Se financer à la bourse? Plus cher que s'endetter!

Publié le 06/01/2014 à 11:43

Se financer à la bourse? Plus cher que s'endetter!

Publié le 06/01/2014 à 11:43

Par Diane Bérard

Activisme financier, on n’a pas fini d’en parler. 2014 est à peine entamée qu’on prévoit déjà que la tension grimpera d’un cran entre les actionnaires et la direction.

Or, des actionnaires, il y en a de plus en plus. La population vieillit et elle s’inquiète pour sa retraite. Ceci pousse de plus en plus de particuliers à investir à la bourse. Cela fait partie de la « financiarisation » de l’économie.

Les entreprises sautent sur l’occasion, bien sûr. Au point que les dividendes versés aux actionnaires ont augmenté au détriment des intérêts versés aux banques. Les entreprises se sont moins endettées, certes, mais l’économie y a -t-elle gagné?

Non, au contraire. Tout ce capital levé à la bourse coûte cher. C’est ce que nous apprend l’étude « Le coût de capital et son surcoût » du Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques. L’étude s’est penchée sur le cas de la France. En 2011, on a évalué le surcoût du capital entre 50 % et 70 %. Ce qui signifie que lorsque les travailleurs français produisent à un prix de 100 euros par an, il en coûte entre 150 euros et 170 euros par an aux entreprises. Ce surcoût correspond à la rente dont ces entreprises doivent s’acquitter pour avoir accès au capital.

Comment expliquer le surcoût du capital? Il est lié aux exigences de dividendes élevés.

Pendant ce temps, le coût du travail, lui, ne bouge pas. Entre 1981 et 2013, la part des salaires des employés français dans la valeur ajoutée est restée stable, autour de 68%.

Quelles conséquences pour l'économie?

Un dollar investi n’équivaut pas à un dollar investi. Je m’explique. Un banquier ne sera jamais aussi interventionniste qu’un actionnaire. Ainsi, chaque fois qu’une entreprise opte pour davantage de financement sur les marchés que de financement bancaire, elle modifie sa gouvernance. Elle donne davantage de pouvoir à des acteurs externes, les actionnaires. Or, ceux-ci sont bien loin du quotidien de l’organisation. Ce qui le pousse souvent à réclamer des dividendes eux aussi éloignés de la réalité de l’entreprise. Bref, les organisations qui se financent beaucoup par les actionnaires risquent d’en payer le prix à long terme.

Autre conséquence: dans une économie d’actionnaires, où l’on exige des dividendes supérieurs à 15 %, qu’en est-il des projets qui rapportent moins de 15 %? Quelle chance ont-ils de voir le jour ? L’économie gagne-t-elle vraiment en ne se concentrant que sur les projets qui rapportent plus de 15 %?

Je terminerai sur cette anecdote. J’avais rendez-vous avec ma mère pour le lunch. Je suis arrivée en retard, à bout de souffle.

Maman -« Tu as l’air fatiguée »

Moi - « C’est vrai. Et c’est à cause de toi »

Maman - « Moi? Mais qu’est-ce que j’ai bien pu te faire ? »

Moi - « Tu juges inacceptable lorsque tes investissements rapportent moins de 15%. As-tu une idée de ce que ces rendements exigent de la part des employés des entreprises où tu investis.»

J’aurais pu ajouter «Sans compter tous ces projets fabuleux que les employés imaginent, mais qui ne seront jamais réalisés parce qu’ils ne touchent pas la barre du 15 %.» Et si on voyait plus loin et plus large en 2014.

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