Mon message aux 25 entrepreneurs de la cohorte Adopte Inc.

Publié le 26/10/2016 à 14:22

Mon message aux 25 entrepreneurs de la cohorte Adopte Inc.

Publié le 26/10/2016 à 14:22

Par Diane Bérard

On connaît maintenant le nom des 25 membres de la première cohorte Adopte Inc. Et, parmi, ceux-ci, le nom des cinq entrepreneurs adoptés personnellement par Éric Boyko, de Stingray (Michèle Bastien, Peppermint Cycling Co., vêtements de cyclisme pour femmes), par Guy Cormier, de Desjardins (Jean-Philippe Carmona, Caboma, design et fabrication pour le secteur aérospatial, médical, pétrolier et plastique), par Pierre Pomerleau, du Groupe Pomerleau (Pascal Chiva-Bernard, ARA-UAS, drones), par Philippe de Gaspé Beaubien III (Nicolas Delfon, Anagraph, outils d’aide à la décision) et par Alain Bouchar (Judith Fetzner, Cook it). Ces 25 entrepreneurs recevront du mentorat et de la formation et ils participeront à des activités de réseautage. Les cinq adoptés recevront aussi un salaire annuel de 24 000$.

Ce que nous apprennent les sites et les pages Facebook des «adoptés»

J’ai visité le site et/ou la page Facebook de chacune de ces 25 entreprises. Je voulais connaître leur secteur d’activité, la feuille de route des fondateurs et la mission qu’ils ont donnée à leur entreprise.

J’ai découvert de belles PME dans des secteurs variés. Du «high tech» aussi bien que du «low tech».

En parcourant les sites, j’ai fouillé du côté des valeurs et de l’impact. Je n’y peux rien, je suis comme ça. J’écris sur les nouvelles formes que prend l’économie. Je m’intéresse à l’économie du mieux. Celle qui concilie les profits, les gens et la planète.

Les observations qui suivent sont tirées de l’information apparente. Celle que j’ai trouvée facilement sur chacune de ces 25 entreprises. C’est-à-dire l’information présentée sur le site et les médias sociaux. Je me suis fiée à ce que les fondateurs veulent que l’on sache d’eux et de leur entreprise. La première impression. J’ai volontairement évité de faire des entrevues.

28% des entreprises de la cohorte on une mission sociale ou environnementale explicite ou affichent une préoccupation sociale claire

Donc, à la suite de cette première impression, je constate que 28% (7/25) des entreprises de la première cohorte Adopte Inc. affichent officiellement une forme de mission sociale ou environnementale. Dans certains cas, cette mission est directement liée à celle de l’entreprise. C’est le cas de Give-a-Seat, Blanc de Gris, le Grand Costumier et Uvolt.

Give-a-Seat permet aux organisateurs d’événements et aux entreprises partenaires de faire don de leurs billets de spectacles invendus. Give-a-Seat revend ces billets à rabais et verse la somme recueillie à un OBNL choisi par le donateur. Give-a-Seat remplit une double mission sociale: financer les OBNL et démocratiser l’accès aux événements sportifs et culturels.

Blanc de Gris, quant à elle, a imaginé un modèle d’affaires qui répond à une mission environnementale. Elle valorise le marc de café, des drêches de microbrasserie (résidu de l’orge qui a servi à la fabrication de la bière) et des copeaux de bois générés localement pour produire des pleurotes. Blanc de Gris s’inscrit dans le mouvement de réduction du gaspillage, des circuits courts, de la production urbaine, de l’élimination du transport entre la ferme et l’assiette.

Le Grand Costumier est une entreprise d’économie sociale créée pour préserver le patrimoine culturel que constitue la collection de costumes de Radio-Canada.

Uvolt commercialise  une montre - dont la production devrait débuter en décembre - qui emmagasine l'énergie propre ( celle produite par le soleil et celle génénée par le corps). Cette énergie peut ensuite être utilisée pour recharger des appareils mobiles.

Les deux entreprises suivantes n’ont pas nécessairement une mission sociale ou environnementale. Toutefois, elles ont inclus des préoccupations sociales - on pourrait aussi dire humanistes - dans leur modèle d’affaires.

Jobmap est une application de recherche d’emplois avec un petit plus. On y trouve aussi des offres pour ceux qui désirent faire du bénévolat. Parce que le bénévolat, c’est aussi du travail. On a l’habitude de compartimenter ces deux univers: on travaille ou on fait du bénévolat. Inclure le bénévolat sur un site de recherche d’emploi témoigne d’une ouverture d’esprit de la part des fondateurs de Jobmap. Cela marquera peut-être le début d’une vision différente de la contribution des bénévoles à la société. Et la prise de conscience que le bénévolat peut être une activité à laquelle on s’adonne pendant que l’on travaille et non uniquement lorsqu’on est à la retraite.

Neos est aussi un site de recherche d’emploi. Sa particularité: il évoque l’importance de travailler pour un employeur qui correspond à nos valeurs. Je ne me souviens pas d’avoir vu pareille vision évoquée aussi directement sur les sites d’emplois classiques. «Neos met en relation des chercheurs d’emplois et des employeurs qui partagent les mêmes valeurs, la même vision du métier et la même culture d’entreprise. Parce que travailler dans un environnement où l’on se sent bien est une priorité.» Neos est futée. Elle mise sur une tendance, soit tout ce qui touche à la «marque employeur». De plus en plus, les entreprises essaient de mettre de l’avant le milieu de vie qu’elles offrent et les valeurs qu’elles véhiculent, au-delà de l’emploi. Mais son positionnement «humaniste» peut avoir le même effet que l’inclusion de bénévolat à l’offre de Jobmap, amorcer une réflexion et peut-être changer des comportements.

Pour terminer, il y a le cas «Poches et fils», cette entreprise vend des t-shirts assortis de poches personnalisées rigolotes. Vous pouvez voir la vidéo ici. Poches et fils a créé, entre autres, une poche qui illustre un auto-examen d’un sein assorti du ruban rose éponyme. Pour chacune de ces poches vendues, 3$ sera remis à la Fondation du cancer du sein du Québec. Le don corporatif n’a rien de nouveau. Mais le fait d’avoir créé un produit sur mesure - mais lié à la mission de l’entreprise - pour cette cause témoigne d’une réflexion plus poussée de la part des entrepreneurs.

Voilà ce que ma première recherche m’a permis de découvrir sur les motivations sociales/environnementales explicites des membres de la cohorte Adopte Inc. Je suis consciente que je n’ai pas accès à la tête et au cœur de ces 25 entrepreneurs. Je me suis fiée au message officiel véhiculé.

Mon message aux 25 entrepreneurs de la cohorte Adopte Inc.

Je sais que vous aurez accès à du mentorat et de la formation de haut niveau. On vous mettra en contact avec des spécialistes de tous les horizons. Alors que vous plancherez sur votre modèle d’affaires et votre plan de croissance, j’espère que vous trouverez aussi le temps - et surtout l’envie - de réfléchir à votre impact extrafinancier. Ultimement, pourquoi vous lancez-vous en affaires? Outre le fait de créer des emplois, que voulez-vous laisser derrière vous?

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