Republik ne veut que des clients générant un impact positif

Publié le 14/11/2018 à 11:38

Republik ne veut que des clients générant un impact positif

Publié le 14/11/2018 à 11:38

Par Diane Bérard

Vincent Fortin et Jean-Philippe Shoiry, de Republik, ont annoncé que d'ici 2021 leur agence de communication ne travaillera qu'avec des entreprises dont le modèle d'affaires génère un impact social ou environnemental positif.

«Dis-moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu es.»

Il est devenu courant pour les entreprises de demander à leurs fournisseurs davantage de transparence sur leurs pratiques. Cette demande est motivée par une meilleure gestion des risques. On n’a qu’à penser aux fabricants de matériel électronique et aux minéraux provenant des zones de guerre ou au secteur du vêtement et au travail des enfants. Dans les deux cas, depuis qu’on a mis ces enjeux en lumière, aucune organisation ne souhaite y être associée.

L’agence de marketing de contenu et d’influence montréalaise Republik s’attaque à un autre type de fréquentation: ses clients. Ça, c’est moins courant. Vincent Fortin et Jean-Philippe Shoiry ont annoncé qu’à partir de 2021, ils ne travailleront qu’avec des clients qui génèrent un impact social ou environnemental positif à même leur modèle d’affaires, c’est-à-dire à travers leurs activités quotidiennes lucratives. Ceci exclut donc les entreprises dont l’impact sociétal positif se limite à leurs dons et autres activités caritatives.

Pourquoi vouloir tout à coup choisir vos clients?

«Depuis 2015, nous avons la certification B Corp, répond Vincent Fortin. Celle-ci confirme que nous accordons une importance égale à notre performance financière, sociale et environnementale. Cette certification, renouvelable aux trois ans, nous oblige à constamment améliorer nos pratiques. Nous avons beaucoup évolué. L’impact sociétal positif supplémentaire que Republik peut générer par elle-même est marginal. Pour contribuer davantage, on doit passer par nos clients.»

Comment en êtes-vous arrivé à une telle décision?

La réponse se décline en deux temps.

«Au printemps 2018, Vincent et moi sommes allés en retraite de planification stratégique,raconte Jean-Philippe. Pour la première fois, nous n’avons pas consulté nos courriels ni appelé au bureau. L’entreprise roule bien. Nos employés ont la situation en main. Ceci laisse la place pour réfléchir. Qu’est-ce qu’on bâtit exactement? Est-ce ce qu’on souhaite? Travaillons-nous pour le long terme? Nous avons quitté la retraite habités de ces questions.»

Quelques semaines plus tard, le questionnement reprend de plus belle…

«Je suis inscrit à l’École d’Entrepreneurship de Beauce (EEB), explique Vincent. En mai 2018, notre groupe d’entrepreneurs s’est penché toute une fin de semaine sur nos raisons d’être respectives, guidé par Simon de Baene, de GSoft. Au retour, j’ai organisé une réunion pour interpeller nos employés. C’est quoi notre guerre? Notre raison d’être? Pourquoi fait-on ce que l’on fait? Ces questions ont permis de nous rebrancher sur nos intentions initiales. En rachetant l’entreprise, en 2015, nous avons tout de suite visé la certification B Corp parce que nous voulions structurer et formaliser notre impact sociétal. Puis, les choses ont déboulé. Nous avons pivoté nos services, revu la composition du personnel, développé de nouveaux marchés, etc. Notre retraite du printemps et le parcours de Vincent à l’EEB nous ont fait réaliser que nous avions perdu notre satisfaction d’impact au quotidien. Travailler avec des entreprises génératrices d’impact positif va permettre de le retrouver.»

Larguerez-vous vraiment les clients qui ne génèrent pas d’impact social ou environnemental positif à travers leurs activités quotidiennes?

«Non, nous allons accompagner ceux qui le souhaitent vers un modèle générateur d’impact, répond Vincent. Nous sommes associés à Credo, une firme de consultation en impact social. Credo créera un atelier de réflexion stratégique sur les modèles d’affaires à impact positif. À partir de 2019, nous l’offrirons à tous nos clients. Ce sera ensuite leur choix d’explorer cette avenue et d’adapter leurs pratiques d’ici 2021, pour respecter notre échéance.»

Comment vos clients ont-ils réagi à votre annonce?

«Ils nous ont demandé si on s’attendait à ce qu’ils soient parfaits. La réponse est non. Mais ils devront être disposés à travailler autrement. Notre relation doit être complètement transparente. Et nous nous attendons à ce qu’en matière d’impact positif nos clients prennent des décisions d’affaires et non de communication», dit Vincent.

C’est quoi pour vous l’impact positif?

«Ça tient à trois choses, estime Jean-Philippe. D’abord, la considération. Si, dans vos pratiques d’affaires vous considérez vos employés, votre communauté et votre environnement il y a de bonnes chances que certaines décisions soient prises en lien à ces considérations. Ensuite, vient l’action. Les entreprises à impact positif mettent des choses en place pour améliorer une situation pour l’une ou l’autre des parties prenantes. Certaines entreprises se concentrent sur leur chaine d’approvisionnement. D’autres sur leur main-d’œuvre. D’autres sur leur commercialisation. Enfin, le désir de s’améliorer.»

Vous êtes une firme de communication. Faites-vous cette annonce parce que vous en avez marre de raconter de fausses histoires d’impact?

«Non, le processus créatif qu’on s’est donné depuis deux ans nous a déjà permis d’éliminer la fiction de nos mandats », répond Vincent.

Manquez-vous de bonnes histoires à raconter? Est-ce pour en générer que vous poussez vos clients vers l’impact positif?

«Il est évident que les entreprises à impact positif ont des histoires plus riches à raconter», reconnaît Jean-Philippe. «Mais les histoires d’impact positif sont plus nombreuse l’on pense, poursuit Vincent. Beaucoup d’entreprises prennent déjà des décisions d’affaires génératrices d’impact social et environnemental positif. Mais les firmes de communication ne comprennent pas ces organisations qui ont d’autres objectifs d’affaires que réaliser des ventes et du profit. Elles ne savent pas identifier correctement leur action ni la mettre en valeur. Cela exige une démarche systématique. C’est ce que nous sommes en train de déployer avec le B Lab, l’organisme qui accorde la certification B Corp.»

Le filtrage de vos clients, c’est aussi pour satisfaire vos employés…

«En effet, nous avons racheté Republik en 2015 et aucun des employés de l’époque n’est encore présent. Ceux qui ont joint notre organisation sont venus vers nous parce que nous sommes une B Corp. Forcément, ils s’attendent à des mandats générateurs d’impact positif.»

Comment évaluerez-vous vos clients potentiels?

«Dans un premier temps, nous identifierons le désir d’impact du client, sa perception personnelle de ce concept et la nature du mandat qu’il souhaite nous confier, précise Jean-Philippe. Ce questionnaire sera inspiré du Quick Impact Assesment de B Lab. Nous présenterons les résultats à nos employés qui décideront s’ils souhaitent accepter le mandat. Si nous avons le feu vert, nous développerons une offre de service. La première étape est l’évaluation exhaustive de l’impact à l’aide de la méthodologie B Lab, pour confirmer si une entreprise a un impact positif, où il se situe et comment il se compare par rapport à celui de ses homologues. Une centaine d’entreprises emploient cette grille pour filtrer des fournisseurs. Et des fonds d’investissement d’impact l’emploient pour filtrer les entreprises qui se qualifient pour leur portefeuille.»

Et si un client ne se qualifie pas?

«Ce n’est pas perdu. Il aura en main ses réponses au questionnaire du B Lab. Il saura où se situe son organisation face à l’impact et ce qu’il doit améliorer. Ce sera son choix d’y travailler.»

En investissement responsable, on écarte de plus en plus la stratégie d’exclusion parce qu’en refusant d’investir dans certaines entreprises, on ne dispose d’aucun levier pour les faire évoluer. Republik travaillera-t-elle uniquement avec des converties?

«Ce n’est pas notre intention, affirme Vincent. Nous sommes conscients qu’il faudra faire de l’évangélisation. On ne travaillera pas uniquement avec les premiers de classe. Nous sommes prêts à éduquer et à informer. Certains clients partiront de plus loin. S’ils sont prêts à travailler autrement, nous les accompagnerons.»

Et si vous ne trouvez pas assez de clients au Québec?

«Nous travaillerons avec des entreprises de l’extérieur, répond Vincent. Ce qui n’est pas si mal, car cela amènera des histoires et des modèles pour les entreprises d’ici.»

Vous êtes une firme de marketing d'influence. Ultimement, qui souhaitez-vous influencer?

«Nos mandats consistent toujours à faire rayonner les marques pour augmenter les ventes de nos clents, répond Vincent. Nous voulons utiliser notre influence pour que les citoyens dirigent leur budget de consommation et d'Investissement vers des entreprises à impact positif. Pour que ce soit que celles-là qui se développent. Et cela n'arrivera que si les citoyens connaissent les histoires de ces entreprises.»

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