le modèle qu’il préconise est celui qui combine la commande en ligne et le ramassage en magasin.

La majorité des Canadiens ne sont pas à la maison le jour pour attendre un livreur.

La rapidité est un facteur-clé, car «80% des Canadiens ne savent pas ce qu’ils vont manger pour souper à 16h00», a dit M. Dufresne en citant un sondage.

Loblaw a aussi observé une hausse de 30% du volume des commandes en ligne après avoir réduit de 4 à 2 heures la fenêtre pour que les clients ramassent leur épicerie en magasin.

En Asie, la fenêtre de livraison passe déjà à 30 minutes, a-t-il précisé.

Dans les magasins Provigo et Maxi au Québec, des employés apporteront même l’épicerie à la voiture du client pour intégrer cet arrêt à leur trajet.

À Toronto, le groupe teste aussi d’autres approches telles que la possibilité de ramasser sa commande dans six stations de métro.

Pour la livraison à domicile, Loblaw s’est alliée à Instacart il y a un an. Pour l’instant, ce service est offert dans une vingtaine de marchés. Il le sera sous peu au Québec aussi.

Les magasins traditionnels continueront d’être «pertinents», compte tenu de la place importante qu’occupe la voiture dans la culture nord-américaine, assure le grand patron.

M. Dufresne a rappelé que le commerce en ligne est encore bien marginal dans l’alimentation au pays, avec un taux de pénétration de seulement 1%, par rapport à 7% en Grande-Bretagne et au Japon.

«La livraison est coûteuse, mais ça va changer dans quelques années», a-t-il ajouté.

Passés sous silence

En poste depuis onze mois à la barre de Weston, M. Dufresne n’a pas glissé mot sur la récente réorganisation qui a vu la propriété de la Fiducie de placement Propriétés de Choix (CHP.UN, 12,25$) être transférée de Loblaw à Weston.

Ce remaniement d’actif vise à donner plus de valeur à Loblaw qui ne consolide plus la dette de Propriétés de Choix et devient ainsi un détaillant pur.

En même temps, Propriétés de Choix obtiennent en Weston un actionnaire mieux équipé pour appuyer financièrement ses futurs plans d’expansion.

Cet échange complexe donne une véritable troisième jambe de croissance au holding Weston: l’immobilier. «Le fait que la famille Weston accepte de diminuer de 63 à 53% son bloc de contrôle dans George Weston pour faciliter le transfert d’actif témoigne de l’importance stratégique qu’elle accorde à l’immobilier», avait expliqué Patricia Baker, de Banque Scotia, à l’annonce du remaniement, en septembre.

L’ultime motivation de la famille de quatrième génération se révélera sans doute lorsque ses entreprises poseront d’autres gestes stratégiques, avait fait valoir l’analyste.

«Weston a évoqué la possibilité d’ajouter un quatrième pilier au groupe dans un domaine de compétence, mais l’horizon semble plus à moyen terme qu’à court terme», avait indiqué pour sa part Jim Durran, de Barclays, le 21 novembre.

L’analyste estimait alors que Weston aurait les moyens de réaliser un achat de 640 à 780 millions de dollars, sans nuire à sa cote de crédit.

M. Durran avait réduit son cours cible de 113 à 96$ parce que la nouvelle structure de portefeuille justifiait à son avis un rabais de 15% par rapport à la valeur de ses actifs.

Actuaire de formation, M. Dufresne n’a pas parlé non plus du redressement laborieux du boulanger Weston Foods qui tarde à donner des résultats.

Pour 2018, ses revenus déclineront de 6% et son bénéfice d’exploitation de 20%, prévoit M. Durran.

Cette filiale représente de 2 à 5% de la valeur de Georges Weston.

Même s’il se dit déçu par la performance de la filiale de boulangerie, Mark Petrie, de CIBC estime que la performance de Loblaw et la stabilité du fonds immobilier confèrent au titre de Weston un certain attrait pour les investisseurs les plus patients. L’analyste établit son cours-cible à 107$.

Le titre de George Weston a procuré un rendement total de 21% depuis 5 ans, mais son cours est au même niveau qu’il avait en 2001.

 

 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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