S&P/TSX: les profits ne viennent pas à la rescousse

Publié le 04/11/2018 à 08:51

S&P/TSX: les profits ne viennent pas à la rescousse

Publié le 04/11/2018 à 08:51

Après la déroute d’octobre, ressentie un peu partout dans le monde d’ailleurs, les Bourses ne demandent pas mieux de tenter un rebond.

Les catalystes sont toutefois difficiles à identifier alors que les résultats décevants des entreprises, même ceux des châteaux forts tels que Amazon et Apple, nuisent au moral.

L’économie mondiale qui ralentit en même temps que les taux montent n’est pas non plus un cocktail susceptible d’insuffler un nouvel élan aux actions.

L’effet de soulagement naturel, qui succède habituellement au suspense des élections américaines de mi-mandat du 6 novembre, pourrait inciter certains acheteurs à revenir en Bourse pour le rallye du père Noël.

Martin Roberge, le stratège quantitatif de Canaccord Genuity, croit qu’un rebond plus durable devra attendre le signal d’une pause possible dans la hausse des taux de la Fed, après celle de décembre.

Historiquement, la banque centrale américaine ne serre pas la vis lorsque la cadence de l’économie mondiale décélère autant, fait-il valoir.

«Une Fed moins rigide ferait plafonner les taux obligataires, ré-accentuerait la pente de la courbe des taux et soulagerait la pression sur les autres devises», explique M. Roberge.

Dans l’intervalle, les épiciers canadiens constituent un meilleur refuge que les industries stables classiques, propose-t-il.

Le stratège juge en effet que les entreprises des secteurs des télécommunications et des services aux collectivités se sont trop endettées, pendant le long cycle de baisse des taux.

Des résultats décevants, en pleine croissance économique

Ce ne sont pas non plus les résultats des entreprises canadiennes qui soulèveront les foules.

D’autant plus que le moral des investisseurs est déjà ébranlé par la mauvaise performance en Bourse de plusieurs valeurs sûres tels que Alimentation Couche-Tard, Dollarama, Saputo, Quincallerie Richelieu, Industries Lassonde ou encore BCE.

La cuvée du troisième trimestre est peu reluisante.

Environ 40% des 247 entreprises de l’indice S&P/TSX ont dévoilé leurs résultats. Le premier bilan est mitigé et incite plusieurs analystes à réduire leurs prévisions et parfois leur cours-cible.

Les secteurs de l’énergie, des services de communications (l’ex-télécommunications) et de l’immobilier sont les seuls à surpasser les prévisions de bénéfice, au troisième trimestre, par une marge de 12,8%, de 3,1% et de 4,9% respectivement.

Sept autres secteurs ont raté les pronostics. Il est encore trop tôt pour prendre le pouls du secteur de la santé puisque seul le producteur Aphria (APH, 15,75$) a dévoilé une perte, pour l’instant. 

Voici un petit tour d’horizon de sept sociétés atant rend des compte au cours de la semaine écoulée.

Le transformateur laitier Groupe Saputo (SAP, 37,64$) a divulgué un troisième trimestre consécutif inférieur aux attentes.

À son deuxième trimestre, le bénéfice de 0,42$ par action a raté la cible de 0,44$ par action.

Trois «dossiers d’acquisition transformationnelle» pourraient aboutir d’ici un an, mais à court terme la hausse marquée des coûts et la vive concurrence en Amérique du Nord affaiblissent encore ses marges.

Michael Van Aelst, de TD Valeurs mobilières, estime que les prévisions de ses collègues sont encore trop élevées. Les révisions pourraient nuire au titre, encore quelque temps.

«Son titre se rapproche d’une zone d’achat, mais trop d’incertitudes persistent encore dans tous ses marchés pour en recommander l’achat immédiatement», dit-il.

Son cours-cible de 42$ laisse entrevoir un gain potentiel de 10%.

Vêtements de sport Gildan (GIL, 40,75$) a rapporté un bénéfice de 0,57$US par action, en hausse de 7%, conforme au consensus.

Le fabricant de chandails, chaussettes et sous-vêtements a légèrement abaissé sa fourchette de prévision pour le bénéfice annuel.

En raison de l’incertitude entourant les ventes et la rentabilité du virage du fabricant vers les marques maison des grands détaillants, M. Petrie de CIBC réduit l’évaluation qu’il accorde au titre, ce qui fait reculer son cours-cible de 41,95 à 40,64$.

Brian Morrison, de TD Valeurs mobilières, est plus confiant qu’avant que Gildan réussira à fouetter sa performance puisqu’elle vient de décrocher un contrat pour fournir à Walmart des sous-vêtements pour hommes de marque maison, un contrat qui lui accorde 50% plus d’espace de tablette.

Il en recommande l’achat et conserve son cours-cible de 47,20$. L’action a d’ailleurs regagné 5%, cette semaine.

Cogeco Communications (CCA, 65,25$) n’a pas répondu aux attentes au quatrième trimestre, mais la hausse de 10% du dividende est un signal de confiance.

Ses activités canadiennes de câble et d’accès internet souffrent de la concurrence accrue que lui livre Bell Fibe. Des perturbations causées par un nouveau logiciel de facturation augmente les coûts de service à la clientèle et nuit aux abonnements.

Un autre trimestre de transition est prévu. Après quoi, le nouveau logiciel procurera des économies puisque que les clients iront eux-mêmes en ligne pour gérer leur compte.

Maher Yaghi, de Desjardins Marché des capitaux, ne se formalise pas de ces problèmes temporaires. L’analyste croit que Cogeco pourra envisager l’achat d’autres câblodistributeurs américains au milieu de l’an prochain.

L’évaluation de Cogeco est attrayante, mais il lui faudra restaurer le niveau de service au Canada et préciser ses ambitions sans fil avant que les investisseurs reviennent au titre», croit Jeff Fan, de Banque Scotia.

Le principal détaillant de matelas au pays Sleep Country Canada (ZZZ, 23,84$) donne encore des cauchemars à ses actionnaires. Les ventes par magasin comparable, qui épataient la galerie en 2017, ont crû d’à peine 0,2% au dernier trimestre, alors que la Banque Scotia tablait sur une augmentation de 5%.

«La hausse des taux semble déjà refroidir l’humeur dépensière des consommateurs pour les articles plus chers tels que les matelas», évoque Patricia Baker.

Surpris par les faiblesse des ventes Sabahat Khan, de RBC Marchés des capitaux, réduit ses attentes pour le prochain trimestre et l’an prochain.

Il abaisse l’évaluation qu’il accorde au titre de 11,5 à 10 fois le bénéfice d’exploitation prévu, ce qui réduit son cours-cible de 39 à 32$.

M. Khan maintient tout de sa recommandation d’achat étant donné la bonne tenue des marges, les flux de trésorerie élevés du modèle d’affaires et l’évaluation peu gourmande du titre, qui a perdu 43% depuis juillet 2017..

Stella-Jones (SJ, 41,42$) fait meilleure figure. Le fabricant de traverses et de poteaux de bois a dévoilé une hausse de 15,4% de ses revenus, sans l’effet des acquisitions au troisième trimestre.

Son bénéfice de 0,66$, à la hausse de 7,6%, est conforme aux attentes.

Le décalage entre le bond du coût du bois et les hausses de prix refilés aux clients fait encore pression sur les marges.

En conséquence, Leon Aghazarian, de la Financière Banque Nationale diminue légèrement ses prévisions de bénéfices pour 2018 et 2019.

Son évaluation actuelle, qui est 17% inférieure à la moyenne des cinq dernières années, offre un bon point d’entrée. Son cours-cible reste à 55$.

Le fabricant d’articles pour enfants, de vélos et de meubles Industries Dorel (DII.B, 20,36$) a connu un autre trimestre éprouvant, cette fois à cause des tarifs imposés aux produits chinois importés aux États-Unis.

Son bénéfice a chuté de 25% à 0,34$ par action, 8% de moins que prévu, malgré une amélioration de 4% de ses revenus à 670 M$.

La société a aussi prévenu que la demande pour ses produits souffrirait si l’imposition de tarifs additionnels de 25%, prévue en janvier, l’obligeait à relever ses prix davantage.

La société doit aussi composer avec le bond du prix de la résine.

Sabahat Khan, de RBC Marchés des capitaux diminue son cours-cible de 30 à 27$, et reste neutre envers le titre du fabricant de Montréal.

Les résultats conformes de BCE (BCE, 52,90$) divisent les analystes.

Chez TD Valeurs mobilières, Vince Valentini s’étonne que les investisseurs aient initialement fait rebondir le titre de 5% en Bourse étant donné la hausse d’à peine 0,6% des revenus moyens mensuels par abonné, au troisième trimestre.

Le titre lui paraît chèrement évalué étant donné sa croissance anémique.

«Si la performance de Bell Mobilité reste aussi faible, nous pourrions réduire le multiple qu’on accorde à la filiale sans-il, ce qui abaisserait notre cours-cible pour BCE de 56 à 54$», écrit-il.

Pour sa part, Jeff Fan de Banque Scotia, croit que les investisseurs ont surtout réagi aux nouvelles assurances de BCE à l’égard de ses flux de trésorerie libres si essentiels à la hausse annuelle de son dividende.

Ses dépenses en immobilisations croissent moins vite qu’avant. La société a aussi déniché 75M$ d’économies annuelles de plus.

Son titre était aussi à la traîne de ses semblables depuis le début de l’année parce que son dividende élevé de 5,6% en fait une solution de rechange aux titres à revenu fixe. Cela accentue l’impact de la hausse des taux d’intérêt sur la valeur de son dividende.

 

 

 

 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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