Des obstacles à court terme pour les actions?

Publié le 21/09/2018 à 16:45, mis à jour le 10/10/2018 à 17:13

Des obstacles à court terme pour les actions?

Publié le 21/09/2018 à 16:45, mis à jour le 10/10/2018 à 17:13

Alors que les Bourses américaines enfilent leur dixième semaine de gains en douze, et un sixième mois d’appréciation de suite, des obstacles potentiels se pointent à l’horizon.

C’est du moins l’avis de Michael Hartnett, stratège en chef de Bank of America Merrill Lynch, qui croit tout de même que l’élan actuel pourrait pousser le S&P 500 jusqu’à 3000 bientôt.

Le 5 octobre, les sociétés américaines devront suspendre leurs rachats d’actions, comme le veut la pratique avant le dévoilement des résultats trimestriels.

Ca hiatus pourrait retirer aux cours une importante source d’acheteurs.

Le 12 octobre, la saison de divulgation des résultats du troisième trimestre s’amorce et pourrait réserver des surprises, après deux trimestres exceptionnels.

La réaction négative aux résultats hâtifs de FedEx, General Mills, Red Hat, Crakcker Barrel, Thor Industries, Copart, BorgWarner et AutoZone, qui ont reculé de 2 à 14%, est peut-être un avant-goût de ce qui attend les investisseurs le mois prochain.

En même temps, la Fed américaine relèvera son taux directeur le 25 septembre pour un huitième fois.

Les attentes incorporent désormais deux hausses de taux de plus en 2019, estime le stratège.

Si cette trajectoire se confirmait, elle constituerait le resserrement monétaire le plus rapide depuis 2011, soutient M. Hartnett.

En octobre, la banque centrale américaine augmentera aussi à 50 milliards de dollars américains par mois la revente de ses obligations.

Dans un tel scénario, on peut s’attendre à des rendements plus modestes et surtout plus erratiques qu’avant en Bourse, ajoute le stratège.

Étant donné l’endettement élevé des entreprises qui ont emprunté 4 400 milliards de dollars américains depuis la faillite de Lehman Brothers sur le marché des obligations de sociétés, les sociétés offrant les flux de trésorerie excédentaires les plus solides devraient mieux performer jusqu’à ce que la Fed ait terminé le rétablissement du taux directeur. 

L’Amérique d’abord moins rentable?

En attendant ces obstacles, les sommets boursiers masquent un va-et-vient fort actif sous-jacent.

Le récent plafonnement du billet vert, qui perd sa valeur de refuge lorsque l’appétit du risque revient, redirige les investisseurs vers les marchés et les secteurs qui avaient justement souffert de son ascension.

L’appât du gain fait un retour parce que l’intensité de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine s’est modérée cette semaine à la lumière de tarifs moins élevés que prévu de part et d’autre.

Surtout que le recul du yuan chinois depuis six mois atténue pour l’instant l’effet des tarifs sur la compétitivité des importations chinoises aux États-Unis, indique Douglas Porter, économise en chef, de Banque BMO.

«Une véritable guerre commerciale à l’échelle de la planète pourrait encore éclater et faire dérailler l’économie mondiale, mais les chances pour un tel dénouement semblent diminuer à l’heure actuelle», a expliqué l’équipe de stratège de MRB Partners, dans un rapport.

La zone euro qui avait perdu 12% de son sommet de 2018 prend donc du mieux, tout comme les banques mondiales, les marchés émergents et les cours des matières premières (le cuivre a rebondi de 4,5% cette semaine).

Certains stratèges, dont Marko Kolanovic de JPMorgan Chase & Co., suggèrent à leurs clients de se positionner en prévision de la possibilité que l’avance marquée de la Bourse américaine par rapport aux autres Bourses du monde perde de la vigueur.

Le S&P 500 s’est apprécié de 9,5% depuis le début de l’année tandis que les Bourses du reste du monde ont baissé de 6%.

La baisse des impôts combinée à l’effet bénéfique décalé du dollar et des taux affaiblis d’un an plus tôt ont donné une «surdose de sucre» aux marchés, croit le stratège.

M. Kolanovic suggère à ses clients d’encaisser des gans aux États-Unis et de les réinvestir dans les marchés émergents.


« À mesure que l’effet initial de la réforme des impôts se dissiperont, les États-Unis perdront leur avantage comparatif de croissance.  »

D’un, il est risqué à son avis de prétendre que les États-Unis sont complètement à l’abri de l’effet des tarifs.

De deux, si les tensions commerciales se calmaient, les Bourses et les secteurs les plus battus rebondiraient.

Puisque le stratège s’attend à ce que les perspectives des États-Unis et celles du reste du monde convergent un peu l’an prochain - et que les marchés devancent de 6 à 12 mois ces points de bascule -, le temps est propice pour commencer à repositionner son portefeuille, conclut M. Kolanovic.

Cette stratégie tranche avec la préférence dominante pour le marché américain.

Les investisseurs n’ont pas consacré autant de leur capital à la Bourse américaine depuis quatre ans et n’ont pas été aussi optimistes à l’égard des bénéfices américains en 17 ans, selon le dernier sondage mensuel des pros de Bank of American Merrill Lynch.

Résultat: le multiple d’évaluation du S&P 500 est de 11% supérieur à sa propre moyenne à long terme.

L’indice phare s’échange aussi à un multiple de 12% supérieur à celui de l’indice MSCI Monde tous les pays (ex-États-Unis), un sommet depuis 2009, note Savita Subramanian, stratège quantitative du même courtier.

«Les facteurs fondamentaux continuent de soutenir la Bourse américaine qui reste la seule région à afficher plus de révisions à la hausse qu’à la baisse des bénéfices», prend-elle le soin d’ajouter. 

Quatre bons indicateurs, en boni

Trois données économiques solides ont donné du tonus au marché américain pendant la semaine écoulée.

Les demandes initiales de prestations d’assurance chômage ont atteint à leur plus bas (201000) depuis 1969.

L’indicateur avancé américain a bondi de 0,5% à en août, loin devant la pointe de mars 2016. Son niveau concorde avec une croissance économique de 3% d’ici la fin de l’année.

L’indice manufacturier de Philadelphie a aussi rebondi au-delà des attentes.

Autre bonne nouvelle, le passage des taux de 10 ans au-dessus de la barre des 3% a accru à nouveau l’écart qui sépare les taux à court et à long terme, accentuant la fameuse courbe des taux.

L’aplatissement de la courbe est perçu comme le prélude à une inversion (des taux à court terme plus élevés que ceux à long terme), qui elle, devance une éventuelle récession.

 

 

 

 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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