Le ménage de fin d'année bat son plein

Publié le 20/11/2018 à 10:01

Le ménage de fin d'année bat son plein

Publié le 20/11/2018 à 10:01

Les lueurs d'espoir du 16 novembre ont vite été oubliées.

Trois jours avant le congé de l’Action de grâce, force est de constater que les pros s’adonnent à leur ménage de fin d’année.

Le remaniement des portefeuilles prend le dessus sur le nouveau déclin à 3,06% des taux repères de 10 ans ou encore le recul des probabilités d’une dixième hausse des taux par la Fed.

Il semble que les fonds de couverture et ceux qui pratiquent l’approchent «momentum» n’ont pas fini de vendre leurs titres chouchous afin d’éviter d’autres pertes.

«Les fonds encaissent des gains depuis octobre dans certains titres surévalués. Ils pourront utiliser ces gains contre leurs pertes ailleurs en portefeuille et diminuer leur facture fiscale, à temps pour réduire les distributions imposables de fin d’année qui commenceront à la mi-décembre», explique Dan Hallett, vice-président et associé chez HighView Financial.

Les titres du club des FAANGs (Facebook, Amazon, Apple, Netflix et Google) ornent les manchettes au quotidien, mais dans les faits les fonds traditionnels détiennent bien peu de leurs actions.

Le Nasdaq 100, l’indice le plus garni en titres de technologie a perdu 3,3% lundi, portant à 13% sa chute depuis le 29 août.

Le S&P 500 a glissé de 8% par rapport au sommet du 20 septembre. Si son déclin se poursuivait, ce serait le troisième mouvement de repli de 10%, depuis le début de l’année.

Le S&P/TSX de Toronto a moins souffert lundi (-0,5%) parce que la technologie y est peu représentée. L’indice est 9% sous son sommet de juillet.

Un peu de recul

Avec leurs reculs de 4 à 6% de lundi, les titres FAANGs ont tous chuté de 20% et plus depuis leurs sommets respectifs rencontrant la définition d'un marché baissier. Ce seuil psychologique mine le moral des investisseurs qui voient les championnes du marché haussier tomber de leur piédestal.

Mettons les choses en perspective. 

Netflix (NFLX, 273,52$US) et Amazon (AMZN, 1512,00$US) perdaient encore 5% lundi, mais leurs titres affichent toujours un gain de 40% et 30% respectivement, depuis le début de l’année. Sur cinq ans, ces deux sociétés ont procuré un rendement total respectif de 476% et de 328%.

Apple (AAPL, 185,96$US) n’a jamais obtenu l’évaluation gonflée des autres titres du club des FAANGs, mais son action a tout de même cédé 20% depuis le début d’octobre parce que les investisseurs révisent leurs attentes.

L’action d’Apple reste tout de même à la hausse de presque 14% depuis un an. Son rendement sur cinq ans se chiffre à 160%.

Facebook (FB, 131,75$US) est devenue le mouton noir des FAANGs. Le recul de 5,6% de lundi creuse à 33% sa dégringolade depuis juillet.

Cela se compare au rendement de 202% du titre sur cinq ans.

Le titre de la société attaquée de toutes parts pour ses mauvaises pratiques est revenu au niveau qu’il avait en février 2017.

La vedette des puces Nvidia (NVDA, 149,35$US) ne fait pas partie du club des FAANGs, mais son action a perdu 48% de sa valeur. Son titre avait été soufflé par la bulle des crypto-monnaies qui utilisent ses cartes graphiques. Son action a procuré un rendement total (avec les dividendes) de 983,20% depuis cinq ans.

La saison des pronostics

C’est aussi le moment où les grands courtiers fournissent leur aperçu pour l’année qui vient. Certains pronostics n’ont pas de quoi rasséréner les pros.

Le réputé fondateur Ray Dalio de Bridgewater Associates, qui est en pleine tournée pour un ouvrage qu’il a rédigé sur l’endettement mondial, fait des parallèles ces jours-ci avec les catastrophiques années 1930.

Après avoir prévu une correction le 30 janvier, voilà que Bank of America Merrill Lynch recommande à ses gros clients une répartition de 25% en encaisse parce que la Bourse américaine n’aurait pas encore touché le fonds.

«Le mini-marché baissier qui a débuté au premier trimestre de 2018 n’est pas terminé parce que les cours doivent encore s’ajuster au changement du régime des taux et à la modération des profits», écrit le stratège Michael Hartnett.

Et comme M. Dalio, le stratège en chef de Bank of America Merrill Lynch prévient que les investisseurs doivent s’attendre à de piètres rendements d'une foule de placements au cours des prochaines années parce que les banques centrales retirent leurs liquidités.

M. Hartnett cite en appui le fait que les titres monétaires à court terme ont mieux fait que le déclin des actions et des obligations à ce jour en 2018, pour la première fois depuis 1982.

Le stratège s’attend tout de même à ce que la Bourse rebondisse à la deuxième moitié de 2019 une fois que les dommages économiques et boursiers auront forcé Washington et Pékin à s’entendre et que le milieu financier aura fini de réviser ses prévisions à la baisse pour les taux et les profits.

Le stratège prévoit aussi une décélération de 15 à 5% de la croissance des profits mondiaux.

Déjà, les probabilités d’une hausse des taux par la Fed en mars 2019 sont passées de 56,6% en octobre à 38%.

Et comme certains autres prévisionnistes, M. Hartnett croit que la force du dollar américain s’atténuera l’an prochain, ce qui soulagera les pays émergents et les cours des matières premières.

Quant à celui qui avait prévu en mai la succession des marchés baissiers un secteur après l’autre, Michael Wilson de Morgan Stanley croit que le pire est passé.

«Le multiple cours-bénéfice du S&P 500 a fondu de 18% depuis le début de décembre 2017 tandis que 40% des titres du S&P 500 ont déjà perdu 20% et plus de leur valeur», écrit-il.

Si M. Wilson estime que les indices ont assez souffert, les titres vedettes surévalués n’ont pas fini de s’ajuster à la baisse.

«Les risques se déplacent aux titres individuels, surtout ceux qui avaient le plus bénéficié des mouvements de foule», conclut-il.

 

 

 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
Sujets liés

Économie , Bourse

Blogues similaires

La traversée du désert de la Bourse de Toronto

15/03/2024 | Denis Lalonde

BALADO. La Bourse de Toronto n'a accueilli aucun premier appel public à l'épargne depuis un an.

Les qualités d'une bonne lettre annuelle du PDG aux actionnaires

15/03/2024 | Philippe Leblanc

EXPERT INVITÉ. La majorité des lettres annuelles aux actionnaires d’entreprises cotées en Bourse ont peu de valeur.

Verizon, le nouveau défi de Manon Brouillette

Édition du 16 Juin 2021 | Stéphane Rolland

ANALYSE. La notoriété a une dimension régionale. La nomination de Manon Brouillette à la ...