Huard: un autre stratège le voit tomber à 0,59$US

Publié le 13/01/2016 à 15:45

Huard: un autre stratège le voit tomber à 0,59$US

Publié le 13/01/2016 à 15:45

Le pire début d’année de tous les temps vous ébranle, tout comme la rechute du pétrole et du huard, ainsi que les perspectives indéchiffrables de la Chine ?

Vous n’êtes pas les seuls à ne pas savoir sur quel pied danser. J’ai rarement vu autant d’opinions aussi contraires et extrêmes atterrir dans ma boîte de courriel.

Ces jours-ci, on lit par exemple que le S&P 500 pourrait défoncer le creux de 666 atteint au pire de 1999, gracieuseté du scénario le plus pessimiste présenté annuellement par l’ours boursier (perma bear), Albert Edwards, de Société Générale.

À l’inverse, Thomas Lee, de Fundstrat, estime que la récente chute boursière offre une nouvelle occasion d’achat puisque la chute des cours est encore une fois davantage le reflet de craintes que de réels risques de récession mondiale.

Un huard plus faible nécessaire pour fouetter l’économie

Le dernier coup d’éclat provient certainement de David Doyle, l’économiste et stratège de Macquarie Research, qui voit le huard tomber jusqu’à 0,59$US à la fin de 2016.

Celui qui avait prédit en février 2015 que le huard glisserait sous 0,70$US prévoit dorénavant que notre dollar défoncera le creux historique de 0,6176$US qu’il avait touché en 2002.

Il contredit ainsi l’opinion de Martin Roberge, de Canaccord Genuity, qui prévoit un rebond cyclique du huard cette année jusqu’à 0,75-0,80 $ US, comme l'expliquait  ce blogue d'hier.

Comment M. Doyle arrive-t-il à une telle prévision ?

En un mot, les cours des matières premières les plus déprimés depuis 1991, un secteur manufacturier peu concurrentiel et des consommateurs endettés se conjugueront pour affaiblir notre économie et notre monnaie.


« Notre prévision peut en surprendre plusieurs, mais nous rappelons que la période actuelle est sans précédent à bien des égards »

À son avis, l’économie canadienne se porte plus mal qu’on le croit et obligera la Banque du Canada à abaisser son taux directeur une troisième fois, de 0,25 % à 0,25 % le 20 janvier prochain.

Puisque la Fed augmente son taux directeur, les rendements supérieurs dirigeront des capitaux dans le dollar américain, au détriment de notre monnaie.

L’économie canadienne ne souffre pas seulement de la chute du prix du pétrole et d’autres matières premières et du long ralentissement chinois.

«Notre économie n’a jamais été aussi décalée par rapport à celle de nos voisins du sud. C’est signe d’une perte structurelle de compétitivité (par rapport au Mexique notamment) », observe-t-il.

Notre secteur manufacturier ne profite pas autant qu’avant de la reprise américaine ni de l’effet bénéfique de la baisse du huard sur la valeur de nos exportations.

«Le volume décevant de nos exportations non pétrolières depuis 18 mois, en dépit d’une dépréciation de 30% de notre monnaie, indique qu’un huard encore plus faible sera nécessaire pour restaurer notre compétitivité», ajoute M. Doyle.

Pour retrouver l’avantage de compétitivité de 23% que procuraient les taux de change de 2002 au secteur manufacturier, il faudrait que notre dollar recule d’encore 10%, avance aussi l’économiste.

Plusieurs divergences défavorisent le huard

Notre compétitivité déficiente survient aussi au moment où la reprise américaine et la cadence de l’économie mondiale s’avèrent déjà moins vigoureuse que par le passé.

La divergence des politiques monétaires, du niveau d’endettement des ménages, des perspectives du secteur résidentiel et des déficits gouvernementaux entre le Canada et les États-Unis pointe tous vers un huard plus faible.

Autrement dit, le secteur résidentiel et les dépenses de consommation ne seront pas d’aussi bons contrepoids économiques, cette fois.

«Ceux qui prévoient un huard de 0,70 à 0,75 $US se réfèrent au modèle de la parité du pouvoir d’achat, mais l’histoire démontre que notre monnaie peut dévier de ce modèle longtemps. Entre 1998 et 2002, le huard est resté 20% sous cette valeur», rappelle aussi M. Doyle.

Privilégiez les multinationales canadiennes, hors des ressources

Son conseil aux investisseurs pour se prémunir ou en pour en profiter: poursuivre sa stratégie qui consiste à privilégier les entreprises canadiennes bien implantées aux États-Unis et celles qui y réalisent une bonne part de leurs revenus.

En 2015, un panier de sociétés hors des ressources réalisant plus de 35% de leurs revenus à l’extérieur du Canada ont surpassé le rendement du S&P/TSX de 14%. Voici ce qu'en disait M. Doyle en septembre 2015.

Pour 2016, M. Doyle a trié 16 «multinationales locales» en fonction de la part de leurs revenus réalisés aux États-Unis et en Europe, dans les cinq industries les plus attrayantes :

 

Consommation :

Alimentation Couche-Tard, ATD.B/87%

Cott Corp., BCB/85%

Restaurants Brands*, QSR/73%

Gildan, GIL/96%

Thomson Reuters, TRI/80%

Magna International, MG/75%

 

Technologie :

Constellation Software, CSU/80%

Open Text, OTC/94%

Descartes Systems, DSG/88%

 

Finance :

Great-West, GWO/51%

Colliers International, CIG/87%

FirstService Corp., FSV/94%

Granite REIT, GRT-U/69%

 

Industrie :

McDonald Dettwiler, MDA/63%

 

Services aux collectivités :

Brookfield Renewable Energy Partners, BEP-U/68%

Emera, EMA/50%

 

* Burger King et Tim Hortons

 

 

 

 

 

 

 

 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
Sujets liés

Économie , Bourse

Blogues similaires

Bourse: la Banque Royale fait trembler le marché des actions privilégiées

BALADO. La Banque Royale envoie un signal clair qu'elle pourrait racheter toutes ses actions privilégiées.

Budget fédéral 2024: «c'est peut-être un mal pour un bien»

EXPERT INVITÉ. Les nouvelles règles ne changent pas selon moi l'attrait des actions à long terme.

Verizon, le nouveau défi de Manon Brouillette

Édition du 16 Juin 2021 | Stéphane Rolland

ANALYSE. La notoriété a une dimension régionale. La nomination de Manon Brouillette à la ...