Bourse: pas de prédiction, mais des souhaits pour 2016

Publié le 20/12/2015 à 07:50, mis à jour le 20/12/2015 à 08:08

Bourse: pas de prédiction, mais des souhaits pour 2016

Publié le 20/12/2015 à 07:50, mis à jour le 20/12/2015 à 08:08

Photo: Shutterstock

PRÉVISIONS 2016– La rechute des Bourses, du pétrole et du huard en cette fin d’année, au lieu de l’habituel rallye du Père Noël, donne bien sûr des frissons aux investisseurs.

Il fallait tout de même s’attendre à ce que les marchés réagissent à la fin de l’ère sans précédent de taux zéro.

Pour l’instant, ceux qui avaient prévu que la première hausse du taux directeur par la Réserve fédérale américaine(Fed) serait le signal de confiance dont les marchés avaient besoin ont tort.

Le dollar américain poursuit aussi sur sa lancée alors que plusieurs misaient sur la stabilisation de la monnaie mondiale de réserve, une fois que la Fed aurait mit fin à son propre suspense.

Un dollar américain fort exacerbe la fuite des ressources naturelles, dont le pétrole, qui à son tour fait flancher les obligations à haut rendement parce que les investisseurs craignent des défaillances et une hausse néfaste du coût de crédit de tous les émetteurs de ces obligations.

Le dollar américain est le plus élevé en 10 ans, le pétrole et le huard touchent leur plus bas niveau en 11 ans, la chute de 27% de l’indice des ressources est la pire depuis la crise financière, le S&P 500 a effacé tous ses gains de l’année avec un déclin de 2,6%, tandis que la chute de 11% du S&P/TSX est la pire depuis 2011. 

Des ventes de feu qui nettoient les portefeuilles

Le portrait paraît bien sombre, mais une petite lueur d’espoir scintille encore.

Si au lieu d’un mauvais présage, le nouveau recul des marchés et des ressources n’était que le reflet du ménage de fin d’année des pros qui dominent les échanges, au jour le jour?

On peut espérer que ces ventes de feu, par des investisseurs secoués par leurs pertes annuelles, est la capitulation qui prépare le terrain à un rebond ou tout au moins à une récupération l’an prochain.

Après tout, les fonds spéculatifs (hedge funds) viennent de connaître leur pire trimestre depuis la crise de 2008-09, avec un déclin de 4%, forçant 674 d’entre eux à fermer leurs portes, au cours des neuf mois terminés le 30 septembre, rapporte l’agence Bloomberg.

Les pros pensent surtout à sauver l’année. «C’est une chose de dire que j’ai eu tort, mais c’est autre chose de dire que j’ai eu tort, et qu’en plus, j’ai encore les placements déficitaires en portefeuille», confie Gordon Charlop, directeur de Rosenblatt Securities, au Wall Street Journal, en parlant de l’énergie qui a plongé de 11% en décembre.

En un mot, les marchés peuvent se ressaisir si les pires appréhensions ne se réalisent pas, que ça soit la crainte que l’onde de choc du plongeon des matières premières se propage à toute l’économie ou que la Fed ait commis la même erreur que bien d’autres banques centrales avant elle en relevant son taux directeur trop tôt.

Pour espérer une meilleure année en 2016, encore faut-il que les données donnent éventuellement raison à Janet Yellen de croire que l’économie de la planète est assez solide pour résister à une normalisation de l’étalon mondial des taux et que l’effet déflationniste du recul du pétrole et de la hausse du dollar s’estompera à partir de l’an prochain.

Tant que les pertes frappent surtout les milliardaires financiers de Wall Street, sans déclencher de ventes forcées en cascades d’autres placements, et tant que les défaillances des émetteurs d’obligations resteront surtout confinées aux producteurs d’énergie les plus faibles, les marchés pourront prendre du mieux.

Les analystes flairent des aubaines

Ébranlés par la chute persistante du pétrole et d’autres matières premières, les analystes nord-américains charcutent aussi allègrement leurs prévisions de bénéfices et leurs cours-cibles pour bien des entreprises l’an prochain. Cela met encore le couvert pour des surprises en 2016.

Comme le dit si bien Allison Landry, analyste des chemin de fer chez Credit Suisse, «nous ne sommes pas encore sortis du bois, mais le pire est (espérons) derrière nous».

Au Canada, le rebond prévu de 17% des bénéfices des entreprises du S&P/TSX est probablement trop optimiste, à moins d’un rebond marqué des cours des ressources. Toutefois, il est encourageant de voir les analystes commencer à flairer des aubaines parmi les titres battus de 2015.

Ben Pham, de BMO, juge par exemple que la dégringolade de 11 milliards de dollars de l’exploitant d’oléoducs Enbridge(Tor., ENB,) est exagérée pour une entreprise dont les bénéfices et les dividendes croissent encore.

L’Europe prend déjà du mieux

La hausse du dollar américain nuit aux exportations américaines et affaiblit les bénéfices de ses multinationales, mais c’est aussi un des mécanismes par lequel les États-Unis transmettent leur prospérité au reste du monde.

Ainsi en novembre, l’indice combiné Markit de l’activité manufacturière et des services de la zone euro a atteint 54,4, soit son plus haut niveau depuis mai 2011. La production industrielle a aussi augmenté de 1,9%, en novembre.

Les observateurs font beaucoup de cas de la divergence des politiques monétaires, mais si la reprise de l’Europe se poursuit, sa banque centrale aurait moins besoin d’injecter de nouveaux capitaux, ce qui freinerait l’appréciation du dollar américain par rapport à l’euro.

En Chine, les ventes au détail et les transactions immobilières montrent des signes d’amélioration grâce à des mesures monétaires et fiscales. Reste à voir si la dévaluation récente du yuan contribuera aussi à stabiliser l’économie locale l’an prochain.

Aux États-Unis, le marché de l’emploi et les salaires continuent de progresser. Un récent article du Wall Street Journal faisait état d’un taux de chômage de 2,3% à Lincoln, et de hausses salariales annuelles de 8%, dans cette ville du Nebraska où il manque d’employés qualifiés.

Cette ville rejoint 31 autres agglomérations où le taux de chômage est inférieur à 3%, par rapport à la moyenne nationale de 5%.

Sept ans après la crise, de nouveaux ménages se forment et les jeunes de la génération Y sont aussi un peu plus nombreux à quitter le nid familial. Ces tendances devraient soutenir la consommation et le secteur résidentiel.

Le nouveau budget de 1100 milliards de dollars américains approuvé par le Congrès devrait aussi contribuer à la croissance américaine pour la première fois depuis 2010.

Mes souhaits pour 2016: que le dollar américain se calme, que les cours du pétrole et des autres matières premières trouvent leur point d’équilibre, que les dommages de la chute des obligations à haut rendement ne se propagent pas et que l’amélioration du marché du travail aux États-Unis perdure.

Espérons que mes voeux seront exaucés. Sinon, il faudra faire une croix sur une année haussière aux États-Unis et une récupération au Canada.

 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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