Un vrai «Bull Market»: y croyez-vous?

Publié le 28/10/2017 à 08:34

Un vrai «Bull Market»: y croyez-vous?

Publié le 28/10/2017 à 08:34

Les derniers jours ont certainement donné des munitions aux économistes et aux stratèges qui répètent à qui veut bien les entendre que le marché haussier actuel est l’un des plus détestés de l’histoire.

Encore traumatisés par la crise financière de 2008 et la mystérieuse alchimie monétaire des banques centrales qui a suivi, d’aucuns ne croyaient à la possibilité d’un nouveau «Bull Market» mené par une expansion économique.

L'inquiétude envers les colosses de la techno par exemple –Amazon (AMZN,1100,95$US), Alphabet-Google (GOOG,1019,27$US), Microsoft (MSFT,83,81$US), IBM (IBM153,68$US), Intel (INTC, 44,40$US) et j’en passe– avant le dévoilement de résultats spectaculaires est l’une des plus récentes manifestations du scepticisme encre présent.

Un indice équi-pondéré des titres FANA –Facebook (FB,177,88$US), Amazon, Netflix (NLFX,199,54$US), Alphabet– avait en effet fléchi de 3,8% entre le 16 et le 25 octobre, de peur que leurs résultats ne soient pas au rendez-vous et menacent leurs généreux multiples d’évaluation.

Avec du recul, on peut se demander comment des entreprises mondiales aussi dominantes auraient-elles pu rater la première croissance mondiale synchronisée en 10 ans?


« À l’ère du Big Data, des algorithmes et des robots financiers, le décalage entre les attentes et les résultats étonne »

L'effet de surprise des résultats est aussi rassurant pour les petits investisseurs qui se sentent désavantagés dans un marché dominé par les pros et les robots.

La rentabilité d’Amazon est toujours aussi fuyante, mais le mastodonte qui s’approprie déjà 44% des ventes en ligne, vient de connaître la meilleure croissance interne de ses revenus en 5 ans (+ 30%), lors d’un trimestre que l’entreprise juge «bien ordinaire» dans l’année.

Ses revenus de 43,7 milliards de dollars américains ont surpassé les prévisions par 1,6G$US.

Le bond trimestriel de 24% des revenus d’Alphabet, à 27,8G$US, est aussi le plus robuste depuis 2012. Son bénéfice net de 9,57$US par action a aussi dépassé les prévisions par 1,24$US et se compare à 8,33$US un an plus tôt.

À mi-chemin de la saison des résultats du troisième trimestre, les 50 sociétés du Nasdaq ayant déjà divulgué leurs résultats affichent une hausse moyenne de 11% de leurs revenus et de 23% de leurs bénéfices, note Keith McCullough, de Hedgeye Risk Management.

Quelque 94% d’entre elles ont fracassé les prévisions, indique l’agence Bloomberg.

Résultat: ensemble, Apple, Alphabet, Microsoft, Amazon et Facebook ont ajouté rien de moins que 185G$US de dollars à leur valeur boursière, le 27 octobre.

Pas étonnant que l’indice Nasdaq 100(QQQ, 151,29$US) ait connu son plus fort gain quotidien depuis huit ans, de 2,9%, le 27 octobre. L'avance du Nasdaq 100 (+ 29%) par rapport au S&P 500 (+15%), depuis le début de l'année, est la plus prononcée depuis 1999.

Depuis le début de l’année, c’est quelque 1000 milliards de dollars de plus pour la valeur des cinq géants du S&P 500 - Apple (AAPL,163,05$ US), Alphabet, Microsoft, Amazon et Facebook - qui ont contribué le tiers des gains de l’indice S&P 500, précise Bespoke.

Les nouveaux cours cibles les plus généreux des analystes laissent entrevoir des gains d’encore 21 à 47% pour les coqueluches de la technologie.

Garder la tête froide

Cette nouvelle ascension ne veut pas dire pour autant de baisser sa garde parce qu’un mouvement de repli ou un choc externe ne peuvent jamais être écartés.

Aussi, plus les attentes grimperont plus elles deviendront difficiles à satisfaire.

Chez Bank of America Merrill Lynch, le stratège en chef Michael Hartnett, rappelle que son indice Bull/Bear de 7,6 s’approche encore un peu plus du signal de vente de 8.

La hausse des taux d’intérêt, si elle se poursuit, dépréciera aussi la valeur accordée aux futurs profits.

Néanmoins, le fait que Wall Street n’ait pas su pressentir cette nouvelle montée en force des rois de la techno suggère que le mouvement haussier a peut-être encore du potentiel devant lui s’il convertit d’autres sceptiques en acheteurs.

Les résultats époustouflants des vedettes américaines de la technologie n’étaient pas la seule étincelle de la semaine.

Le produit intérieur brut américain a avancé de 3% au troisième trimestre, malgré les dommages de 130 milliards de dollars des ouragans. Avec la croissance de 3,1% au deuxième trimestre, l’économie américaine vient de connaître ses meilleurs six mois depuis 2014.

La confiance des consommateurs américains, sondés par l'université du Michigan, en octobre, est aussi la plus élevée depuis le début de 2004.

Les entreprises font aussi leur part. Leurs dépenses en équipements ont bondi de 8,6% au troisième trimestre, un rythme similaire à celui du précédent. Là encore, il s’agit des meilleurs six mois, depuis trois ans.

Enfin, les taux de 10 ans sont restés stables près de 2,4% malgré l'envolée boursière parce que la promotion potentielle de Jerome Powell à la tête de la Fed serait un prolongement de la politique monétaire modérée de Janet Yellen. L'économiste John Taylor serait plus prompt à relever les taux et se préoccuper de la valeur des actifs financiers.

Tendance de fonds

Même si la technologie et ses plus grandes entreprises mènent la charge, le marché haussier a les épaules bien larges.

L’indice torontois S&P/TSX a fracassé le 27 octobre son sommet de février, assurant ainsi son rattrapage par rapport aux Bourses américaines et mondiales depuis le 8 septembre. Le secteur financier lui a procuré la moitié de ses gains de 6,5%, depuis cette date.

Malgré des gains plus sentis depuis sept semaines, le S&P/TSX (+ 4,4%) reste loin derrière le S&P 500 (+15%), depuis le début de l’année.

La réélection du père des mesures de relance les plus extrêmes au monde, Shinzo Abe, a poussé le Nikkei 225 japonais au-dessus de la barre des 22000, pour la première fois en 21 ans.

Même le pétrole est de la partie. Le baril de pétrole Brent, la référence pour le carburant au Québec, a gagné 4,7% cette semaine et a franchi la barre de 60$US.

Qui dit mieux? À moins de deux séances de la fin d’octobre, les métaux ajoutent un autre mois rentable à leurs gains.

Quelque 17 des 24 matières premières de l’indice S&P GSCI ont avancé en octobre. Le gain de de 2% de cet indice masque le bond de 13,2% du nickel, de 8,4 % du cuivre et de 4,4% de l’aluminium.

Plusieurs observateurs croient qu’une hausse trop rapide des taux et de l’inflation risquent éventuellement de faire peur aux Bourses.

À plus court terme toutefois, tout indice d’essoufflement économique pourrait tempérer le nouvel enthousiasme des investisseurs.

La Chine a notamment haussé la cadence, à l’aide de mesures dont elle seule a le secret, à temps pour la tenue à forte charge symbolique du Congrès du parti communiste, qui vient de se clore.

Le dévoilement des indicateurs PMI d'octobre un peu partout dans le monde la semaine prochaine donnera un bon aperçu de la synchronisation mondiale que tous les économistes mettent de l'avant.  

Aux États-Unis, ces indicateurs seront révélateurs puisque l'effet des ouragans Harvey et Irma se sera dissipé.

 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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