Une «légende» des placements désormais accessible aux Canadiens

Publié le 28/01/2017 à 11:32

Une «légende» des placements désormais accessible aux Canadiens

Publié le 28/01/2017 à 11:32

Will Danoff, 59 ans, profite de son accès privilégié aux pdg pour repérer les premières de classe. (Source: Fidelity)

Fidelity Investments est un gestionnaire de fonds incontournable aux États-Unis. La majorité des chefs d’entreprises se succèdent dans ses bureaux de Boston pour rencontrer ses gestionnaires vedettes et son armée d’analystes.

Malgré le déclin de la popularité des fonds communs, à cause de leurs frais élevés, et les conflits d’intérêts associés aux frais versés aux conseillers qui les vendent, la machine de marketing de Fidelity réussit bien au Canada, et en particulier au Québec, grâce à son embauche judicieuse de talents locaux.

Sa plus récente tournée de gestionnaires à Toronto a attiré 1600 conseillers.

Fidelity est aussi l’un des rares fournisseurs de fonds à encore mettre de l’avant des gestionnaires étoiles cultivés par l’intense culte interne de la performance.

Quand l’un de ses chasseurs de titres traverse la frontière pour gérer un nouveau fonds offert aux investisseurs canadiens, c’est le branle-bas de combat.

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Le dernier en lice Will Danoff, 59 ans, est une grosse pointure chez Fidelity. Le Fidelity Contrafund qu’il gère depuis 1990 a une réputation quasi-mythique.

Ayant fait ses classes auprès du légendaire Peter Lynch, entre 1989 et 1990 chez Fidelity, M. Danoff a en effet surpassé l’indice S&P 500 de 2,9% par année, tous les ans depuis 1990.

«Si vous aviez investi 100 000 $ en 1990, vous auriez aujourd’hui 2,3 millions de dollars, le double de ce qu’aurait procuré le S&P 500», précise l’enthousiaste Fabien Major, de Major Gestion privée/Gestion de patrimoine Assante, dans un blogue.

M. Major a joint une photo d’un cahier tâché et plein de gribouillis appartenant à M. Danoff qui se targue d’avoir rencontré 35000 sociétés en 30 ans.

Non seulement le fonds est le plus imposant fonds d’actions géré par une seule personne aux États-Unis, mais son actif de 108 milliards de dollars américains donne aussi le vertige.

Nouveau départ, mêmes critères de sélection

Au Canada, Fidelity lui confie un tout nouveau fonds Catégorie Fidelity Vision Stratégique qui misera sur des entreprises offrant une croissance des bénéfices durable et supérieure à la moyenne.

Ce fonds mondial mettra l’emphase sur les actions américaines.

C’est heureux que Fidelity procède ainsi, au lieu de copier le Contrafund, croit James Gauthier, analyste chez ScotiaHealth, parce que l’énorme taille du fonds et ses 350 placements deviennent un boulet pour ses rendements.

«La tendance est claire. Depuis que le Contrafund a franchi la barre des 60G$US, ses rendements ont baissé. Il est naturellement plus difficile d’ajouter de la valeur par rapport au S&P 500 avec un fonds de cette envergure et aussi diversifié», note l’analyse, graphique à l’appui.

Il est un peu prématuré pour recommander le nouveau fonds, ajoute M. Gauthier, mais la conjoncture lui semble particulièrement propice pour qu’un gestionnaire du calibre de M. Danoff puisse procurer des rendements supérieurs en repartant sur une base zéro.

Un autre gestionnaire, cette fois réputé pour sa chasse d’aubaines, Joel Tillinghast, a joint la gestion du fonds mondial de titres de moyenne et de faible capitalisation Fidelity Étoile du Nord en 2002 et les rendements s’avèrent plutôt mitigés, note M. Gauthier.

M. Danoff compte mettre ses 75 meilleures idées de placement dans le nouveau fonds. Bien qu’il soit surtout reconnu pour ses choix de sociétés à forte capitalisation et son penchant pour les sociétés en forte croissance, le portefeuille pourra détenir de plus petites sociétés et des titres sous-évalués, aussi.

«En fait, son approche a toujours été l’achat à bon prix de sociétés qui croissent rapidement, peu importe leur taille», explique Christian Charest, éditeur chez Morningstar Canada.

Facebook (FB, 132,18$US), Amazon (AMZN,835,77$US) et Alphabet/ Google (GOOGL, 845,03$US) sont en tête des placements du Contrafund et donnent l’impression qu’il coure les nouveaux géants de la techno, mais M. Danoff a pu cueillir leurs actions avant ou à leur entrée en Bourse.

«J’ai encore mes notes de ma première rencontre avec Eric Schmidt et Sergey Brin de Google. Déjà, les revenus doublaient, les marges atteignaient 40% et la société disposait de liquidités de 2G$US, avant même d’entrer en Bourse», a-t-il déclaré en entrevue au Globe&Mail.

M. Danoff attribue justement une partie de ses succès à sa capacité à se coller à des dirigeants hors pair et à des chefs de file qui ont une longueur d’avance pour capter et exploiter les nouvelles tendances.

Le Contrafund détient aussi les sociétés bien en vue Berkshire Hathaway (BERK, 246999$US), Wells Fargo, (WFC,56,59$US), Visa (V,83,77$US) et Starbucks (SBUX,56,12$US).

Ce flair et ce jugement se bâtissent lentement au fil des conversations et des connaissances accumulées pendant 30 ans. Il n’est pas rare par exemple que les pdg pointent M. Danoff vers de nouveaux placements à force de discuter du marché.

Le financier a d’ailleurs profité de sa visite à Toronto pour visiter les dirigeants de la Banque Royale (RY,94,47$), le gestionnaire d’infrastructures Brookfield Asset Management (BAM,45,81$) et l’assureurl Fairfax Financial (FFH,616,21$).

«Son accès sans pareil aux dirigeants l’aide à approfondir les facteurs clés de la croissance et des perspectives des entreprises», indique l’analyste de Morningstar, Katie Rushkewick, dans son rapport sur le Contrafund.

«Nous avons acheté et revendu plus de titres que la plupart des pros. Nous avons donc commis notre lot d’erreurs, ce qui nous a permis d’apprendre», a-t-il confié au Financial Post.

Le gestionnaire mélange aussi prudence et audace. «Nous n’avons pas peur de faire de grosses mises lorsque nous repérons les meilleures occasions», a-t-il ajouté.

Les frais, toujours un boulet

Un tel portrait est séduisant, mais il y a toujours un hic.

Le fonds de série B prélèvera en effet des frais totaux de 2,4%, incluant les frais de gestion, d’administration et les impôts de 13%.

Les frais de gestion du fonds de la série A seront de 2%, ceux de la série F, de 0,85%.

De tels frais sont élevés lorsqu’un investisseur peut se procurer un fonds négocié en Bourse diversifié tel que le Vanguard US Total Market pour des frais 0,16% ou un FNB géré activement pour des frais de 0,50-0,60% ou encore un fonds commun sans commission pour des frais de 1 à 1,5%, rappelle Dan Hallett, directeur chez Highview Financial Group.

M. Hallett se demande aussi si M. Danoff pourra aussi bien faire dans l’avenir sans l’aide de sociétés aussi uniques que performantes qu’Alphabet-Google, Facebook ou Amazon.

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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