Une des résidences du site de location onefinestay
Voici une première dans le secteur hôtelier : une chaîne, Hyatt, s’associe à un site de location de maisons par des particuliers, onefinestay. Un partenariat étonnant. On a plutôt l’habitude d’entendre les hôteliers pester contre les sites de location par des particuliers et réclamer leur interdiction.
Onefinestay est un site londonien que l’on pourrait qualifier d’airbnb pour les riches. Fondé en 2010, on y propose des résidences de luxe à Londres, Paris, New York et Los Angeles. Onefinestay emploie 700 personnes. Depuis sa fondation, la société a recueilli 80M$US.
L’an dernier, Hyatt a participé à une ronde de financement de 40M$US dans onefinestay. Un investissement très stratégique. La direction de la chaîne hôtelière américaine désire comprendre le phénomène de l’économie du partage. Plus encore, elle veut explorer s’il y a une place pour les hôteliers. « If you can’t beat them, join them ! », dit-on.
« Les hôteliers veulent tirer profit des sites de location par des particuliers. Ces sites, eux, veulent percer chez la clientèle d’affaires. »
Projet-pilote dans un hôtel londonien
Première expérience : un projet-pilote entre le Hyatt Regency The Churchill, de Londres, et onefinestay. Les clients qui louent une résidence londonienne et dont le vol se pose tôt le matin ont accès à une chambre au Churchill pour se rafraîchir en attendant que leur résidence soit prête.
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Prochaine étape: on s'échange des clients
Ce n’est là que le début. La prochaine étape pourrait marquer un tournant bien plus important. Hyatt et onefinestay songeraient à collaborer à travers un programme d’échange de récompenses. Vous échangez vos points accumulés lors de nuits à l’hôtel contre des nuits dans des résidences de particuliers et vice versa. Ainsi chaque univers nourrit l’autre plutôt que de perdre du temps et de l’énergie à le combattre. Évidemment, Hyatt et onefinestay demeurent des concurrents. Mais on parle de « coopétition » : tantôt concurrents, tantôt partenaires. Une relation complexe à gérer, certes, mais un scénario de plus en plus fréquent dans de nombreux secteurs.
Il semble que les hôtels Wyndham - Ramada et Travelodge – jonglent aussi avec la coopétition. Ils ont investi 12M$US dans le site d’échange de maisons Love Home Swap. On y propose 7 000 propriétés dans 160 pays.
Pendant ce temps… la rumeur veut que la chaîne Marriott ait, elle aussi, tenté un rapprochement avec la concurrence. Elle aurait amorcé des discussions avec airbnb pour un programme de récompenses conjoint. Mais l’idée serait morte au feuilleton. Certains hôteliers Marriott ne désirent pas de rapprochement.
L'imitation: une stratégie risquée
Pendant ce temps… airbnb s’est associée à la plateforme Concur, spécialisée dans la gestion des voyages d’affaires. Alors que les hôteliers cherchent à tirer profit des sites de location par des particuliers, ces sites, eux, visent une percée chez la clientèle d’affaires. Voilà qui me paraît plus sage que de nier l’existence de la concurrence. Ou d’exiger qu'on l'interdise plutôt que de chercher à comprendre ce qui lui a permis d’émerger et de réussir. Évidemment, il y a un risque : se diluer, perdre sa direction, tenter d’être tout pour tout le monde. Il ne faut pas confondre s’adapter et simplement ajouter la saveur du mois à ce qu’on offre déjà.
