La Bourse est-elle sur le point de perdre son meilleur allié?

Publié le 23/05/2017 à 17:06

La Bourse est-elle sur le point de perdre son meilleur allié?

Publié le 23/05/2017 à 17:06

Jusqu’ici, la Bourse américaine a bien résisté aux scandales à Washington, qui ne sont pas près de disparaître étant donné la comparution prochaine de l’ex-chef du FBI James Comey devant le Sénat.

Les allégations d’entrave à la justice et les échos de destitution, qui pourraient nuire à la capacité de Donald Trump de faire passer ses mesures pro-croissance, n’ont pas eu d’effet durable en Bourse.

Le S&P 500 a bien connu sa pire séance en huit mois, le 17 mai dernier, mais il reste à la hausse de 2% en mai.

Son gain de 17% depuis un an est fort enviable dans la neuvième année d’un mouvement haussier.

Le Nasdaq à dominante technologique vole la vedette grâce à la montée en flèche inespérée de 22 à 32% des colosses que sont Apple(AAPL,153,50$US), Facebook(FB,147,96$US), Amazon(AMZN,969,85$US) et Alphabet(GOOGL,970,39$US), depuis le début de l'année.

Le Nasdaq a bondi de 3,7% jusqu’ici en mai et de 29% depuis un an.

Ces géants mondiaux de la technologie croissent non seulement plus vite que la moyenne, mais ils bénéficient de coffres bien garnis. Ces mastodontes auraient aussi le plus à gagner d’un éventuel congé d’impôt au rapatriement de leurs bénéfices réalisés à l’étranger.

Ces vedettes pèsent lourd dans la performance du Nasdaq depuis le début de l’année - ce qui fait craindre une trop grande concentration des rendements. Il vaut la peine de mentionner que 84% des titres de cet indice se sont appréciés en mai.

Les profits à la rescousse

La meilleure croissance des profits depuis 2011 (de 14%) pour les entreprises américaines, au premier trimestre, ainsi que la plus forte proportion d’entreprises ayant surpassé aussi les prévisions de revenus et de bénéfices en 13 ans, ont noyé la crise à Washington.

Selon FactSet, 75% des entreprises du S&P 500 ont dégagé des bénéfices supérieurs aux prévisions. Elles ont aussi surpassé le consensus des analystes par 6%.

Les revenus ont crû de 8%, au premier trimestre, leur meilleure progression depuis le premier trimestre de 2012, rapporte aussi cette firme.

Une autre compilation révèle que 61,2% des 2450 sociétés ayant divulégué leurs résultats trimestriels ont fait mieux que prévu. Surtout, elles ont été plus nombreuses, quelque 62,9%, à dépasser les prévisions de revenus, une première depuis la fin de 2014.

«Nous voyons cela d’un bon œil. Non seulement, le taux de croissance des revenus par rapport aux consensus s’améliore depuis 18 mois, mais c’est positif puisque contrairement aux profits, les entreprises ne peuvent pas fabriquer des revenus», indiquent les analystes de Bespoke Investment Group.

L’écart qui compare le nombre de sociétés qui révisent leurs prévisions à la hausse, par rapport à l’inverse, est le plus élevé depuis 2012, signale de son côté Michael Wilson, stratège chez Morgan Stanley.

«Un élan aussi généralisé est historiquement précurseur d’autres gains», ajoute-t-il.

Le S&P 500 s’est apprécié en moyenne d’encore 15% sur 12 mois, lors des dix dernières occasions pendant lesquelles le taux de révision sur trois mois a dépassé 15%, comme c’est le cas actuellement.

Croissance mondiale et dollar stable à la rescousse aussi

La croissance mondiale mieux synchronisée, le recul du billet vert depuis le début de l’année et la remontée du pétrole, au moment où les taux sont encore modiques, redonnent aussi des ailes aux multinationales.

Plusieurs données économiques américaines sont aussi au rendez-vous.

L’indicateur avancé a augmenté de 0,3% en avril et la production industrielle a bondi d’un pourcent tandis que les demandes initiales et renouvelées d’assurance-chômage (continuing claims) sont tombées à  un plancher en 44 ans, de 1,89 million.

Les indicateurs avancés et coïncidents du Conference Board américain ont enfilé un troisième mois consécutif de gains en avril et ont tous deux atteint des records.

«C’est signe que l’économie américaine devrait retrouver sa vitesse de croisière de 2% après le ralentissement temporaire du premier trimestre», a déclaré Ataman Ozyildirim, directeur de la recherche sur les cycles et la croissance au Conference Board.

Les sondages préliminaires des directeurs d’achat en mai (indices PMI) pointent aussi vers une croissance annuelle de 3% pour les pays développés au deuxième trimestre, soit le taux le plus élevé en trois ans, note Nikita Shah, économiste mondiale chez Capital Economics.

En même temps, le recul des prix payés par les fabricants et les producteurs est de bon augure pour les taux en Europe et au Japon, ajoute l’économiste londonienne.

Effet de vide d’ici juillet?

Malgré ce portrait plus qu’encourageant, la Bourse pourrait manquer de souffle au cours des prochaines semaines, car les investisseurs n’auront pas de résultats financiers frais à se mettre sous la dent avant juillet.

Depuis quatre ans, le S&P 500 a en effet engrangé la majorité de ses gains (910 points) pendant la période de divulgation des résultats des entreprises, rapporte Bloomberg. Entre deux trimestres, le cumul des points tombe à 17.

Pendant le dévoilement des résultats du premier trimestre, le S&P 500 s’est apprécié de 1,4%, prolongeant ainsi ce phénomène pour un 18e trimestre d’affilée.

Depuis 2013, les actions sont plus susceptibles de reculer, entre deux saisons de profits.

 

 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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