Bourses: approche-t-on de la capitulation attendue?

Publié le 15/01/2016 à 12:39, mis à jour le 15/01/2016 à 17:49

Bourses: approche-t-on de la capitulation attendue?

Publié le 15/01/2016 à 12:39, mis à jour le 15/01/2016 à 17:49

Les marchés se cherchent encore un plancher et il faut attendre une véritable capitulation de la part des investisseurs avant qu’il ne soit atteint, disent certains observateurs.

La chute de 3 à 4 % des trois indices américains à mi-séance vendredi et le plongeon de 20% du pétrole depuis le début de l’année, ainsi que de forts volumes de transactions, nous y approchaient.

Avant le long week-end, marquant l’anniversaire de la naissance de Martin Luther King Jr., les investisseurs américains sont enclins à retirer leurs billes.

Dans la dernière heure de la séance de vendredi, les indices ont récupéré environ le quart de leurs pertes. Après avoir largué plus de 530 points, le Dow Jones a terminé la séance en baisse de 390 points, sous le seuil de 16000 points pour la première fois depuis le 25 août.

Le S&P 500 a réussi à terminer au-dessus du plancher de 1867, atteint le 25 août, que surveillaient plusieurs analystes techniques.

Plusieurs indicateurs signalent déjà que les Bourses sont dans une zone d’achat:  la chute de plus de 20% du titre moyen dans l’indice Morgan Stanley All Country Index depuis octobre 2014; le fait que 93% des Bourses mondiales se négocient sous leurs moyennes mobiles de 50 et de 200 jours; le fait que seulement 5% des titres du S&P 500 s’échangent au-dessus de la moyenne mobile de dix jours (le 14 janvier); ou encore que le niveau d’optimisme des investisseurs est au plus bas dans les sondages.

Seulement 18% des investisseurs sondés mercredi par l’American Association of Individual Investors (AAII) prévoient une hausse des actions. Il s’agit du plus bas niveau depuis avril 2005 et se compare à une proportion de 19%, pendant la crise de 2008.

Toutefois, certains analystes techniques hésitaient à prédire que le creux était atteint parce qu’ils attendaient de voir des signaux de «panique» qui signaleraient la capitulation qui fait table rase et prépare le terrain à un rebond plus durable.

Ces derniers jours, l’indice de volatilité est bien passé à 27,8, mais cet indicateur de la peur est encore loin de la pointe de 44 qui avait été atteinte en mars 2009, selon Bloomberg.

L’indice Arms du New York Stock Exchange (NYSE), qui mesure l’intensité des volumes de vente et d’achat, a atteint 1,4 aujourd’hui. C’est nettement en-dessous du niveau minimum de 2 que les analystes techniques associent aux mouvements de panique. Le 1er septembre dernier, l’indice NYSE Arms avait atteint 4,9 lorsque le Dow Jones perdait 470 points.

Les investisseurs mondiaux sont nombreux à retirer leur capital des fonds d’actions, mais des retraits de 21 milliards de dollars américains au cours des deux dernières semaines est encore bien en-deça de la fuite de capitaux de 36 milliards de dollars d’août 2015 ou de celle de 90 milliards de dollars d’août 2011 (pendant la tempête entourant le plafonds de la dette américaine).

«Les investisseurs ne sont plus en déni concernant la possibilité d’un marché baissier ou d’une récession, mais nos clients ne sont pas encore prêts à reconnaître que nous sommes déjà dans un marché baissier», écrivait Michael Hartnett, stratège en chef de Bank of America Merrill Lynch, avant la chute de cours de vendredi matin.

Lisez le blogue de mon collègue François Pouliot "Le Grand dégonflement"

Lisez aussi les conseils de Philippe Leblanc, de Cote 100, dans son blogue "Correction rime avec occasion"

Confiance ébranlée, économie américaine au ralenti

La chute rapide des Bourses et du pétrole, la perception que le gouvernement chinois improvise ses interventions pour stabiliser son économie, sa Bourse et sa monnaie de même que l'impression que les banques centrales ont moins d’appétit pour sauver les marchés financiers sont autant de facteurs qui ébranlent la confiance des investisseurs. Ces derniers se méfient de plus en plus des données économiques et des résultats financiers dévoilés par les entreprises.

Ce n’est pas les revenus stagnants et le recul de 1% des bénéfices de l’une des banques américaines les mieux gérées, Wells Fargo, qui rassureront les investisseurs.

La chute de l’indice manufacturier Empire de New York, le déclin des ventes au détail en décembre et celui de l’indice des prix à la production, ainsi que l’annonce de la fermeture de 269 magasins par Wal-Mart Stores (dont 102 magasins Express aux États-Unis), tous annoncés vendredi matin, ne sont pas de nature à rasséréner les investisseurs non plus.

Bien que l’évaluation du S&P 500 ait retrouvé sa moyenne de 15 fois les bénéfices, pour la première fois en deux ans, les prévisions de bénéfices incluses dans le multiple cours-bénéfices continuent de baisser.

«Les Bourses restent vulnérables à des chutes violentes à court terme tant que le pessimisme n’aura pas atteint son comble», ajoute M. Hartnett dans sa note intitulée « Si sa rugit comme un cours … ».

Le stratège répète que tant que la Chine, les matières premières, le consommateur et le crédit ne prendront pas du mieux, les rebonds resteront des occasions pour les investisseurs qui n’ont pas encore vendu de se délester de leurs actions, croit-il.

Les vedettes du marché haussier et de 2015, les titres de biotechnologie et les géants de la technologie sont les plus récents exemples de prises de profit.

Le stratège réitère qu’un rebond plus durable attend toutefois un yuan et un pétrole plus stables, un dollar américain moins fort et un retour au-dessus du niveau de croissance de 50 des indicateurs d’activité économique PMI en Chine et aux États-Unis.

Les craintes des investisseurs ne sont pas imaginaires.

Si la plupart des économistes jugent qu’une récession américaine est peu probable, le modèle GDPNow de la Réserve fédérale d’Atlanta pointe vers une croissance économique de seulement 0,6% au quatrième trimestre, après le dévoilement des plus récentes données sur les ventes au détail, la production industrielle, la production manufacturière, et la diminution des stocks des entreprises. Cela se compare au consensus de 1,5%.

À la Financière Banque Nationale, l’économiste Krishen Rangasamy compte toujours sur le secteur des services pour sauver la mise. Les services représentent 68% de l'économie américaine soit cinq fois plus que les secteurs minier et manufacturier.

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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