Bourse: sa résilience sera testée à court terme

Publié le 18/07/2016 à 14:58

Bourse: sa résilience sera testée à court terme

Publié le 18/07/2016 à 14:58

La résilience des Bourses au choc des nouveaux attentats, du vote britannique en faveur du Brexit et de la tentative de coup d’état en Turquie en surprend plusieurs.

La rechute des taux d’intérêt un peu partout dans le monde redonne de la valeur aux actifs financiers, des actions aux obligations de sociétés, comme le prévoit la théorie financière.

Des taux plus faibles augmentent la valeur des flux de trésorerie générés par les entreprises tandis qu’une foule d’investisseurs recherchent en plus une solution de rechange aux rendements anémiques, sinon négatifs, des obligations souveraines.

Des données économiques et résultats financiers meilleurs que prévu aux États-Unis ont aussi de nouveau rassuré les investisseurs concernant la capacité de l’économie américaine à résister aux chocs externes.

Le Citigroup Surprise Index, qui mesure à quel point les données économiques des pays du G10 dépassent (ou l’inverse) les prévisions, est aussi le plus élevé en 18 mois.

Deux signaux technique et électoral de bon augure

On apprend aussi qu’un nouveau sommet annuel pour le S&P 500, après une période d’au moins 300 jours sans nouvelle marque annuelle, est techniquement de très bon augure.

Le 11 juillet, le S&P 500 a clôturé à un nouveau sommet annuel pour la première fois en 414 séances. Depuis, il continue sa remontée. L'indice-phare a gagné 0,24% le 18 juillet, à 2166, enfilant un cinquième record en six séances.

Or, le S&P 500 s’est apprécié 91% du temps, 250 jours après le nouveau sommet annuel (suivant une pause de plus de 300 jours), selon les annales boursières depuis 87 ans, indique l’équipe d’analyse technique de Bank of America Merrill Lynch.

Le rendement moyen de l’indice a été de 15,6%, lors des 24 épisodes répertoriés depuis 1929, peu importe son rendement antérieur.

Deux exceptions à la règle: en 1938, S&P 500 avait perdu 0,54% et en 1948, 10,4%, 250 jours après le nouveau sommet annuel d’alors, dans les deux cas.

Le signal haussier est encore plus fort lorsque le S&P 500 est dans un élan haussier comme c’est le cas depuis avril 2013, estime Bank of America Merrill Lynch.

Strategas Research Partners et Bloomberg nous apprennent aussi que la Bourse a prédit le gagnant de 19 des 22 dernières élections américaines.

Lorsque la Bourse s’apprécie dans les mois précédant l’élection, le parti au pouvoir remporte la mise, 86% du temps.

L’explication basique: quand l’économie prospère, la Bourse le refète et les électeurs le remarquent consciemment ou non.

Bien que les observateurs soient très nombreux à signaler le caractère historique de cette élection, avec la montée mondiale des partis populistes et le mouvement de rejet des élites politiques, des sommets boursiers, particulièrement au cours des trois mois avant l’élection de novembre, seraient favorables à une victoire d’Hillary Clinton.

Risque de repli à court terme

Si ces deux repères rassurent après le choc des plus récents attentats et la crise en Turquie, la Bourse reste vulnérable à un nouveau repli à tout moment.

Un baromètre tactique, qui mesure l’écart entre le multiple cours-bénéfice de 17 fois du S&P 500 et l’indice de volatilité (VIX) de 12,4, signale aux investisseurs qu’à court terme il vaut mieux modérer son enthousiasme parce que les cours ont déjà réagi à l’effet de surprise des données économiques et qu'ils ont ont déjà devancé l’amélioration des résultats financiers des entreprises attendue à partir du troisième trimestre, indique Martin Roberge, stratège quantitatif de Canaccord Genuity.

De plus, les pessimistes, qui avaient misé sur un effet de contagion mondial du Brexit sur les Bourses, ont déjà racheté les placements contre lesquels ils avaient parié, afin de s’éviter d’autres pertes étant donné le rebond des cours.

D’autres ont aussi acheté tout simplement pour ne pas manquer le bateau des gains inattendus.

Le 11 juillet a vu des achats record d’obligations de sociétés, ainsi que les plus importants achats de fonds de prêts bancaires en trois ans, rapporte Bank of America Merrill Lynch.

Les capitaux investis dans les titres de dettes des marchés émergents ont aussi été parmi les plus élevés de l’histoire, tandis que les achats d’actions américaines ont été les meilleurs depuis septembre 2015. Les actions des pays émergents ont été les plus populaires, depuis mars 2016, révèle aussi le courtier.

Les «ours ayant capitulé», il reste donc moins de futurs acheteurs en puissance.

«La Bourse américaine a peut-être besoin d’un petit repli pour consolider ses gains, afin d’établir de nouvelles fondations plus solides pour un autre mouvement haussier. Si les investisseurs vendent les secteurs refuge (services publics, consommation de base) pendant la correction, ce sera signe que le changement de leadership vers les secteurs plus cycliques, mais hors des ressources (industrie, technologie et assurance), est enclenché et peut nourrir une autre avancée», croit M. Roberge.

 

 

 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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