Trump: il ne reste qu'à s'accrocher

Publié le 09/11/2016 à 09:44

Trump: il ne reste qu'à s'accrocher

Publié le 09/11/2016 à 09:44

Comme pour tout le monde, l’élection de Donald Trump est un choc, même si le tsunami populiste qui se répand depuis les printemps arabe aurait dû nous préparer «à la politique de la rage», exacerbée par la crise de 2008 et le désenchantement concernant les bienfaits de la mondialisation et l’incapacité des élites à contrer la montée du terrorisme ou la crise des réfugiés.

Les gouvernements traditionnels sautent un après l’autre. On a qu’à regarder ce qui s’est passé au Brésil et en Argentine plus récemment.

Le cycle de rotation démocrate-républicain et le culte moderne des vedettes de la télé-réalité ont aussi pesé dans la balance.

Si Donald Trump a été élu en voguant sur le bouillonnement de mécontentement que l’Américain moyen rumine depuis huit ans, ainsi que sur leur perception que l’empire américain décline,
« peut-être que sa rhétorique pro-États-Unis et que ses politiques pro-croissance et pro-secteur privé sauront, avec le temps, redonner confiance dans le rêve américain. »

C’est un gigantesque Si, tant son élection est régressive sur bien d'autres plans: l’avortement, le climat, le libre-échange, l’immigration, les armes à feu, etc.

Comme les sondages, le passé n’est pas un bon guide

Les élections ne font pas que mentir les sondeurs et les experts. Leurs répercussions sont souvent imprévisibles pour les marchés financiers.

L’économiste de Gluskin Sheff + Associates David Rosenberg a énuméré la veille du vote toutes les contradictions des élections passées.

L’élection d’Obama en 2008 a fait chuter les cours, mais la Bourse a connu des gains inespérés pendant ses deux mandats, malgré l’impasse politique («gridlock») entre la Maison blanche et le Congrès.

La Bourse a triplé pendant ses deux mandats. On ne peut évidemment pas lui attribuer cette remontée qui provient surtout d’une reprise d’après-crise.

Dwight Eisenhower a remporté ses élections sur sa réputation de temps de guerre, mais son bilan concerne surtout la remise à neuf des infrastructures américaines de transport.

Richard Nixon a mené une chasse aux sorcières communistes en tant que sénateur, mais a ensuite établi un climat de détente avec l’Union soviétique pendant sa présidence.

Jimmy Carter a battu Gerald Ford parce que ce dernier avait une politique étrangère faible. Pourtant, M. Carter a perdu son deuxième mandat après l'échec politique de la prise d’otages américains en Iran.

Le «gauchiste d’Arkansas» Bill Clinton a été mal reçu par Wall Street en 1992, mais il a été celui qui a signé l’Alena, la dérèglementation épique des télécommunications en 1996 et le décloisonnement du secteur financier et celui qui a aussi réduit les impôts.

Après deux années tumultueuses en Bourse, le marché a ensuite galopé pendants les années Bill Clinton.

La fin du «gridlock» est-elle favorable?

Son rappel le plus pertinent, est peut-être celui de la présidence du républicain Donald Reagan. Un de ses premiers gestes a été d’imposer des tarifs aux importations japonaises (à l’époque les Américains craignaient le miracle manufacturier japonais).

M. Reagan a présidé une récession et un marché baissier lors de ses deux premières années, qui ont ensuite mis le couvert à l’un des marchés haussiers les plus vigoureux de l’histoire. Les cours ont presque triplé, lors des six dernières années de sa présidence.

L’autre filon d’espoir provient du gestionnaire Howard Marks, co-président du conseil d’Oaktree Capital Management. Si certains observateurs aiment l’impasse politique, qui assure moins d’ingérence et de dérapage politiques, M. Marks croit que les États-Unis ont besoin d’une direction claire.

«Nous avons besoin que des décisions soient prises concernant la sécurité sociale, le système de santé, les impôts, les infrastructures et les dépenses de relance, la défense, etc», a-t-il écrit la veille des élections.

Pour sa part, M. Rosenberg termine en rappelant qu’il n’est jamais sage et rarement rentable de transiger sous le coup de l’émotion.

«L’histoire nous enseigne la futilité d’extrapoler la rhétorique électorale dans l’avenir ou de se fier au consensus qui a rarement raison», conclut l'économiste.

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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