Bourse: faut-il se méfier des ides de mars?

Publié le 24/02/2017 à 17:50

Bourse: faut-il se méfier des ides de mars?

Publié le 24/02/2017 à 17:50

"Beware of the ides of March", cette expression de William Shakespeare qui réfère à l’assassinat de Jules Cesar dans une de ses pièces de théâtre est devenue une expression de danger, avec les années.

À l'aube de mois de mars, les prochaines semaines seront fertiles pour les investisseurs qui chercheront des signes que la montée boursière puisse durer.

La Bourse américaine s’est offert une légère pause cette semaine après une ascension rapide de 11% depuis les élections américaines, sur la foi des promesses de réductions d’impôts, de dépenses d’infrastructures et de déréglementation.

L’indice Dow Jones a enfilé un onzième record consécutif le 24 février, du jamais vu en 30 ans, mais par la peau des dents. Une remontée dans les dernières 30 minutes de la séance de vendredi a renversé le recul de la journée pour cet indice.

Six points en fin de séance ont suffi pour enrayer les pertes de la séance pour le S&P 500 aussi, qui a clôturé à un record de 2367.

C'est la deuxième fois en deux semaines que les robots des pros achètent en fin de séance vendredi. Il semble que les fonds spéculatifs ont plus peur de rater d'autres gains que l'inverse, ont expliqué les négociateurs à l'agence Bloomberg. 

Le S&P 500 a gagné 0,9% cette semaine, le Dow Jones 0,98% et le Nasdaq, 0,5%.

À Toronto, le S&P/TSX a davantage souffert de l’essoufflement des paris de croissance étant donné le poids important (42%) des titres «cycliques» de l’énergie, des matériaux et du secteur industriel dans l'indice. L'indice canadien a perdu 2%, cette semaine.

Même le secteur canadien de la consommation discrétionnaire faiblit puisque la chaîne d’approvisionnement des fabricants de pièces d’autos est à la merci de la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain et d’une taxe potentielle à l’importation. La multinationale ontarienne Magna(MG, 56,43$) a flanché de 5,3% cette semaine.

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Les investisseurs deviennent plus méfiants des hyperboles de Donald Trump, surtout que certains membres de son cabinet contredisent de plus en plus souvent les déclarations de leur chef.

Les échos du Congrès américains révèlent notamment que la réforme des impôts ou l’abolition d’Obamacare ne font pas l’unanimité. En même temps, des regroupements d’entreprises se battent pour ou contre l’imposition possible d’une taxe à l’importation.

Ce malaise se reflète dans les cours boursiers et le refuge à court terme que trouvent certains investisseurs dans l’or (qui s’apprécie depuis quatre semaines) et les bons du Trésor américain.

Les taux américains repères de 10 ans se sont repliés à 2,32% le 24 février, leur plus bas niveau depuis janvier.

Ce niveau n’offre aucun signal particulier en soit puisqu’il reste dans le couloir de 2,3 à 2,6% dans lequel ces taux sont enfermés depuis les élections.

Les membres de la Fed embrouillent aussi les cartes.

En hésitant à raffermir les attentes pour une nouvelle hausse du taux directeur en mars, la banque centrale donne à penser que l’économie américaine n’est pas encore assez solide pour encaisser le coup, malgré l’amélioration notable de plusieurs indicateurs récents.

En revanche, sa présidente Janet Yellen a aussi manifesté son inconfort concernant les mesures de relance de Donald Trump dont l’économie n’a pas besoin.

Une économie trop vigoureuse l’obligerait en effet à relever les taux trop rapidement, ce qui pourrait refaire basculer l’économie en récession.

Évidemment, la Fed aimerait bien que l’économie continue de progresser modérément afin de pouvoir relever ses taux graduellement, pour justement obtenir la flexibilité de les abaisser à nouveau, lors de la prochaine crise ou récession.

Trump et Yellen au marbre dès mardi

Un premier test arrive vite ce mardi avec le discours le 28 février de Donald Trump devant les membres réunis de la Chambre des représentants et du Sénat, rappelle Michael Hartnett, stratège en chef de Bank of America Merrill Lynch.

La teneur du discours, selon qu’il répète ses slogans de campagne ou précise les politiques, risque de sortir le dollar américain et les taux de leur torpeur, croit M. Hartnett.

Dès le lendemain, il y a le dévoilement de l’indicateur d’inflation préféré de la Fed (PCE Deflator) qui mesure les prix des dépenses de consommation, une allocution de Janet Yellen le 3 mars, suivie de la divulgation de la création d’emplois de février le 10 mars et finalement de la réunion mensuelle de la Fed le 15 mars.

M. Hartnett reste dans le camp pro-croissance pour l’instant. Il lui faudrait voir une nouvelle ruée des investisseurs vers les obligations de société et les obligations des marchés émergents ainsi qu'une chute de l’encaisse des pros pour déclencher un signal de vente.

Pour l’instant, les chances d’une hausse des taux en mars sont de 38% pour le mois de mars, de 61% en mai et de 75% en juin.

De plus, seulement le quart des investisseurs prévoient que l’administration Trump réussira à faire passer sa réforme fiscale au Congrès avant l’ajournement du mois d’août.

En d’autres mots, les sceptiques dominent encore.

Le S&P 500 peut voguer jusqu'à 2245 ou retomber à 2250

Si la réforme fiscale et d’Obamacare se précisait, que le Fed se faisait moins ambivalente, que le déflateur des dépenses de consommation augmentait de 0,3 à 0,4% et que la création d’emplois atteignait 275000 emplois, le S&P 500 pourrait voguer jusqu’à 2450, entraînant les taux repère de 10 ans jusqu’à 2,75%, dans leur sillage.

En revanche, le S&P 500 pourrait aisément retomber à 2250 si les données économiques s’avéraient décevantes et si le plan de match des Républicains continuait d’avoir l’air aussi improvisé, indique le stratège.

Une hausse des taux en mars, aurait une valeur de symbole, croit M. Hartnett, en envoyant un message fort de confiance concernant la capacité de l’économie à absorber une troisième hausse de taux.

Le stratège surveille la performance des banques américaines pour prendre le pouls des paris de croissance.

M. Hartnett termine son billet en précisant que le S&P 500 baisse historiquement de 2%, en un mois, lorsque les conditions actuelles sont réunies:soit  lorsque la Fed augmente ses taux en même temps que le S&P 500 évolue au-dessus de sa moyenne mobile de 200 jours et au moment où l’indice de volatilité VIX est inférieur à 11%.

«Le passé n’est pas toujours un bon guide, mais les négociateurs peuvent tout de même prendre note de ces précédents».

 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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