Bourse: comment ce stratège-vedette se positionne pour le reste de 2017

Publié le 06/06/2017 à 14:40

Bourse: comment ce stratège-vedette se positionne pour le reste de 2017

Publié le 06/06/2017 à 14:40

De toute évidence, le double pari d’une accélération économique et du retour de l’inflation bat de l’aile depuis la mi-février.

Vincent Delisle, stratège de Banque Scotia, ne jette pas l'éponge pour autant même si ses préférences sectorielles pour les matériaux, l’énergie et la finance encaissent tous des reculs en 2017, contrairement à ce que le modèle de performance dicte en fin de cycle économique.

Il croit que le thème de la «reflation» (le duo de croissance économique et de hausse des prix) prend tout simplement une pause et pourrait revenir à la charge en 2018.

TSX

Par rapport aux bénéfices, le S&P/TSX de Toronto n'a pas été aussi bon marché depuis 15 ans par rapport au S&P 500. (Source: Banque Scotia)

Les actions mondiales (+10% en 2017 en $US), en particulier les marchés émergents(+17%) ainsi que les secteurs de la technologie et de la consommation discrétionnaire mènent le bal cette année. C’est signe que le pari de reprise est encore en vie.

"L'ascension des titres techno ne fait pas vraiment partie du thème de la reflation. Ils grimpent parce que la croissance de leurs bénéfices est très visible pendant que les secteurs cyliques des mines, de l'énergie et de la finance souffrent", dit-il, en entrevue.

Le secteur de la consommation discrétionnaire, qui inclut les détaillants et les médias, se démarque tant au Canada, aux États-Unis que dans l'indice mondial.

En revanche, la récente rechute des taux repères aux États-Unis redirige les investisseurs vers les industries moins cycliques de la santé, des services aux collectivités et de la consommation de base.

Le stratège attribue ce renversement à l’étiolement des espoirs d’une réforme des impôts par l’administration Trump et à la progression faiblarde des salaires.

Pari de reprise reporté en 2018?

Si les indicateurs d’activité économique ISM perdaient encore de l’élan au deuxième semestre et que la Fed n’augmentait pas son taux directeur en septembre, la pression sur les taux pourrait d’ailleurs se prolonger.

«Si les taux américains retombaient sous le seuil de 2,1%, ils pourraient ensuite s’enfoncer sous 2% à nouveau et déclencher une nouvelle ruée vers les secteurs qui profitent des bas taux, au troisième trimestre», évoque le stratège dans un scénario potentiel.

Ce portrait repousserait alors le pari de reprise à 2018.

M. Delisle reste serein parce que les indicateurs de son modèle donnent encore un signal maximum favorable aux actions (surpondération de +15%).

De plus, la cadence économique mondiale est aussi près d’un sommet en sept ans, si l’on se fie aux indicateurs PMI. Seule la Chine marque le pas.

De plus, le repli du dollar américain cette année bénéficiera non seulement aux exportateurs et aux multinationales de ce pays, mais il stimulera l’inflation des produits importés.

«Cela devrait ranimer la dynamique de la réflation plus tard cette année» explique-t-il.

Privilégiez les actions non américaines

Comment M. Delisle compte-t-il positionner son portefeuille-modèle pour la deuxième moitié de l’année?

Le stratège continuera de privilégier les actions, mais il prévoit diminuer la place qu’elles occupent en portefeuille, car il croit que les indicateurs d’activité économique, les révisions de bénéfices et la confiance des consommateurs soutiendront difficilement la comparaison des données de l’année précédente.

La stratégie tactique à court terme consistera aussi à diminuer le poids des secteurs plus volatils et à assurer un meilleur équilibre entre les titres cycliques et prudents. Le stratège prévoit aussi augmenter un peu son encaisse.

"Mon plan de match pour 2017 a toujours été de profiter des gains du premier semestre pour redevenir un peu plus prudent dans notre répartition. Le taux de volatilité de notre portefeuille-modèle a déjà baissé de 1,2 en 2016 à 1,05. Les taux obligataires remonteront éventuellement et je compte revenir aux assureurs et aux banques, deux secteurs plus volatils", précise M. Delisle

D’ici là, M. Delisle continue de privilégier les actions européennes, d’Asie et d’Amérique latine aux actions américaines parce que leur évaluation est plus modérée et que la croissance prévue de leurs bénéfices est supérieure.

Ainsi, les pays développés d’Europe par exemple s’échangent à un multiple de 15,4 fois les bénéfices prévus dans un an alors que ces bénéfices croitront de 10%. Cela se compare à un multiple de 17,7 fois pour le S&P 500 et une croissance prévue de 3% de leurs profits.

En Asie, le multiple d’évaluation est de 12,6 fois et la hausse prévue des bénéfices s’élève à 13%. 

La Bourse canadienne la moins chère en 15 ans

La mauvaise performance du S&P/TSX cette année et sa divergence du reste du monde a pris de court le stratège, mais elles offrent une nouvelle occasion, croit-il.

Non seulement, l’indice torontois a-t-il gagné seulement 0,4% depuis le début de l’année, mais 45% des titres sont dans le rouge.

Cela se compare au gain de 8% pour le S&P 500 où 69% des titres se sont appréciés.

L’évaluation du S&P/TSX est donc tombée à un plancher de 15 ans par rapport à celle de l’indice phare américain en fonction des bénéfices des douze derniers mois. Le huard affaibli est un autre facteur en sa faveur.

En revanche, dans le portefeuille-modèle il diminue les placements dans les  assureurs Manuvie(MFC, 23,14$) et Industrielle-Alliance(IAG,49$) et ajoute à ceux dans les producteurs d’or Agnico-Eagle(AEM, 67,31$) et B2BGold(BTO,3,69$) et l’exploitant de pipelines Enbridge(ENB,53,03$) en raison de la persistance des faibles taux et du recul du dollar américain.

Voici sa répartition à court terme en date du 31 mai :

Actions/65%

canadiennes/65%

américaines/18%

d’Europe de l’Ouest/16%

du Pacifique(Japon/Australie)/11%

des pays émergents d’Asie/8%

d’Amérique latine/5%

Obligations/32%

Gouvernementales/22%

de sociétés/10%

Encaisse/3%

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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